Orange mécanique - Définition

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Controverse

Après la sortie du film, plusieurs délinquants britanniques ayant perpétré des actes de violence gratuite ont déclaré avoir pris exemple sur le film. Les lettres de menaces envahissent alors la boîte aux lettres de Stanley Kubrick (qui avait quitté les États-Unis pour l'Angleterre), qui prend peur pour ses enfants. Il demande à Warner Bros. de retirer le film des salles de cinéma britanniques en dépit du grand succès du film. Fait unique, la société de production obtempère et le film est retiré. Ce n'est qu'en 2000, c'est-à-dire après la mort de Kubrick, que le film est à nouveau projeté au Royaume-Uni. A la sortie du film en 1972, l'opinion publique s'était dite extrêmement choquée que la violence du film soit représentée de manière esthétique, lui donnant des ambiances de fêtes notamment dans les actes commis par Alex et sa bande au début du film, ce qui entraina une censure. Dans les bonus du DVD du film, il est dit que les censeurs n'ont au final rien trouvé à redire sur le film et se soient même déclarés étonnés de sa réputation sulfureuse au vu de son contenu réel qui justifiait selon eux la violence gratuite du début du film.

Une impitoyable critique sociale

Tant l'« ultra-violence » qui sous-tend tout le film que la dernière réplique d'Alex, disant « Je suis guéri », simplement parce que le lavage de cerveau n'agit plus, peuvent conduire à une mauvaise interprétation du film. C'est d'ailleurs parce qu'il craignait que des jeunes trop influençables y voient un panégyrique de la violence que Kubrick a accepté de retirer le film des salles britanniques.

Ce sont sans doute les paroles de l'aumônier qui résument au mieux le sens du film : « Quand un homme cesse de choisir, il cesse d'être un homme ». Kubrick entendait démontrer que la société ne prône pas le bien, mais force l'individu à se conformer extérieurement au bien. Celui-ci n'est donc pas choisi mais adopté sous la contrainte de l'éducation, de la loi et de la répression. Ces thèses behavioristes sont illustrées par le terrifiant "traitement Ludovico" qui impose à un criminel de faire le bien contre sa volonté, alors que le for intérieur reste identique. Il n'y a aucune rédemption dans ce comportement artificiel. Un individu forcé à "bien" agir n'est donc pas nécessairement « bon » pour autant. Le film, montrant une société cynique et des pouvoirs publics maniant la dernière démagogie, critique un ordre social ou le bien, la morale, ont fait place à un simple utilitarisme policier et technocratique. Ainsi, dit Kubrick, très pessimiste, citant Aaron Stern, psychiatre : "Alex représente l'homme dans son État naturel ; lorsqu'on le "traite", cela correspond au processus même de la civilisation.".

Cette critique virulente de l'immoralisme de la société se retrouve dans de nombreuses œuvres d'anticipation. Torturé pour avoir voulu braver le système (et Big Brother), le Winston de 1984 parvient lui aussi à surmonter sa « maladie » et à aimer Big Brother. Le système Ludovico employé pour rendre Alex non-violent s'inscrit dans le même processus : le droit chemin, autrement dit le conformisme social doit être imposé ; faute de quoi l'individu ne doit plus avoir le choix de refuser. D'où l'humiliation subie par Alex ou les aberrations finalement acceptées par Winston : « 2 et 2 font 5 ou tout autre résultat décidé par Big Brother ». Ces thèmes sont toujours d'actualité. Au fil des pérégrinations d'Alex et de sa bande, on s'aperçoit qu'ils ne sont que de purs produits de la société et que, lorsque le vernis craque, les citoyens honnêtes leur ressemblent plus que ce que l'on aurait pu croire.

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