Le mouvement de l'École libre désigne une campagne, qui a culminé avec la manifestation géante du 24 juin 1984 à Paris, pour mettre en échec le projet de loi Savary visant à intégrer en France les écoles privées à un « grand service public ». Ce mouvement est réputé avoir contribué à la chute du gouvernement de Pierre Mauroy le 17 juillet 1984.
La création d'un « grand service public unifié et laïc de l'éducation nationale » faisait partie des 110 propositions pour la France de François Mitterrand, candidat à l'élection présidentielle française de 1981.
Cet engagement s'est traduit par un projet de loi annoncé en décembre 1982, visant dans un premier temps la constitution d'« établissements d'intérêt public » (EIP) qui associeraient les écoles publiques, les écoles privées et les collectivités territoriales, avec la perspective d'intégrer les maîtres du privé dans la fonction publique.
Le 19 octobre 1983, le Premier ministre Pierre Mauroy annonce la titularisation de 15 000 maîtres du privé. Le le projet de loi est présenté à l'Assemblée nationale dans une forme atténuée, puisqu'il n'est plus question de l'intégration des écoles privées aux EIP. Mais le député socialiste André Laignel propose deux amendements, l'un limitant la création d'écoles maternelles privées, et le second soumettant le maintien des contrats entre l'État et chaque établissement privé d'enseignement à l'intégration progressive à la fonction publique d'au moins la moitié des maîtres de l'établissement.
Au premier semestre 1984, alors que se poursuivaient des contacts entre les responsables de l'enseignement catholique et le gouvernement, les défenseurs de l'école privée organisèrent une série de manifestations en province et à Versailles afin de prouver leur capacité de mobilisation.
Le mouvement a été essentiellement animé par deux responsables de l'enseignement privé catholique français : Pierre Daniel, président de la fédération des parents d'élèves UNAPEL; et le chanoine Paul Guiberteau, secrétaire général de l'enseignement catholique français. Engagés au cours de l'année 1983 dans des négociations avec le ministère de l'Éducation, ces responsables ont été progressivement poussés par les parents d'élèves du privé, ainsi que par les responsables politiques d'opposition et la presse sympathisante, à engager une épreuve de force plus ouverte avec le gouvernement en 1984.