Le cantou est le centre de la vie familiale.
Traditionnellement, les grands-parents sont assis à l’intérieur même du cantou de part et d’autre du feu. Le grand-père est assis sur le coffre à sel nommé « archabanc ». Cette place « d’honneur » est réservée au chef de famille. La grand-mère lui fait face dans un fauteuil. Ainsi installés, au chaud, à l’abri des courants d’air, à proximité d’un pot de café et d’un bol de soupe tenu au chaud, les pieds sur une chaufferette garnie de braises, les aînés se livrent à de nombreuses activités utiles à la famille.
La grand-mère file la laine, brode et tricote. Elle berce le bébé, surveille et distrait les jeunes enfants en leur racontant d’épouvantables histoires de loup-garou et de sorcière. Elle est aussi chargée des repas. Le grand-père, tout en entretenant le feu, fait quelques travaux manuels tel que la vannerie et fabrique de petit objets.
Le soir la famille se rassemble pour la veillée. Les grands-parents ont leur place dans le cantou. Les plus jeunes enfants sont près d’eux. Les autres personnes se placent en arc de cercle autour du cantou. On discute en famille du quotidien, des vendanges, de la foire, des disputes villageoises. On casse la croûte avec du pain, du fromage, de la charcuterie ou des châtaignes grillées.
Les « grandes veillées » réunissent, en plus de la famille, les voisins et les amis. Jusqu’au XIXe siècle, ces veillées sont le principal moment de distraction de la vie paysanne. Les anciens parlent de leur service militaire et des pays lointains qu’ils ont découverts à cette occasion. Si des enfants sont présents, les grands-mères content des histoires où se côtoient riches princesses et pauvres paysans. On boit du vin rouge et de l’eau-de-vie. Il arrive qu’on chante et qu’on danse. Les jeunes apprennent à se connaître et des rapprochements s'ébauchent.