Le général La Motte fut accusé de charlatanisme et fut l'objet de vives critiques, de son vivant et après sa mort. Julien Offray de La Mettrie, chirurgien-major et médecin des gardes françaises fait une allusion ironique au général en 1762 dans sa comédie Les charlatans démasqués :
« Muscadin : - Sabrer ainsi son Patron ! Le mauvais cœur ! Mais j'ai ici sa punition en poche ; c'est unephiole de goutes du Général la Motte, dont j'ai moi seul le Secret, il faut que je lui en fasse avaler une pinte : il aura bien le Diable au corps s'il ne crève d'un remède, qui, à petite dose, a tué tant de mes Malades. Mais je sens déjà que ma bile irritée fait mousser ma gravité, je crains l'érétisme des nerfs & l'atéaxie des esprits animaux. »
Dans un ouvrage de vulgarisation scientifique publié en 1778, Ozanam écrit, à propos de l'« or potable » :
« On voit par-là que si les gouttes du général Lamotte n'étaient pas fort utiles pour la santé, elles étaient fort utiles pour sa bourse ; car un pareil gain peut être qualifié de monstrueux. Que ne fait pas chez les hommes le charlatanisme , quand il a pour base l'ignorance & l'amour de la vie ! »
— Jac Ozanam - 1778
Pierre-François Guyot Desfontaines en 1741 en explique la raison : c'est parce que les remèdes secrets n'avaient pas été révélés à la Faculté de médecine de Paris et soumis à son examen, que leurs auteurs étaient déconsidérés et traités de charlatans : mais l'élixir de Garus et les Gouttes du Général La Motte auraient ensuite fait leur preuve. Il est certain que ce produit fit la fortune du Général La Motte et de son épouse.
Pour répondre à ces accusations de charlatanisme, le général rédige une notice et fait approuver ses gouttes par les plus grands médecins.
À l'époque où la vente des gouttes du général La Motte était assurée par sa veuve, Mme Calsabigi, le chansonnier Gabriel-Charles de Lattaignant a composé le couplet suivant :
« Madame La Générale La Mothe, Aujourd'hui Madame de Calsabigi, sur ses gouttes d'or. Ce couplet fut fait à table chez Madame de Calsabigi où étoit Madame Sabatin.Sur l'air : Du Cap de bonne Espérance,
Mon aimable Générale,
De l'aimable Sabatin. »
Quoique de vos gouttes d'or,
La vertu soit sans égale ;
Je sais quelque chose encor,
D'un beaucoup plus grand mérite ;
Que cela ne vous irrite ;
C'est un seul regard divin,
— Abbé de l'Attaignant
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Ce même chansonnier écrivit un autre poème pour vanter les vertus de l'élixir d'or de Madame de la Motte, l'assimilant en fait malicieusement à l'élixir de jeunesse : « Votre Elixir est admirable : II ressuscite, il rajeunit/ L'infirme le plus incurable / Le vieillard le plus décrepit. /La Cour elle-même y souscrit/ Par un Privilège honorable... »
Madame de la Motte fit imprimer chez Jorry un livret explicatif de 150 pages (une sorte de posologie ) sur la dose, les effets et les propriétés des deux élixirs, accompagné de certificats des médecins et chirurgiens célèbres.
1793 sonne le glas des Gouttes d'or : « Depuis que l'or est devenu l'idole de la société, la secte alchimiste a épuisé toute sa science, mais inutilement, à faire avec ce métal la panacée ou la médecine universelle [...] et lui donner des propriétés qu'elle n'avait pas. De là sont venues toutes les prétendues dissolutions radicales de l'or, les laineuses teintures, les élixirs, les ors potables, &c. Mais, si ces compositions ont quelques vertus, on doit les attribuer uniquement aux substances qu'on ajoute à l'or pour le dissoudre, et non à ce métal qui ne peut souffrir la moindre altération. [...] Il peut même n'être administré que sous une forme qui en rend l'usage extrêmement dangereux [...] Nous pensons que les gouttes d'or du général de la Motte n'ont point les vertus que le charlatanisme et la crédulité leur avoient attribuées et que cette préparation, ainsi que toute autre pareille, ne doit point faire partie des instrumens employés par les médecins instruits et honnêtes pour combattre les maladies » ( Félix Vicq d'Azyr , Jean Le Rond d'Alembert).
Au XIXe siècle, Victor Hugo fait une allusion critique à la teinture de Bestucheff dans Les Misérables :
« Aux yeux de M. Gillenormand, Catherine II avait réparé le crime du partage de la Pologne en achetant pour trois mille roubles le secret de l'élixir d'or à Bestuchef. Là-dessus, il s'animait : — L'élixir d'or, s'écriait-il, la teinture jaune de Bestuchef, les gouttes du général Lamotte, c'était au dix-huitième siècle, à un louis le flacon d'une demionce, le grand remède aux catastrophes de l'amour, la panacée contre Vénus. Louis XV en envoyait deux cents flacons au pape.—On l'eût fort exaspéré et mis hors des gonds si on lui eût dit que l'élixir d'or n'est autre chose que le perchlorure de fer. »
— Victor Hugo, Les Misérables
Il convient enfin de signaler que la réaction photochimique qui décolorait la deuxième version de sa teinture d'or (celle contenant du perchlorure de fer) à la lumière avait été remarquée par le comte Bestoujev. C'est la raison pour laquelle Chicandar, en 1909, le place parmi les précurseurs de la photographie. En effet, selon J.L. Marignier, Niépce aurait tiré parti pour son invention des travaux de Klaproth qui en 1782 étudiait ces réactions.