Il est indiscutable que la chasse intensive dont fut victime le Courlis esquimau à la fin du XIXe siècle est responsable de son déclin dans une large mesure. Surtout pendant la migration du printemps, on le chassait autant pour le sport que pour la consommation humaine avec une intensité qui n’est pas sans rappeler l’exploitation dont fut également victime la Tourte voyageuse. Il était d’autant plus facile à abattre qu’il avait tendance à former des attroupements importants. Toutefois, un déclin de la population avait été remarqué avant l’exploitation commerciale de l’espèce, ce qui laisse entendre qu’il pourrait avoir d’autres causes que la chasse au déclin observé.
On estime que la destruction de l’habitat dont le courlis avait besoin lors de la migration printanière a probablement contribué à diminuer son taux de survie. Cette destruction s’est fait d’une part par la conversion à grande échelle des prairies pour l’agriculture et les pâturages et d’autre part par la suppression des feux naturels nécessaires au cycle naturel de cet écosystème.
Le déclin des populations de sauterelles dans les prairies, notamment la disparition du Criquet des Montagnes Rocheuses, desquels se nourrissait en bonne partie le Courlis esquimau pendant la migration vers le nord, a sans doute également eu un impact négatif sur sa population. Le déclin des populations de sauterelles fut causé autant par l’expansion de l’agriculture et la suppression des feux naturels que par les pesticides qu’on commençait à utiliser dans le courant du XIXe siècle.
La dépendance du Courlis esquimau à des habitats assez spécifiques pendant la migration printanière, sa capacité d’adaptation relativement faible et son comportement très grégaire on probablement nuit à la récupération de la population suite au déclin.
Si le Courlis esquimau n’est pas encore éteint, sa population ne dépasse probablement pas la centaine d’individus. La population a subi une chute drastique entre les années 1870 et 1890 et il est impossible d’en estimer avec précision la taille avant ce déclin. Certaines estimées de sa population l’évaluent à plusieurs millions, mais ce chiffre est sans doute exagéré. Le comportement très grégaire de cette espèce a probablement contribué à en surévaluer la population par les observateurs de cette époque.
Il est rarement observé au cours de la première moitié du XXe siècle. Entre 1945 et 1985, il est observé 23 années différentes pour un total de 80 individus. La dernière observation fiable date de 1987 au Texas où 4 individus furent rapportés. Des efforts importants ont été déployés en Argentine et en Uruguay en 1992 et 1993 pour trouver des Courlis esquimau, mais ces efforts ne donnèrent aucun résultat.