La dictée est l'opération par laquelle une personne lit ou au moins énonce à haute voix un texte cohérent selon un rythme qui permet à des auditeurs de le copier par écrit. Elle est utilisée en tant qu'exercice scolaire servant à examiner les performances des élèves en matière d'orthographe et de grammaire.
Le maître lit un texte à haute voix, par petits groupes de mots, que les élèves transcrivent au fur et à mesure. Chaque groupe de mots est d'abord lu lentement, en faisant bien sonner les liaisons, puis répété une ou deux fois à débit normal. À la fin, le maître lit une nouvelle fois le texte d'un bout à l'autre et les élèves ont quelques minutes pour se relire et corriger leurs fautes éventuelles. Les transcriptions des élèves sont ensuite corrigées et notées selon un barème de points établi par le maître ou par les instances administratives. Les textes utilisés pour la dictée comportent en général une quinzaine ou une vingtaine de lignes et peuvent être soit tirés d'un livre, soit composés spécialement.
Peu connue dans les pays anglophones, où elle n'a pour équivalent que les exercices et les concours portant sur des listes de mots, la dictée se pratique à une échelle beaucoup plus modérée dans la plupart des pays non francophones. L'une des exceptions est la Corée, où un exercice appelé badasseugi (hangeul : 받아쓰기), identique à la dictée, est utilisé dans les écoles primaires pour faciliter le passage de la langue parlée à la langue écrite.
Particulièrement prisé dans le monde francophone, l'usage de la dictée s'est généralisé en France dans les années 1850, succédant à la cacographie. On voit alors apparaître des recueils de dictées plus ou moins spécialisés selon qu'ils portent sur tel ou tel aspect de la grammaire ou de l'orthographe, ou encore selon le niveau scolaire ou le type d'établissement éducatif auxquels ils sont destinés. La dictée devient une épreuve à part entière dans toutes sortes d'examens et de concours. Avec la colonisation, puis par mimétisme, son usage se répand dans tous les pays où l'on parle et écrit le français. De par la place qu'on lui accorde dans les programmes d'éducation et de par les vertus ou les tourments que tour à tour on lui impute, elle devient un symbole de la scolarité et figure à ce titre dans nombre d'œuvres littéraires.
Devenue passe-temps pour adultes à la cour de Napoléon III, la dictée se corse de « pièges » orthographiques : mots rares ou obsolètes, règles de grammaire abstruses ou comportant des exceptions peu connues. Le modèle du genre est la célèbre dictée de Mérimée, commandée à l'écrivain par l'impératrice Eugénie en 1857. Dans la France des années 1980, ce type de dictée est remis au goût du jour par Bernard Pivot et fait l'objet par la suite de championnats organisés dans de nombreux pays francophones.