Lynx boréal - Définition

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L'espèce et l'homme

Étymologie et sémantique

Voir « lynx » sur le Wiktionnaire.

Le terme « lynx » [lε̃:ks] est directement issu du latin « lynx », lui-même tiré du grec ancien « λύγξ » qui désigne tout simplement l'animal. Il existe quelques variations orthographiques telles que « linz » durant le XIIe siècle ou « lins » au XIIIe siècle. Au sens figuré, un lynx est une personne très rusée. « Avoir des yeux de lynx » signifie avoir une très bonne vue ; cette expression est issue d'une confusion avec « avoir des yeux de Lyncée », en référence à l’argonaute Lyncée qui possédait une vision perçante, et a été à l'origine de la légende sur les bons yeux du lynx. Ainsi, la constellation du Lynx aurait été appelée ainsi par Hevelius au XVIIe siècle car il faut avoir les yeux de lynx pour l'apercevoir. Le terme « Lynx du désert » ou « Lynx désertique » fait référence au Caracal (Caracal caracal).

Le Lynx boréal est anciennement nommé « loup-cervier » ou « loup cervier » [lusɛʀvje], du latin Lupus cervarius qui signifie littéralement « loup qui attire les cerfs ». Au départ, ce terme ne désignait que la femelle du lynx et le féminin « louve-cervière » est antérieur au masculin. Une forme féminine « loup-cerve » est proposée dans certains dictionnaires. Le Lynx du Canada est encore appelé « loup-cervier » en français du Canada. Outre la désignation de l'animal, le terme loup-cervier peut symboliser un homme sans scrupule, travaillant dans le secteur de l'économie (banquier par exemple).

Relations avec l'homme et représentations

Un félin très peu connu jusqu'au XXe siècle

Les félins (livre de chasse de Gaston Phoebus, 1331-1391)

Le lynx est très peu représenté sur les peintures rupestres. Durant l’âge du bronze, des représentations ont été rapportées sur le schiste de la Madeleine et dans la grotte de Parpallo-Gandsa. Les restes sont également peu fréquents : des dents et des griffes de lynx ont été retrouvées et semblaient faire office d’amulettes dans le Jutland au Néolithique. Pompée amena des lynx de Gaule pour les jeux du cirque.

La première référence écrite au Lynx boréal nous vient de Pline l'Ancien, qui n'hésita pas à le comparer au loup : « Effligie lupi, pardorum macullis », c'est-à-dire « Ressemblant au loup, tacheté comme une panthère ». De plus, selon Pline l'ancien, il existe deux formes de lynx, le « loup-cervier » utilisé à Rome lors des jeux du cirque, et le « lynx », créature fabuleuse venue d'Éthiopie. Ces descriptions, pourtant très peu précises, servirent de base à l'ensemble des travaux et écrits sur le lynx. Combiné à l'extrême discrétion de ce félin que personne ou presque ne rencontrait, il devint un animal fantasmagorique, réputé féroce. Ainsi, au Moyen Âge, le loup-cervier est toujours assimilé au loup. On appelait ainsi le lynx « loup à robe zébrée ou mouchetée », et tout le monde était terrifié par cet animal. Le lynx était très méconnu, absent des bestiaires car absent de la Bible, il apparaît pour la première fois dans le livre de chasse de Gaston Phoebus. Le félin est si méconnu que les véritables dépouilles de lynx capturés en Europe de l'Ouest sont prises pour quelques « animaux exotiques » et cela jusqu'au XIXe siècle. Les écrits à propos du lynx restent empreints de légende jusqu'au XXe siècle où des recherches sérieuses ne sont entreprises qu'à partir des années 1980.

Symbolique

En héraldique, lynx et loup-cervier sont deux figures différentes. Le lynx est passant dans l'écu et tout comme le loup-cervier symboliserait la perspicacité. Le loup-cervier, représenté comme une panthère tachetée avec la queue d'un chat et la face d'un lynx, est très peu présent. Le lynx peut être représenté passant ou de front, et peut être confondu avec le loup bien qu'il ait le plus souvent la queue entre les jambes.

Le lynx est considéré comme un symbole de la Macédoine et est présent sur le côté pile de la pièce de 5 denars.

Superstitions

Le Lynx boréal est quasiment absent des mythologies européennes ; toutefois, il a fait l’objet de nombreuses superstitions. Ainsi l’urine de lynx avait la propriété de se solidifier pour former une pierre précieuse, le lyncurium, capable de soigner l’ictère et de faire disparaître les calculs de la vessie. Une autre superstition veut que le lynx aient de bons yeux. Cette croyance est née d’une confusion avec l’argonaute Lyncée qui possédait une vision perçante. On pensait également que les yeux brillants du lynx éclairaient la route et pouvaient rendre aveugle tant la lumière était intense. Ses yeux étincelants avaient soi-disant la faculté de voir à travers les murs. La légende du loup-cervier raconte que le lynx peut se transformer en loup pour se nourrir de cervelle humaine. Au Moyen Âge, les griffes et les dents du Lynx boréal servaient d’amulettes et il était également chassé pour sa fourrure.

La bête de la Gargaille, sorte de bête du Gévaudan jurassienne, aurait terrorisé la population durant l'année 1819. Les descriptions très contradictoires pointent l'action d'un lynx. Cependant, l'histoire aurait été gonflée en véritable massacre par le préfet tandis que le louvetier décrivait de simples vêtements déchirés.

Attitudes et connaissances de l'Homme

Extrêmement discret, le Lynx boréal est rarement aperçu. Dans le parc national de Bavière, 10 000 promeneurs annuels empruntent un sentier à 300 mètres d'un lieu de reproduction ; l’ensemble du parc de 13 000 hectares, contenant six lynx résidents, était visité par 1,3 millions de visiteurs en 1976. Pourtant, seules six à huit observations annuelles ont été rapportées.

Le Lynx boréal a profité du changement de mentalité de l'Homme envers la nature et plus particulièrement envers les carnivores. 70 à 80 % des personnes des pays d'Europe de l'Ouest sont favorables au retour des lynx. Toutefois, les citadins sont bien plus favorables au retour du lynx que les habitants des milieux ruraux. Les principaux détracteurs des lynx sont les chasseurs, qui l'accusent de faire diminuer la population de gibier, et les éleveurs, préoccupés par les prélèvements sur leurs troupeaux. Pourtant, l'impact du lynx est considéré comme bénéfique au gibier et dans certains pays, les lynx tuent beaucoup moins que les chasseurs, comme en Suisse, où le Lynx boréal attaque 6 000 chevreuils et l'Homme plus de 40 000. De nombreux moyens ont été testés pour minimiser l'impact du lynx sur le bétail : les plus efficaces restent l'emploi du chien patou, le gardiennage et l'utilisation de clôtures. De plus, si la présence du lynx est parfois mal vécue lors de leur réintroduction, dans les pays où il n'a jamais disparu, aucune accusation ni demande d'extermination n'est effectuée.

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