Monastère d'Arkadi - Définition

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Histoire

Fondation

L'empereur Arcadius, qui selon la tradition, aurait fondé le monastère.

La date exacte de la fondation du monastère n'est pas connue avec certitude. Selon la tradition, les fondations du monastère sont posées tantôt par l'empereur byzantin Héraclius tantôt par l'empereur Arcadius dès le Ve siècle. Et selon cette seconde version, le monastère tirerait son nom de l'empereur.
La présence, en Crète, de nombreux monastères portant le nom du moine ayant fondé l'édifice est très commune. C'est donc cette hypothèse qui prévaut désormais, selon laquelle un moine nommé Arkadios aurait fondé l'édifice.

Selon Joseph Pitton de Tournefort, le monastère est construit à l'emplacement d'une ancienne cité, Arcadia, dont la légende raconte qu'après sa destruction, toutes les sources et fontaines des environs ne recommenceraient à couler qu'après la fondation d'une nouvelle cité. Mais, dès 1837, Robert Pashley met en évidence l'impossibilité pour le monastère d'avoir été bâti sur les ruines d'une quelconque cité. C'est cette version qui prédomine aujourd'hui.

La plus ancienne preuve d'existence du monastère daterait du XIVe siècle. En 1951, le professeur K.D. Kalokyris publie une inscription datant du XIVe siècle et vérifiant l'hypothèse qu'existe à cette époque un monastère dédié à saint Constantin. Cette inscription dit : « L'église porte le nom d'Arkadi et elle est consacrée à Saint Constantin ». Elle devait se trouver sur le fronton d'une église plus ancienne que celle que nous pouvons voir de nos jours, ou alors au-dessus de la porte d'entrée du monastère.

Restaurations

Vers la fin du XVIe siècle, période d'intense création culturelle et artistique sur l'île, le monastère subit des restaurations et des transformations. Les propriétaires sont Klimis et Vissarion Hortatsis, sans doute de la famille des Hortatsis de Rethymnon, dont le nom est associé à la Renaissance crétoise, avec entre autres Georgios Hortatsis, auteur d’Érophile. L'higoumène du monastère est alors Klimis Hortatsis. En 1573, il transforme le monastère en monastère de cénobites. Ainsi, la façade de l'édifice daterait de 1586.
L'église à deux nefs, telle que l'on peut la voir de nos jours, date de cette époque. Une inscription à la base du clocher la fait remonter à 1587, lorsque Klimis Hortatsis était l'higoumène du monastère. Cette inscription est la suivante :
« ΑΦ ΚΛΜΧΤΖ ΠΖ »
soit : « 15 Klimis Hortatzis 87 »

La construction de cette église aurait duré vingt-cinq ans et l'on peut ainsi supposer que la première pierre est posée en 1562.

L'higoumène Klimis Hortatsis, qui lance ces travaux, meurt probablement juste après leur achèvement et ne semble pas avoir vécu jusqu'à l'inauguration de la nouvelle église. Des recherches ont mis au jour une lettre du patriarche d'Alexandrie, Mélétios Pigas, dans laquelle il est écrit que la cérémonie d'inauguration aurait été confiée au successeur de Klimis, l'higoumène Mitrofanis Tsyrigos. Si la lettre n'est pas datée, on peut néanmoins la situer entre 1590, date à laquelle Mélétios Pigas est ordonné patriarche, et 1596, date à laquelle l'higoumène Nicéphore succède à Tsygiros.

Durant le mandat des trois premiers higoumènes, et jusqu'au début du XVIIe siècle, le monastère d'Arkadi connait un grand essor, à la fois sur le plan économique et culturel. Le monastère devient un grand centre de copie de manuscrits, dont la plupart sont perdus lors de la destruction du bâtiment par les Ottomans en 1866, mais dont quelques-uns se trouvent dans des bibliothèques à l'étranger. Le monastère s'agrandit, avec la construction d'étables en 1610 et du réfectoire en 1670.

Période ottomane

En 1645, commence la conquête de l'île par les Ottomans. Au printemps 1648, ils se rendent maîtres de la majeure partie de l'île, à l'exception de Candie (Héraklion), Gramvoussa, Spinalonga et Souda qui restent encore sous domination vénitienne.
Après la capture de Réthymnon en 1648, les Ottomans occupent petit à petit l'arrière-pays et pillent le monastère. Les moines et l'higoumène Siméon Halkiopoulos se réfugient alors au monastère de Vrontissi. Ils sont autorisés à revenir sur les lieux après avoir juré allégeance à Hussein Pasha. Ce dernier leur accorde également le droit de sonner la cloche. Le monastère d'Arkadi devient alors le Çanli Manastir (Monastère où l'on sonne la cloche en turc). Un firman autorise les monastères détruits à être reconstruits à partir de leur plan initial, sans ajouts ni changements. Arkadi profite de ce firman mais semble outrepasser ses droits en ajoutant de nouveaux bâtiments.

Au cours de la période ottomane, le monastère continue à prospérer, comme en témoignent les écrits de Joseph Pitton de Tournefort. Pour le voyageur, le monastère est le plus beau et le plus riche de Crète. Il y dénombre 100 religieux habitant dans le couvent, et 200 autres vivant dans les campagnes alentours. Le territoire du monastère s'étend au nord de la mer à l'est de Réthymnon au sommet du mont Ida au sud. Ces terres permettent au monastère de vivre du travail de la terre. Ainsi Tournefort parle de « 400 mesures d'huile » produites chaque année, un chiffre qui pourrait être le double si le monastère ne laissait pas perdre ses fruits faute de main d'œuvre. Tournefort vante également la cave du monastère, qui compte au moins 200 tonneaux et dont les meilleurs portent le nom de l'higoumène qui les bénit chaque année d'une prière prévue à cet effet. Le vin fabriqué à Arkadi est semble-t-il réputé. Ce vin appelé Malvoisie, du nom d'un village près d'Héraklion, et pour lequel la Crète était réputée à l'époque vénitienne, était aussi issu des vignes du monastère. Franz Wilhelm Sieber, lors de son passage au monastère, évoque également la cave de l'higoumène et la fabrication de vin obtenu par un excellent raisin poussant en altitude, mais précise qu'il n'est plus question de production de Malvoisie. En revanche, le monastère produit alors du maïs.

Le monastère vu par Robert Pashley

Au début du XIXe siècle, le monastère semble connaître un déclin. Sieber, qui y fait halte près d'un siècle après Tournefort et Pococke, n'en fait pas une description aussi élogieuse que ses prédécesseurs. Pour l'Allemand, le monastère n'abrite plus que huit prêtres et douze moines. Les travaux des champs continuent d'être effectués de façon régulière, mais le monastère aurait des dettes. Il évoque l'higoumène qui, pour régler ses créances, doit souvent aller à Rethymnon.
Sieber décrit la bibliothèque de l'édifice. Riche de plus de 1 000 tomes, de textes religieux mais aussi de textes de Pindare, Petrarque, Virgile, Dante, Homère, Strabon, Thucydide et Diodore. Mais le voyageur insiste sur le triste état de ces ouvrages, jugeant qu'il n'avait « jamais vu de livres aussi abimés » et il est incapable de distinguer les ouvrages d'Aristophane de ceux d'Euripide.

En 1822, un groupe de soldats turcs menés par un certain Getimalis s'empare d'Arkadi et le pille. Des habitants d'Amari réussissent à dresser un plan pour reprendre le monastère et exterminent Getimalis et sa troupe.
Une autre version raconte qu'un certain Anthony Melidonos, un sphakiote établi en Asie mineure, revient sur l'île à la tête de volontaires grecs d'Asie mineure pour soutenir l'effort des Crétois lors de la guerre d'indépendance grecque. Avec un corps de 700 hommes, il entreprend de traverser l'île d'ouest en est. Apprenant le pillage du monastère, il s'y rend. Il y arrive dans la nuit et, escaladant les toits du bâtiment, y déverse des matières inflammables et met le feu à l'édifice. Il se jette ensuite sur Getimalis qui est en train de boire, l'empoigna et le jette par terre à l'extérieur de la pièce. Il est sur le point de le tuer, lorsque Getimalis jure qu'il est prêt à se convertir au christianisme. Le baptême a immédiatement lieu et le nouveau converti est laissé libre.

Bien que cet évènement doive porter un coup au développement du monastère, des documents turcs et grecs mentionnent la capacité du monastère à fournir en nourriture les habitants de la région et à abriter des fugitifs poursuivis par les autorités turques. Le monastère dispense des cours aux populations chrétiennes locales. De 1833 à 1840, il est capable de verser aux écoles de la région la somme de 700 piastres turques.

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