On rencontre cependant d'autres définitions du corps de rupture.
Certains appellent corps de rupture, tout corps dans lequel le polynôme P(X) possède une racine. C'est le cas par exemple de mathématiques.net. Selon cette acception
D'autres appellent corps de rupture d'un polynôme non constant tout corps de degré fini sur K dans lequel P soit scindé. C'est le cas de Lucien Chambadal. On trouve une définition proche de celle-ci dans l'article de l'Encyclopædia Universalis où le corps de rupture d'un polynôme P(X) est le corps engendré par K et l'ensemble des racines de P, c'est une définition proche de celle-ci que l'on rencontre chez François Le Lionnais.
Chez d'autres auteurs enfin, la recherche d'une extension minimale de K contenant une racine de P(X) reste une étape obligée pour la construction d'un corps de décomposition mais celle-ci n'a pas de nom spécifique. C'est le cas, par exemple, chez Bourbaki, chez Langou chez MacLane et Birkhoff.
Existence et unicité — Soit P un polynôme irréductible de degré n sur K, alors il existe un corps de rupture pour P(X) de degré n sur K, unique à un isomorphisme près : c'est le corps K[X]/(P(X)).
Considérons l'anneau L défini par K[X] / (P) le quotient de l'anneau des polynômes à coefficients dans K par l'idéal engendré par P(X). L'application de K dans L qui associe à tout élément de K son polynôme (c'est un polynôme constant) est bien un morphisme.
Par conséquent tout corps engendré par K et une racine de P(X) est un corps de rupture de P(X) de degré n sur K, isomorphe à K[X]/(P(X))
L'irréductibilité du polynôme P est nécessaire pour prouver l'unicité d'une extension minimale contenant une racine du polynôme. Un produit de deux polynômes irréductibles de degrés différents sur K aura deux extension de degré différents sur K, d'après ce qui précède, et donc non isomorphes. Même si les degrés sont les mêmes, les corps ne sont pas forcément isomorphes. Par exemple dans Q[X] (ici Q désigne le corps des nombres rationnels), le polynôme X4 - X2 - 2 = (X2+1)(X2-2) possède deux extensions de corps de dimension minimale contenant une racine de P : Q[i] et Q[√2] Ces deux extensions ne sont pas isomorphes.
La clôture algébrique d'un corps est un sur-corps de K tel que tous les polynômes à coefficients dans le sur-corps soit scindés, c’est-à-dire se décomposent en produit de polynômes du premier degré. Si α est une racine de P(X) dans Ω alors K[α], corps engendré par K et α est un corps de rupture du polynôme. La proposition suivante établit le lien entre le corps de rupture et les sous-corps de la clôture algébrique isomorphes au corps de rupture.
Morphismes de L dans la clôture algébrique de K — Si L est un corps de rupture du polynôme irréductible P(X) et si Ω est la clôture algébrique de K, il existe au plus n morphismes de L dans Ω. Si P(X) est un polynôme séparable, alors il existe exactement n morphismes.
Un polynôme est dit séparable s'il n'admet pas de racine multiple dans Ω (ce qui équivaut à dire qu'il est premier à son polynôme dérivé). C'est souvent le cas pour un polynôme irréductible, c'est toujours vrai sur un corps parfait (par exemple le corps des nombres rationnels, le corps des nombres réels ou tout corps de caractéristique nulle; c'est également le cas des corps finis). Voir l'article sur les extensions séparables pour plus de détails.