Facteurs d'émergence de la grippe aviaire - Définition

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Résurgence de virus anciens

Depuis leur apparition, des virus humains de sous-type A(H3N2) ont pu être isolés chez le porc (qui possède à la fois les récepteurs du virus aviaire et ceux du virus humain).

La transmission aux porcs de virus humains et la circulation au sein de cette espèce de virus humains A(H1N1) et A(H3N2) est un phénomène permanent et établi.

En plus du rôle de creuset de recombinaison, du rôle de maillon de transmission interspécifique, l'espèce porcine est peut-être aussi un réservoir ou “ conservatoire ” de virus humains (Des expériences ont même suggéré une transmission verticale, c'est-à-dire de l'adulte à sa progéniture, chez le porc)

La réémergence éventuelle de virus humains disparus depuis longtemps, à partir d'un tel « réservoir » pourrait faciliter la diffusion de virus contre lesquels tout ou partie de l'humanité serait dépourvue d'immunité humorale.

Exemple

Les antigènes de surface (H et N) des virus hybrides humains-aviaires isolés en 1993 chez deux enfants néerlandais étaient antigéniquement proches du variant humain A/Victoria/3/75(H3N2) qui n'avait plus circulé dans les populations humaines depuis 18 ans. Aujourd'hui, si ce virus réapparaissait, le système immunitaire des jeunes de moins de 25 ans ne le reconnaîtrait pas et les gens plus âgées qui auraient été infectés par ce variant il y a 25 ans n'auraient qu'une immunité résiduelle faible contre lui.

Impasses

Un virus nouveau peut échouer à une implantation durable et ne pas produire une forte épizootie ni initier une épidémie.

Exemple 

Une étude de 1994, relate l'infection de 2 enfants aux Pays-Bas par des virus porcins.

Ces derniers qui ont été analysés sur le plan antigénique résultaient du réassortiment entre des virus humains dont ils portaient les antigènes de surface H3 et N2 et des virus aviaires dont ils contenaient toutes les autres protéines. La transmission à ces 2 enfants des virus hybrides n'a pas été suivie d'épidémie sans doute pour deux raisons liées à la combinaison et à la nature des différents gènes qui constituaient ces virus :

  1. les antigènes de surface appartenaient à des types moléculaires qui avaient déjà circulé chez l'homme,
  2. les gènes qui portent d'important déterminants d'adaptation à l'espèce hôte étaient d'origine aviaire et entraînaient une moins bonne compatibilité chez l'homme.

La grippe dite « du poulet » à Hong Kong en 1997 a échoué à provoquer la pandémie redoutée car :

  • les virus aviaires A(H5N1) passés directement des poulets vivants à l'homme étaient purement aviaires et peu adaptés à l'homme.
  • Seule la proximité avec des sources très contaminantes (volailles vivantes infectées) semblaient capables d'infecter des hommes. Les hommes étant incapables de se contaminer entre eux.
  • Les virus A(H5N1) n'ont ainsi pas encore réussi leur implantation massive chez l'homme et en 1997 la suppression de la source principale de virus (la volaille) a permis de faire disparaître le danger. Ce sont les marchés de volailles vivantes qui étaient la source essentielle du risque, en tant que premier maillon de transmission interspécifique.

Cet exemple montre l'importance des comportements non pharmaceutiques, socioculturels, dans la transmission d'un virus alors inconnu à partir d'une espèce animale.

Qualité et pertinence du suivi épidémiologique

La stratégie mondiale de lutte contre les zoonoses, cadrée par la Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'FAO et l'OIE, sous l'égide de l'ONU s'appuie notamment sur une veille mondiale basée sur la déclaration obligatoire de certaines maladies et le contrôle des zoonoses lorsqu'elles émergent.

Mais dans le cas de la grippe ;

  1. tous les pays ne déclarent pas leurs cas,
  2. et notamment dans l'Union européenne, la déclaration et le contrôle ne sont obligatoires que pour les sous-types Hautement pathogènes avérés, ce qui ne permet pas le suivi de variations éventuellement préoccupantes au sein de la population réelle de virus ni donc d'analyse prospective du risque écoépidémiologique. Ne faudrait-il pas également suivre et déclarer les virus IAFP ?.. pour éviter tout risque de mutation vers un virus IAHP. L'OIE le recommande depuis 2005 au moins pour les types type H7Nx et H5Nx. Une étude récente qui a duré quatre ans dans le nord de l'Europe a montré que les souches de virus IAFP hébergées par de nombreux canards colvert (Anas platyrhynchos) étaient génétiquement très proches des souches IAHP ayant sévi en Italie en 1999 et aux Pays-Bas en 2003.

Le groupe scientifique AHAW de l'EFSA a recommandé dans un avis de septembre 2005 que les souches faiblement pathogènes (LPAI) des sous-types H5 et H7 qui ont montré leur capacité à muter pour produire des souches hautement pathogènes soient maintenant intégrées dans la législation européenne, afin que soient prises des mesures de contrôle appropriées. Il faut développer "des systèmes de prévention précoces pour une détection précoce du LPAI (virus faiblement pathogène);
texte complet de l'avis de l'EFSA : http://www.efsa.eu.int/science/afc/afc_opinions/1127_fr.html

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