HAL 9000 - Définition

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L'informatique des années soixante et spéculations

Ce n'est pas uniquement par la célébrité du film de Stanley Kubrick que l'ordinateur HAL 9000 est passé à la postérité, mais aussi par la précision et le sérieux avec lequel les conseillers techniques du film ont imaginé cette « speculative fiction ».

À l'époque où le scénario a été conçu (vers 1965-1967) par Kubrick et Clarke, la direction que semblaient prendre les progrès en matière de « cerveaux électroniques » (selon la terminologie de l'époque) rendait cette anticipation très crédible. En effet, les calculateurs centraux déjà en usage dans les banques, les compagnies d'assurances, les administrations, etc., l'observation des recherches en cours dans le domaine de l'intelligence artificielle, et enfin les moyens de calcul croissants exigés par la conquête de l'espace balbutiante faisaient inévitablement imaginer les systèmes intelligents de l'avenir comme de grosses unités centrales (mainframes) gérant en étoile de multiples périphériques (des terminaux).

Kubrick et ses conseillers scientifiques voulaient une anticipation vraisemblable, donc bien documentée. Or, en 1968, le microprocesseur n'existait pas, les souris et les interfaces graphiques étaient encore dans les cartons de Douglas Engelbart (pour n'en sortir que quelques années plus tard), l'informatique restait lourde et encombrante (les dits « mini » ordinateurs faisaient la taille d'une armoire) et le modèle le plus célèbre de l'époque, l'IBM 360 (dont le design de HAL est, à l'évidence, inspiré,ainsi que son nom : H, A et L précédent respectivement I, B et M dans l'alphabet) occupait une large pièce.

Kubrick et Clarke ne purent donc imaginer autre chose qu'un grand système omnipotent, qu'ils dotèrent de ce que les progrès de l'époque laissaient croire proches : la synthèse et la reconnaissance vocales parfaites, une reconnaissance visuelle, une interface homme-machine naturelle, des unités d'entrée extrêmement souples et, surtout, une émulation du raisonnement humain aussi fidèle que possible à son modèle.

Quarante ans plus tard, l'intérieur de ce qui est supposé être l'unité centrale de stockage et de calcul, ces alignements rougeâtres de blocs mémoire (Logic Memory Center) ainsi que les circuits censés gérer les opérations émulant l'intelligence (ces blocs transparents si impressionnants) que l'astronaute David Bowman (Keir Dullea) déconnecte, surprennent par leur énorme encombrement. Par ailleurs, les grosses machines centralisées sont devenues minoritaires, HAL représentant à ce point de vue le parfait contraire des architectures en réseau modernes, telles que l'Internet. Néanmoins, le stockage holographique proposé pour HAL (ce point est confirmé dans le roman 2010, Odyssée deux) est, sinon dans la forme, néanmoins sur le principe, régulièrement annoncé comme une évolution prochaine des systèmes de mémoire de masse. Sur ce point, Kubrick et Clarke avaient été bien renseignés et il semble que leur prédiction ne soit pas loin de se réaliser.

Enfin bien des prouesses de HAL, compatibles avec le test de Turing, sont largement hors de portée des ordinateurs d'aujourd'hui (parler couramment, faire preuve de psychologie, reconnaître un visage d'après un dessin).

D'un point de vue cinématographique, Kubrick a rendu le « personnage » plus marquant encore par quelques trouvailles géniales, prenant le contrepied des clichés de l'époque. Ainsi, au lieu de donner au calculateur une voix synthétique inhumaine (à l'époque les exemples ne manquaient pas : Le Cerveau d'acier (1970), ou encore les Daleks de Doctor Who), il fit le pari risqué de lui donner celle d'un acteur shakespearien, Douglas Rain (la voix française était celle de François Chaumette). Les terminaux rouges disposés en tous les points névralgiques du vaisseau spatial, observant les astronautes constamment, font inévitablement penser aux « télécrans » du 1984 d'Orwell, renforçant l'un des messages du film, à savoir la menace de la technique dévorante.

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