École du service de santé des armées de Bordeaux - Définition

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Les menaces des années 1980

En 1971, le gouvernement décida de réorganiser les services de santé militaires. Il fut créé une seule « École du Service de Santé des Armées », divisée en deux établissements situés à Bordeaux et à Lyon, avec des statuts et un fonctionnement identiques. Il fut ensuite question de transférer l’Ecole du cours de la Marne à la périphérie de la ville, à Mérignac ; le projet, trop coûteux, fut abandonné en 1981. Plus grave fut à cette époque, M. Barre étant Premier Ministre, l’annonce de la disparition de l’Ecole de Bordeaux et le maintien d’une seule école, celle de Lyon : les manifestations des Bordelais, très attachés à leur « Santé Navale » et l’intervention de Jacques Chaban-Delmas amenèrent le nouveau gouvernement à annuler cette décision en juillet 1982. L'École de Bordeaux put donc poursuivre sereinement sa mission de formation des jeunes médecins militaires.

L'oeuvre coloniale

La guerre de 1914-18 interrompt ces douces années de la genèse. Les élèves rejoignent leurs Anciens dans leurs postes sur mer ou au sein des régiments des troupes coloniales et de fusiliers marins tandis que l'Ecole accueille un hôpital. Au sortir du conflit, 76 Navalais manquent à l'appel, les survivants peuvent s'enorgueillir de 350 citations et 13 Légions d'Honneur.

L’expansion reprend à partir de 1925 et l’Afrique est désormais la principale destination des jeunes médecins : en 1938, on compte 165 « médecins et pharmaciens militaires coloniaux » en A.O.F. et 86 en A.E.F. ; la plupart appartiennent aux troupes de marine et sont passés par l’École de Bordeaux. Ils organisent une lutte systématique contre les grandes endémies, la maladie du sommeil pour laquelle il faut traiter des centaines de milliers de malades en quelques décennies, l’onchocercose, la « cécité des rivières » détectée systématiquement par les « capitaines moustique », la peste à Madagascar, la lèpre à Bamako, la fièvre jaune à Dakar. Ils créent des Écoles de Médecine à Dakar et à Tananarive.

1939, de nouveau la guerre. L’École se replie à Montpellier et ne retrouve Bordeaux qu'en 1943, ses locaux à la Libération. Les pertes sont lourdes : 66 Navalais ou anciens Navalais sont morts au champ d’honneur en 1939-45 et 36 autres perdent la vie dans les guerres d’Indochine et d’Algérie.

En Afrique Noire, ces « militaires travaillant le plus souvent dans des structures civiles de santé » poursuivent leur œuvre. Des Facultés de Médecine sont créées à Dakar en 1949, à Abidjan en 1963 et, sauf en Guinée, l’indépendance n’entrave pas la poursuite de leur activité. En 1978, le Président Houphouët-Boigny, médecin formé à Dakar, écrit : « Je garde une indéfectible reconnaissance à l’Ecole de Médecine de Dakar et à ses maîtres qui étaient… des Officiers du Service de Santé d’Outre-mer qui ont œuvré avec tant de courage et de dévouement au service des populations d’Afrique Noire ».

Pour maintenir la cohérence des actions entreprises malgré le morcellement des nouveaux États indépendants, des organisations inter-étatiques furent créées, l’OCCGE à Bobo-Dioulasso dès 1960, l’OCEAC à Yaoundé en 1965, sous l’impulsion de deux anciens Navalais, Richet et Labusquière. Dans les années 1970, 10 nouvelles écoles de médecine sont créées avec l’aide de médecins navalais, qui progressivement ont été relayés par des médecins africains. En janvier 1990, 330 officiers français du Service de Santé, pour la plupart des Navalais, étaient en poste outre-mer. Il n’y en a plus guère en brousse et leur action se fait sentir surtout dans les grands hôpitaux et l’enseignement universitaire, en Afrique Noire, mais aussi à Antananarivo, à Pondichery, dans les DOM-TOM.

Au bilan, outre l'éradication de nombreux foyers endémiques, les navalais du corps de santé colonial furent à l'origine de la création de 14 Instituts Pasteur, 2 facultés et 4 écoles de médecine, 24 écoles d'infirmiers et de sages-femmes et des centaines d'hôpitaux

« Y a-t-il au monde plus petite équipe d'hommes ayant rendu plus de services à l'humanité souffrante ? Y a-t-il au monde œuvre plus désintéressée, plus obscure, ayant obtenu de si éclatants résultats et qui soit pourtant ignorée, aussi peu glorifiée, aussi peu récompensée ? Qui peut prétendre avoir fait mieux, où, quand et comment ? »

— Professeur Maurice Payet, premier doyen civil de la Faculté mixte de médecine et de pharmacie de Dakar

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