Histoire de la pensée évolutionniste - Définition

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Le XXe siècle: La théorie synthétique de l'évolution

La découverte des mécanismes de l'hérédité

À la fin du XIXe siècle, le moine autrichien Gregor Mendel découvre les lois de la génétique avec ses expériences sur les pois. En proposant un mécanisme pour l'hérédité, c'est-à-dire la transmission (au moins partielle) des caractères d'un individu à ses descendants. Toutefois, ses travaux ne seront pas diffusés et les découvertes de Mendel seront oubliées jusqu'à ce que des biologistes (Hugo de Vries, Carl Correns et Erich von Tschermak) au début du XXe siècle, les redécouvrent. Les lois de l'hérédité mendélienne apportent alors un soutien crucial aux idées de Darwin.

La théorie de la récapitulation

Selon la théorie de la récapitulation, dont la formulation est due à Ernst Haeckel (début du XXe siècle), chaque être vivant, au cours de son développement, récapitulerait l'histoire évolutive de son groupe. La « série des embryons » et la « série des ancêtres », qui aboutissent toutes deux au même individu, devraient être identiques. Sans être totalement fausse, cette théorie n'est que partiellement exacte et n'est justifiée par aucun mécanisme évolutif reconnu. Au contraire même, la néoténie (arrêt prématuré du développement maintenant des caractéristiques juvéniles chez l'adulte) est un processus évolutif fréquent, que l'on retrouve jusque chez les primates ; on admet par exemple que l'être humain ressemble plus à un jeune chimpanzé qu'à un singe adulte. Aldous Huxley a utilisé cette observation dans son roman Jouvence.

En 1910, le biologiste de Vries découvre les mutations génétiques. Ces modifications aléatoires du code génétique permettent d'expliquer la variabilité naturelle des caractères individuels, terrain sur lequel se fait la sélection darwinienne. Tout au long du XXe siècle, la génétique émergente viendra étayer les idées de Darwin. Dans les années 1930, des biologistes comme Thomas Hunt Morgan font beaucoup progresser la génétique, notamment grâce à l'étude des chromosomes de la mouche drosophile.

Ces mêmes années, le statisticien et généticien Ronald Fisher apporte d'importants développement mathématiques à la théorie de l'évolution en lien avec les mécanismes de sélection naturelle mais surtout sexuelle fournissant par exemple une explication au fait que les membres des deux sexes, mâles et femelles, sont aussi nombreux dans la plupart des espèces. Les résultats de Fisher donneront naissance à ce qu'on appellera la génétique des populations.

La naissance de la théorie synthétique de l'évolution

Dans les années 1940, quelques pionniers (Theodosius Dobzhansky, Ernst Mayr, George Gaylord Simpson et Julian Huxley) fondent la théorie synthétique de l'évolution (TSE). Comme son nom l'indique, celle-ci est destinée à synthétiser et à englober dans une vision d'ensemble les données accumulées séparément par la génétique, la biologie et la paléontologie.
Simultanément, un embryologiste autrichien, Richard Goldschmidt, propose sa théorie du monstre prometteur.

Développements de la théorie depuis les années 1950

Au cours des années 1960, William Hamilton poursuivra les travaux de Fisher. Il contribuera par exemple à la théorie de la reine rouge expliquant l'avantage de la reproduction sexuée en ce qu'elle permet de résister de façon plus efficace aux parasites.

En 1975, le biologiste Amotz Zahavi formulera le principe du handicap qui permet d'expliquer certaines formes impressionnantes de dimorphisme sexuel. Ce principe explique le fait que dans certaines espèces les mâles (en général) présentent des caractères exubérants car ce faisant ils montrent qu'ils sont capable de survivre malgré le handicap qu'inflige une telle exubérance (ils sont par exemple plus visibles des prédateurs). Les femelles ont donc intérêt à choisir pour leur progéniture un père qui a le handicap le plus fort et qui est donc le plus capable de dépasser ce handicap.

Au cours des années 1980, la théorie darwinienne se verra développée sous l'angle mathématique et statistique par des biologistes comme John Maynard Smith. Ce dernier s'inspirant de la théorie des jeux développée par le mathématicien John Nash, introduira le concept de stratégie évolutionnairement stable qui désigne le fait que lorsque plusieurs populations sont en compétition, celles qui dominent les autres vont se répandre tandis que celles qui sont dominées vont disparaitre.

Maynard Smith collaborera aussi avec le biochimiste Eörs Szathmáry dans un travail de synthèse sur les transitions majeurs dans l'histoire de la vie intitulé comme l'apparition du code génétique, des eucaryotes, des êtres multicellulaires, ou encore l'apparition des sociétés humaines.

L'étude de l'évolution aujourd'hui

Enfin, en privilégiant l'approche simultanée des organismes, certains auteurs comme Leigh Van Valen, William Rice ou encore en France le biologiste Thierry Lodé insistent sur les processus de coévolution et réfutent certains points de la théorie néodarwinienne. Dans sa théorie de la reine rouge, Van Valen postule que l'évolution résulte des interactions entre organismes et se poursuit perpétuellement, tandis que les théories du conflit de Rice et Lodé proposent que l'évolution résulte principalement des interactions antagonistes, et notamment du conflit sexuel.

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