Condor de Californie - Définition

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Bilan sur la survie de l'espèce

Les données acquises grâce à ces condors confirment, si besoin était, que le plomb de chasse affecte de manière grave et majeure des espèces-clés telles que les charognards. Elles invitent à une réglementation imposant des munitions non toxiques ou moins toxiques (à grenailles, mais aussi balles) ou d'autres modes de chasse (arc, piégeage non vulnérant et mort « propre »). Les 17 condors de la Wilderness Society constituaient en 2002 près de la moitié de la population totale des condors sauvages libres d'Amérique du nord (40 oiseaux fin 2002). Tous ont été élevés en captivité à Los Angeles et à San Diego avant plusieurs mois de réacclimatation à la vie sauvage (à l'âge de 6 mois) au sanctuaire de la Ventana Wilderness Society's. Fin 2002, 202 individus survivaient dans le monde, dont 129 dans les zoos en captivité. Sur 73 Condors réintroduits et survivant dans la nature fin 2002, 40 vivaient en Californie, toujours vulnérables au saturnisme, même dans les zones choisies pour sa réintroduction où le risque était jugé le moins élevé. Cette espèce peut être considérée comme un bioindicateur de l'état de l'environnement et des impacts secondaires du plomb de chasse. Dans d'autres pays, des espèces proches, dont les vautours, en forte régression sur presque toute la planète, seraient également touchés par cette intoxication. Cet oiseau a été sauvé car devenu une espèce phare par sa taille et sa notoriété. Ailleurs, 1 200 espèces aviaires sont encore menacées selon l’UICN et pourraient disparaître au XXIe siècle si rien n’est fait selon BirdLife International. Les cartouches et balles sans plomb sont un des moyens de diminuer le risque, mais les munitions accumulées dans l'environnement resteront longtemps une source d'intoxication des oiseaux et de leurs prédateurs, et, peut-on penser, des consommateurs de certains gibiers.

Difficultés

Les cadavres de baleines et plus encore de cachalots sont très pollués par les métaux lourds, les pesticides et autres polluants bioaccumulés. Ils peuvent être une source de contamination supplémentaire et importante pour les nécrophages qui les consomment. Celui-ci s'est échoué près de Big Sur.

Contamination par le plomb

Beaucoup des oiseaux relâchés en bonne santé après acclimatation sont morts rapidement, presque toujours pour les raisons qui ont récemment conduit au déclin général des populations du condor et d'autres oiseaux : intoxication par le plomb des munitions, et ce, pour les adultes, en dépit d’une offre en alimentation saine.
Quatre des condors réintroduits en Arizona et l’un de ceux du sud de la Californie sont morts de saturnisme aigu en 2001. Et plusieurs autres oiseaux morts et non retrouvés en Californie du nord pourraient aussi être morts de saturnisme.
Depuis 1997, les oiseaux réintroduits sont suivis par des analyses de sang. 13 d’entre eux ont dû subir un traitement médicamenteux continu pour intoxication par le plomb (chélateurs).
Les restes des cadavres de 40 autres des condors relâchés dans la nature ont été trouvés entre 1993 et 2002, victimes de collisions avec des lignes électriques ou mangés par des aigles ou des coyotes, ou après une mort dont les causes sont restées inconnues. Ces restes étant très dégradés, ils n’ont pas fait l’objet d’analyse de plomb, mais il est possible que le plomb soit - au moins pour certains cas - un facteur responsable de leur mort prématurée.

Plombémie et saturnisme

Rappel : la plombémie ne traduit que la contamination récente. Seule une analyse du plomb dans les os et le foie aurait permis d'évaluer l'exposition à une intoxication chronique, mais elle ne peut se faire sans affecter l’intégrité de l’oiseau ou l’exposer à des radiations.

Le plomb est un métal très mou qui s’érode et se solubilise très vite au contact des sucs gastriques lorsqu’il ne s’agit pas de gros morceaux. Le plomb neurotoxique peut paralyser le système digestif puis musculaire des vautours. Or, le plomb n’a été interdit que dans la grenaille et que dans certains pays ou que dans les zones humides. En 2006, le tir à balle de plomb reste la règle pour le grand gibier et le plomb de pêche reste utilisé presque partout (il empoisonne régulièrement les cygnes qui peuvent être consommés par les vautours et condors). Ce plomb reste une des principales menaces pour la survie de l’espèce selon la Ventana Wilderness Society .

Quand un condor présente les symptômes du saturnisme, il est radiographié. Si des restes de balles ou de grenaille de plomb sont visibles dans le gésier, après injections de chélateurs permettant de diminuer l’absorption du plomb et en facilitant l'excrétion, les restes de plomb sont extraits avec l'aide d’un endoscope. Si l'intoxication est grave, l'oiseau est gardé en convalescence au Monterey County SPCA (spécialement créé pour traiter le saturnisme chez l'oiseau) avant d'être relâché et réadapté au vol dans un enclos extérieur dans le Big Sur.

Facteur aggravant d’autres causes de mortalité

Le plomb est source d’anémie. Neurotoxique, il affecte l’intelligence, la vigilance et le comportement des oiseaux, en diminuant leurs réflexes et leur habileté à bien voler. Pour cette raison, les risques de mort par prédation et par collision avec des véhicules (Roadkill) ou avec des câbles électriques ou diverses superstructures (pylônes, antennes, ponts, vitres, etc.) augmentent chez les oiseaux intoxiqués par le plomb. Le plomb est très probablement, chez l’oiseau comme chez l’homme, une source d’échec accru de la reproduction, de diminution de l’immunité et donc de la fitness (démontré expérimentalement chez le canard colvert).

Traiter le problème à la source…

La Wilderness Society a lancé un programme de formation, sensibilisation et action contre le saturnisme aviaire (aigu ou chronique) vers les associations de chasse et de tir, les ranchs privés, les armuriers et magasins de sport, avec distribution de milliers de brochures sur les munitions moins toxiques. En 1999, elle a enfin convaincu plusieurs propriétaires de ranchs de Californie du nord de remplacer leurs balles de plomb par une nouvelle balle moins toxique (tungstène) quand ils doivent tuer du bétail malade ou blessé (remarque : ces animaux pourraient également être endormis et tués sans utilisation de produit toxique ou rémanent, mais l'usage d'armes à feu est un phénomène social particulièrement ancré aux États-Unis).

Petit condor de Californie nourri grâce à une marionnette en forme de tête de condor.

Alimentation de substitution

Une nourriture « propre » et contrôlée est offerte aux condors. Les propriétaires de ranchs locaux sont également invités à offrir leurs veaux mort-nés, jugés a priori « propre » (du point de vue de la teneur en plomb). Pour ne pas accoutumer les condors à l'homme, ces cadavres sont apportés de nuit, emballés dans du plastique à proximité des gîtes. Cependant, les adultes expérimentés partent instinctivement de plus en plus loin pour aller chercher eux-mêmes leur nourriture.

Élimination des sources de risques

La Fondation invite les chasseurs à enterrer profondément les restes et les abats d'animaux tués à la chasse, et de rechercher et achever les animaux blessés, ce qui est par ailleurs recommandé pour des raisons sanitaires (dont par crainte de diffusion de l’encéphalopathie spongiforme à prions (Chronic wasting desease ou CWD) qui se développe chez les cervidés en Amérique du nord ou pour réduire le risque de diffusion d’autres éventuels pathogènes du gibier). Cependant, de nombreux animaux blessés s’enfuient et se cachent soigneusement pour mourir. Leur plomb peut empoisonner les charognards, parfois loin de l’endroit où ils ont été blessés, ou bien plus tard. Enfin, de nombreux charognards ont un odorat assez fin pour exhumer des cadavres insuffisamment enterrés (et enterrer les restes de cadavres dans les lieux rocailleux est difficile). La chasse à l’arc qui se développe se présente comme un moyen de chasser plus « proprement » du point de vue « métaux lourds » et en perturbant moins l'environnement, mais elle n’est encore pratiquée par que par une très petite minorité et nécessite plus d'habileté et de précision qu'avec les armes à feu. De plus, s’il s’avérait que la grenaille est une des origines importantes de ce saturnisme, elle sera biodisponible pendant des décennies et peut-être pendant des siècles dans l’environnement.

Perspectives

Un projet est de faire des analyses isotopiques du plomb pour savoir par exemple si la grenaille ou les balles sont principalement responsables, ou s'il y aurait d'autres sources de plomb. Ce type d’analyse a permis au Canada et chez les Inuits de prouver de manière incontestable la responsabilité du plomb de chasse dans le saturnisme qui affecte les bébés inuits dont les parents ont consommé des oiseaux qui ont eux-mêmes ingéré des billes de plomb de chasse. Cette approche permettrait de tracer l’origine du plomb mesuré dans le sang des condors, et d’en identifier les origines : chasse, pêche, fond géologique naturel, reliquats de plombs provenant de l’essence plombée (interdite aux États-Unis depuis plus de 20 ans) pour réduire efficacement, c'est-à-dire à la source, les apports de plomb à l’environnement.

Enfin, le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, a signé le Ridley-Tree Condor Preservation Act le 13 octobre 2007 qui interdit l'usage de munitions au plomb par les chasseurs dans les zones où vivent les condors de Californie.

Fièvre du Nil

Pour augmenter les chances de survie de l’espèce, en novembre 2002, le zoo de Los Angeles, après avoir testé un nouveau vaccin contre le virus du Nil occidental sur des condors captifs, a décidé de vacciner les condors réintroduits dans la nature, afin de les préserver de cette maladie qui pourrait être un facteur supplémentaire de menace pour cette espèce toujours menacée d’extinction. Le virus de la fièvre du Nil, probablement importé d'Europe et diffusé par les moustiques tue beaucoup d'oiseaux des zoos américains, notamment les buses à queue rousse et les hiboux grands-ducs d'Amérique, qui y ont été décimés.

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