Mario Alcibiade Praz (Rome, 6 septembre 1896 - Rome, 23 mars 1982) est un écrivain italien, historien de l'art et critique littéraire dont les ouvrages portent principalement sur les cultures française, anglaise, allemande, russe, espagnole et italienne. Journaliste, universitaire, traducteur, il a rassemblé une collection de mobilier et d'objets d'art de la période néoclassique, aujourd'hui accessible à son ancien domicile de Rome.
Son père, Luciano Praz, était un employé de banque dont la famille avait quitté Zermatt en 1525 pour s'installer dans le val d'Aoste. Sa mère, issue de la famille des comtes de Marsciano, se nommait Giulia Testa di Marsciano. Mario Praz passa ses premières années en Suisse, où travaillait son père. Né avec une malformation congénitale au pied droit, il fut opéré avec succès à l'Institut orthopédique Rizzoli de Bologne. Après la mort de son père, au cours de l'été 1900, sa mère l'emmena vivre à Florence chez son propre père, Alcibiade di Marsciano. Au terme d'une période de difficultés économiques, elle fit la connaissance d'un haut fonctionnaire qu'elle épousa en 1912. Son beau-père étant florentin, Mario Praz passa l'essentiel de son adolescence entre Rome et la Toscane.
Après avoir terminé ses études secondaires au lycée de Rome, il fréquenta pendant un an la faculté de droit de l'Université de Bologne, puis emménagea à Rome en 1915 pour y poursuivre ses études. Ce fut là qu'il étudia la littérature anglaise avec son ami Vittorio Moschini, qui devint plus tard conservateur en chef des musées de Venise, et qu'il assista, par intérêt personnel, en compagnie de Bruno Migliorini, aux cours de philologie et de critique littéraire de Cesare De Lollis.
En 1918, il soutint sa thèse de doctorat en droit international public sur la Société des Nations nouvellement créée. Cependant, il abandonna rapidement le droit pour se tourner vers les lettres, et il obtint deux ans plus tard un second doctorat, cette fois en littérature anglaise, à l'université de Florence en 1920.
En 1923, grâce à une bourse d'études, il se rend en Grande-Bretagne et enseigne la littérature italienne à l'université de Liverpool, chaire qu'il occupe jusqu'en 1931. L'année suivante, il occupe le même poste à l'université de Manchester, puis il revient à Rome en 1934 pour enseigner la littérature anglaise et américaine à l'université de La Sapienza. Il conservera ce poste jusqu'à sa retraite, en 1966.
Marié avec l'une de ses étudiantes anglaises, Vivyan Eyles, de plusieurs années sa cadette, il a une fille, Lucia, née en 1938. Mais Vivyan Praz quitte son mari à la fin de la guerre et emmène leur fille en Angleterre.
Fondateur de la première école italienne d'étude des lettres anglaises, Mario Praz aura comme disciples, entre autres, Vittorio Gabrieli, Agostino Lombardo, Giorgio Melchiori, Gabriele Baldini et Masolino d'Amico.
Il collabore à la revue Primato, fondée en 1940 par Giuseppe Bottai. En janvier 1945, il organise une exposition d'art contemporain qui rassemble des œuvres d'Alberto Savinio et de Fabrizio Clerici, entre autres.
Juré à la Mostra de Venise en 1960, lauréat du prix Antonio Feltrinelli en 1960, membre de l'Accademia dei Lincei, en 1962 il reçoit de la reine Élisabeth II la dignité de chevalier commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique.
Mario Praz est devenu collectionneur un peu par hasard, vers l'âge de seize ans, lorsque son beau-père lui a fait cadeau d'une commode Empire en acajou. Désireux de trouver des meubles et des objets susceptibles de s'harmoniser avec elle, il fait bientôt l'acquisition d'une série de douze chaises datant de la même période - et qui lui sont d'autant moins indispensables qu'il vit à cette époque dans un minuscule deux-pièces. Ainsi commence un processus de recherche et d'accumulation qui va durer jusqu'à sa mort, près de soixante-dix ans plus tard.
À Rome, à Florence, à Londres, à Paris, en fait dans tous les endroits où il a l'occasion de se rendre, Mario Praz est un visiteur assidu des salles de ventes et des boutiques d'antiquités, avec une prédilection pour des ébénistes comme Jacob, Percier et Fontaine, ou des peintres comme Girodet. À Paris, il prend conseil auprès du collectionneur Paul Marmottan, et l'un de ses fournisseurs attitrés est le grand antiquaire André Fabius, père de Laurent Fabius.
Animé par la volonté de s'entourer de beauté, voire de s'immerger dans cet univers esthétique qui le coupe de la réalité, Mario Praz réunit au fil des années plus de 1200 objets, tableaux, dessins, meubles, sculptures, tapisseries datant pour la plupart du Premier Empire. La majorité d'entre eux, de style néoclassique, sont d'origine française, mais d'autres proviennent d'Italie, d'Autriche, d'Allemagne ou d'Angleterre. Autre élément caractéristique des goûts de Mario Praz, les conversation pieces, c'est-à-dire les tableaux du XVIIIe siècle représentant des scènes d'intérieur avec groupe de famille, ou encore les bas-reliefs de cire, en particulier ceux de Gaetano Zumbo, y occupent une place prépondérante.
La collection aura deux adresses : les deux appartements successifs de Mario Praz dans le centre de Rome, d'abord au palais Ricci, via Giulia, de 1934 à 1969, puis au palais Primoli, via Zanardelli, de 1969 à sa mort en 1982. Il a légué sa bibliothèque à la fondation Primoli, qui abrite un musée napoléonien, et sa collection à la Ville de Rome.
Après sa disparition, la collection fut entreposée durant des années dans les réserves du musée d'Art moderne de Rome, avant de regagner le palais Primoli en 1995. Chacun des 1200 objets a retrouvé sa place d'origine, selon la disposition minutieuse établie par Mario Praz, comme on peut le vérifier d'après les nombreuses photographies prises de son vivant. Depuis 1995, l'ensemble est accessible au public sous le nom de « musée Mario Praz ».