Le lycée César Baggio, du nom de la personne qui a permis sa fondation, est un lycée technique de la ville de Lille situé dans le quartier de Moulins.
Ce n'est que trois ans après la mort de César Baggio, que le projet de création d'une école pratique d'industrie est repris par la municipalité du maire socialiste Gustave Delory. Charles Debierre, maire adjoint à l'Instruction publique, propose la création d'une école, à l'image de celles de Paris : les écoles Diderot (1872), École Boulle (1886) et École Estienne (1886). Les buts sont simples : lutter contre l'apprentissage, qui se résume souvent à une surexploitation des enfants et donner une qualification professionnelle aux fils de la classe ouvrière.
En août 1898, le ministère du Commerce et de l'Industrie autorise la création de l'école, qui ouvre un an plus tard le 2 octobre 1899. Le 15 octobre le ministre du Travail Alexandre Millerand inaugure les locaux de la rue Racine, qui abrite aujourd'hui la mairie annexe du quartier de Wazemmes.
27 élèves sont inscrits en 1899. Trois sections sont ouvertes : le bois, le fer et le livre pour former à 12 professions : forge, ajustage, tours sur métaux, menuiserie, ébénisterie, typographie, lithographie, gravure, photographie, phototypie, électricité et mécanique industrielles sont enseignés à l'école Baggio. Le bâtiment est le premier établissement scolaire lillois à être équipé de l'éclairage électrique dès août 1899. Victor Bertrand, licencié ès sciences physiques et mathématiques, est le premier directeur nommé le 1er juin 1899. Son salaire est fixé à 2 500 F alors que celui d'un professeur est de 2 000 F et celui d'un maître-adjoint de 1 200 F.
Les élèves suivent une scolarité de 3 ans de 12 à 15 ans. La semaine de classe dure 45 heures la 1re année, 48 heures la 2e année et 51 heures la 3e année. 28 à 31 heures sont consacrées à l'atelier. L’école abrite par ailleurs les cours du soir.
Après la Première Guerre mondiale, la croissance des effectifs impose l'ouverture de l'annexe Saint-Venant, rue des Sarrazins. Dès le début des années 1930, le succès de l'établissement est tel qu'il faut envisager de construire un bâtiment beaucoup plus vaste qui puisse accueillir d'une part les sections industrielles et d'autre part les sections commerciales.
Le lycée César-Baggio est l'image du progrès technique et architectural des années 1930. À l’origine, l'établissement prend le nom d'Institut Diderot, car il réunit d'une part l'école primaire supérieure Benjamin-Franklin et d'autre part l'école pratique d'industrie César-Baggio. Il est l'un des éléments du vaste plan d'urbanisme conçu en 1930-1931 par Roger Salengro, maire de Lille. Le projet est adopté en 1934 ; les travaux commencent en 1936 et le bâtiment est inauguré en 1938. L'ensemble se divise en deux parties distinctes : l'école théorique, tournée vers le sud, et l'école pratique. L'ensemble est marqué par le style Art déco : utilisation des briques vernissées, de lignes géométriques qui soulignent le retour à un certain classicisme architectural. Le décor de la façade et de la grande entrée est constitué d'étoiles et de soleils aux formes géométriques, qui évoquent la lumière et la raison et où l'on perçoit l'influence du compagnonnage et de la franc-maçonnerie. Deux ailes assurent la liaison entre les deux écoles, mais l'une d'entre elles a été partiellement détruite lors du bombardement de juin 1944. L'école théorique, longue de 158 mètres, rappelle les anciens remparts qui passaient au même endroit que le lycée, et son entrée imposante n'est pas sans rappeler les portes de la ville. L'école pratique, située en face du bâtiment théorique, le long du boulevard d'Alsace, ressemble à une usine.
La construction aux abords du lycée d'un nouveau bâtiment en 1982 a permis le déplacement de la cantine, de l'administration et la création d'un internat. Un nouveau bâtiment a été construit au sein même de la cour pour les enseignements technologiques.