Jules Isaac - Définition

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Introduction

Jules Isaac est un historien français, né le 18 novembre 1877 à Rennes et décédé en 1963 à Aix-en-Provence. Il est l'auteur de célèbres manuels d'histoire, usuellement appelés « Malet et Isaac », et est un pionnier des Amitiés judéo-chrétiennes.

Il naît à Rennes, où réside alors son père, militaire de carrière, Juif alsacien ayant opté pour la France en 1871. À treize ans, il perd ses deux parents à quelques mois d’intervalle, et devient interne au lycée Lakanal à Sceaux. À l'âge de vingt ans, il fait la connaissance de Charles Péguy ; c'est le début d'une longue amitié, marquée en particulier par la création des Cahiers de la Quinzaine. Avec Péguy, Isaac s'engage dans le camp dreyfusard.

Professeur, auteur et militant

Il est reçu à l'agrégation d'histoire, en 1902, année de son mariage avec Laure Ettinghausen. Il enseigne à Nice, puis à Sens. Il est introduit par Ernest Lavisse chez Hachette, qui publie la collection de manuels d'histoire d'Albert Malet. Isaac est d'abord chargé de rédiger des aide-mémoire pour le baccalauréat. Nommé professeur au lycée Louis-le-Grand, puis au lycée Saint-Louis, il étend sa collaboration à des manuels pour l'enseignement primaire supérieur également issus de la collection Malet.

Albert Malet meurt au front en 1915, et Jules Isaac rédige seul la nouvelle mouture imposée par de nouveaux programmes. Mais le nom de Malet reste associé au nom de la collection. Membre de la Ligue des droits de l'homme et du citoyen, puis du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, Jules Isaac s'engage en faveur d'une meilleure compréhension entre Français et Allemands, et milite en particulier pour une révision des manuels scolaires. En 1936, il est nommé inspecteur général de l'Instruction publique.

Àgé de 63 ans en 1940, il est révoqué en vertu du statut discriminatoire des Juifs pris par le gouvernement de Vichy. « Il n'était pas admissible, déclare le ministre de l'éducation et académicien Abel Bonnard le 13 novembre 1942 dans le journal Gringoire, que l'histoire de France soit enseignée aux jeunes Français par un Isaac. » Il se réfugia en zone libre d'abord à Aix-en-Provence, puis lorsque les Allemands envahirent le Midi en 1942, il s'établit à Chambon-sur-Lignon chez son fils aîné Daniel qui ne tarda pas à partir pour l'Espagne. Il s'installa alors à Riom, près de sa fille et de son gendre qui travaillait au Central de l'Agence Havas à Vichy. Impliqués dans un réseau de résistance, ces derniers furent arrêtés, ainsi que sa femme et son fils cadet Jean-Claude, par la Gestapo à Riom le 7 octobre 1943, puis déportés par les Allemands à Drancy puis à Auschwitz où ils furent tous tués, excepté son fils qui réussit à s'échapper d'un camp en Allemagne. En 1945, Jules Isaac est rétabli dans ses droits comme inspecteur général honoraire.

Œuvres principales

  • Jésus et Israël, 1948.
  • Genèse de l'antisémitisme, 1956.
  • L'Enseignement du mépris, 1962.

Les Amitiés judéo-chrétiennes

Jules Isaac consacre alors une grande partie de ses efforts à la recherche des causes de l'antisémitisme. Il publie Jésus et Israël, rédigé pendant la guerre, puis inspire la Charte de Seelisberg. Cofondateur, avec entre autres Edmond Fleg, et actif animateur des Amitiés judéo-chrétiennes en 1947, il s'emploie à combattre en particulier les racines chrétiennes du mal qui, si elles ne sont pas les seules, lui paraissent les plus profondes et encore vivaces dans la seconde moitié du XXe siècle. Son idée essentielle est de mettre en valeur la nature profondément juive du christianisme primitif. Il participe à la conférence judéo-chrétienne de Seelisberg où il propose avec le grand rabbin Kaplan dix-huit points de redressement de l'enseignement chrétien concernant Israël.

Jules Isaac ne cesse de lutter contre ce qu'il appelle : l'enseignement du mépris. Il dénonce les siècles de catéchèse qui ont persuadé les chrétiens de la perfidie juive et de son caractère satanique, soulignant le lien entre les pratiques de l'antisémitisme chrétien et le système hitlérien. En 1949, il intervient auprès du pape Pie XII pour que l'on révise la prière du Vendredi saint, pro perfidis judoeis, mentions offensantes pour les Juifs (voir l'article Oremus et pro perfidis Judaeis). Ce sera fait en 1959 par Jean XXIII, avant même que le concile Vatican II ne soit convoqué. Ce geste fut le point de départ d'une amitié avec Jean XXIII qui eut de l'influence dans la rédaction de la déclaration sur les religions non-chrétiennes Nostra Ætate, approuvée en 1965 par le concile Vatican II.

« Le 6 janvier 1956, à l'hôtel Lutetia, là où quelques années auparavant les survivants des camps d'extermination achevaient leur sinistre voyage, où les familles guettaient la moindre nouvelle des déportés, le Mouvement contre l'antisémitisme, le racisme et pour la paix (MRAP) décerne à Jules Isaac le prix de la fraternité. [...] Le MRAP reconnait ainsi le grand retentissement de Jésus et Israël et de Genèse de l'antisémitisme. »

Il s'éteint à Aix-en-Provence en 1963.

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