La kersantite, ou pierre de Kersanton, est une roche magmatique filonienne, de composition proche du granite, et présentant un intérêt certain pour la sculpture, car elle allie la facilité à être sculptée à la résistance au temps et aux intempéries.
La kersantite tire son nom du hameau de Kersanton (commune de Loperhet) situé à proximité de la rade de Brest, à environ 15 km au sud-est de la ville de Brest. La carrière du Rhunvras, à L'Hôpital-Camfrout exploite aussi cette roche.
C'est, en première analyse, la seule pierre dont le nom officiel soit directement issu d'un toponyme de Bretagne. Roche unique au monde, elle fait partie intégrante du patrimoine géologique mondial.
La kersantite fait partie des lamprophyres. Les lamprophyres sont des roches magmatiques subvolcaniques (c'est-à-dire formées par l'activité volcanique, mais n'ayant pas subi l'éruption). En conséquence elles se trouvent en filons et ont un grain très fin. Elles sont en général de couleur sombre (roches mélanocrates) à moyenne (roches mésocrates).
"La Kersantite est souvent assimilée, à tort, aux granites avec lesquels elle ne présente en fait de commun que l'origine profonde. C'est une roche magmatique qui résulte de la fusion partielle des matériaux dans les profondeurs de l'écorce terrestre (30 à 50 Km). Les masses fondues, mois denses que leur environnement, vont être chassées vers le haut, c'est le phénomène de l'intrusion (roches intrusives). Le magma achevant sa cristallisation (plus ou moins rapidement) et se refroidissant progressivement sans atteindre la surface. Ces roches sont observables maintenant car l'érosion a dégagé plusieurs milliers de mètres de couverture".
Plus particulièrement la kersantite fait partie des lamprophyres calco-alcalins. La composition typique de la kersantite est la suivante :
L'histoire du Kersanton est intimement liée à celle du patrimoine religieux breton. Pour Dany Sanquer, propriétaire de la carrière du Rhunvras, "cette roche est tendre et dure à la fois, très agréable à travailler, son grain fin et serré en fait une formidable matière." Les carrières de L'Hôpital-Camfrout et celles de la point du Château à Logonna-Daoulas, de Rosmellec à Daoulas et de Kersanton à Loperhet ont fourni une part non négligeable de la matière d'oeuvre de la statuaire bretonne. Les premières utilisations remontent à l'ouverture du chantier de l'abbaye de Daoulas (1167-1179) et l'utilisation du Kersanton prend son essor au 14ème siècle avec le chantier ducal de la collégiale du Folgoët. C'est la pierre de prédilection des plus grands sculpteurs de la région (Roland Doré et Julien Ozanne). Parmi toutes les constructions et sculptures, citons les églises de Rumengol, de L'Hôpital-Camfrout, de Lampaul-Guimiliau, les ossuaires de Saint-Herbot, de Sizun, une partie du calvaire de Plougastel-Daoulas, les phares d'Eckmül, de l'île Vierge, du Créac'h, de Kereon. Utilisation moins pacifique, le Kersanton a servi aussi à la fabrication des boulets de canon. Avant guerre, 450 ouvriers travaillaient la pierre dans 6 carrières de L'Hopital-Camfrout et de Logonna-Daoulas. Il y a un siècle, ils étaient un millier. La dernière carrière, celle de Dany Sanquer, a cessé de fonctionner en 1987.