Patrick Boumard, "Célestin Freinet", Paris, PUF, 1996. Henri Peyronie, Célestin Freinet. Pédagogie et émancipation", Paris, Hachette éducation, 1999. Alain Vergnioux, "Cinq études sur Célestin Freinet", Caen, PUC, 2005. (bibliographie complétée le 2 mai 2010)
Freinet met au point une pédagogie originale, basée sur l'expression libre des enfants : texte libre, dessin libre, correspondance interscolaire, imprimerie et journal scolaire, etc., à laquelle son nom restera attaché : la pédagogie Freinet, qui se perpétue de nos jours. Cependant, il faut signaler que la pédagogie Freinet contemporaine est très influencée par le courant de la pédagogie institutionnelle, qui insiste sur le rôle de la parole et du débat, alors que Célestin Freinet pensait avant tout en termes d'organisation du travail et de coopération. Dans certaines techniques Freinet, telles qu'elles sont aujourd'hui pratiquées, on ne retrouve pas la philosophie qui les a inspirées. En revanche, l'école Freinet de Vence s'efforce de préserver l'esprit et les techniques inventées par Freinet. Cette école est dirigée jusqu'en 2009 par Carmen Montès, qui fut choisie en 1975 par Élise Freinet. Élise Freinet fit venir en 1978 Brigitte Konecny, qui pratique la méthode naturelle de lecture au CP.
En France, on a parfois exagéré la nouveauté de son inspiration par ignorance de l'histoire de la pédagogie, en particulier des apports de Dewey ou de la pédagogie suisse. On sait que Freinet avait déjà lu certains textes de Dewey entre 1922 et 1925. On a pourtant construit la légende d'un Freinet qui aurait inventé l'ensemble de la pédagogie nouvelle en s'appuyant sur ses seules expérience et inventivité pédagogiques, ainsi que sur l'observation de la nature, portée par le bon sens paysan. Jacques Bens, gendre de Freinet et lui-même freinetien, a notamment écrit : « Une légende a longtemps couru, dans les milieux de l'éducation, selon laquelle Célestin Freinet aurait été une sorte d'autodidacte, dont les découvertes seraient dues à l'heureuse rencontre d'une observation attentive de la vie rurale, pendant son enfance paysanne, et d'une intuition peu commune » (Introduction aux oeuvres pédagogiques de Célestin Freinet, Seuil, 1994, tome I.) De façon assez complémentaire, d'autres accusent Freinet, à tort, de tous les errements de la pédagogie.
Freinet diffuse sa première innovation, le texte libre imprimé par les enfants eux-mêmes, grâce aux conférences qu'il anime. C'est une sorte d'expression limite de la philosophie des Lumières, qui insiste sur l'autonomie au risque de sous-estimer l'importance de la culture et de l'enracinement historique. En revanche, on peut créditer Freinet de préoccupations écologiques avant la lettre. D'ailleurs, Célestin et Élise Freinet ont conçu leur école, en 1934-1935, comme une « réserve d'enfants » située dans un milieu paysage.
« À l’école Freinet, il faut l’avouer, des grilles il n’y en avait pas. Nous nous sommes engouffrés dans la classe en désordre et en chahut, sans cartables, sans rangs et sans appels. Une école à discipline gentille. Chacun a choisi sa place, je me suis précipité contre la fenêtre où les pins viennent jouer si près de votre joue qu’on se croirait dehors. (…) On ne m’a pas demandé grand chose. Les autres se sont occupés comme s’ils n’avaient jamais quitté la classe, ils se sont organisés par petits groupes pour faire de l’imprimerie, de la gravure et du dessin, ils s’expliquaient les choses comme des artisans. Ils pouvaient parler assez fort. Papa Freinet passait d’un groupe à l’autre avec un bon conseil, il n’avait pas de blouse et comme il était petit on aurait dit une classe sans instituteur avec des enfants qui jouent à être devenus grands. Il n’y avait pas de livres, rien pour trahir les mauvais yeux. »
L'Institut universitaire de formation des maîtres de l'Académie de Nice porte le nom de Célestin Freinet, à la suite d'une proposition du directeur René Lozi et sur vote du Conseil d'administration de l'IUFM.