Predator | |
Titre original | Predator |
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Réalisation | John McTiernan |
Acteurs principaux | Arnold Schwarzenegger Carl Weathers |
Scénario | Jim Thomas et John Thomas |
Décors | Enrique Estévez |
Costumes | Marilyn Vance |
Photographie | Donald McAlpine |
Montage | Mark Helfrich et John F. Link |
Musique | Alan Silvestri |
Production | Joel Silver |
Budget | 15 000 000 $ |
Genre | Science-fiction |
Durée | 107 minutes |
Sortie | 1987 |
Predator, ou Prédateur au Québec (Predator en version originale), est un film de John McTiernan mettant en vedette Arnold Schwarzenegger et sorti sur les écrans en 1987. C'est le premier film de la saga Predator.
1987. À la tête d'un commando spécialisé dans les missions à risques, le major Alan « Dutch » Schaefer (Schwarzenegger) est envoyé au cœur de la jungle d'Amérique centrale afin de libérer trois otages, dont un ministre, séquestrés dans un camp de guérilleros. En chemin, le groupe découvre les corps atrocement mutilés de soldats américains, membres des bérets verts. Alors qu'ils se replient après avoir accompli leur mission, Dutch et ses hommes deviennent les proies d'une mystérieuse créature...
Le film est produit dans la forêt de Puerto Vallarta, au Mexique, mais certaines scènes se sont passées en studio pour des raisons de machinerie (le travelling latéral sur les personnages progressant dans la jungle, notamment).
A l'origine, un passage était prévu dans le vaisseau du Predator, Mac Tiernan parvint à l'enlever du film, estimant qu'il n'était pas cohérent, du point de vue stylistique.
Le film présente un détail amusant : l'équipe technique essaya divers effets visuels plutôt que de tourner avec une vraie caméra thermique, pour personnifier le Predator. La raison en est simple : à l'époque du tournage, la température dans la jungle du Mexique était de 40° au sol, rendant impossible à repérer les protagonistes.
Durant le tournage, un garde du corps était présent aux côtés de Sonny Landham , non pas pour le protéger, mais pour protéger les gens de lui ; en effet, ce dernier avait déjà fait de la prison et était réputé pour son tempérament violent et incontrôlable.
Au tout début du tournage, plusieurs scènes sont tournées avec Jean-Claude Van Damme dans le rôle du Predator. Le costume du monstre ne satisfaisant pas l'équipe artistique, Stan Winston "sauva" le film en apportant un Predator tel qu'on le connait aujourd'hui.
John McTiernan livre un film fortement influencé par le cinéma européen et la forme filmique de John Milius sur Conan le barbare (violence graphique, fragilité du héros musculeux et invincible)
La mise sous tension du spectateur dans ce film est liée au fait de montrer un ennemi rôdant, invisible. Ce pari est réussi par Mac Tiernan grâce à ses mouvements de caméra fluides et son refus du découpage téléfilmique en vogue à l'époque (plan large + champ + contre-champ pour les dialogues et une action faite étape par étape en une suite de gros plans)
A ce sujet, le début de l'attaque du camp retranché est réalisé par Craig R. Baxley (le second unit director du film), qui venait de finir la série TV Agence tous risques et a irrité McTiernan pour son incapacité à se sortir du moule téléfilmique, le conduisant à supplier Joel Silver de prolonger la scène pour qu'il puisse y mettre ses propres mouvements de caméra.
Côté philosophie, sous des airs de série B décérébrée, Predator est une illustration quasi-nihiliste de la fameuse phrase de Nietzsche : " Celui qui combat les monstres doit prendre garde de ne pas devenir monstre lui-même. " Au début, Dutch et son équipe ne jurent que par leur supériorité en équipement et en entrainement (leur efficacité est d'ailleurs démontrée : ils sont décrits comme les meilleurs et le prouvent bien en anéantissant un camp de mercenaires à 7 contre 100) Ensuite, ils sont attaqués par le Predator, qui use lui aussi d'une technologie qui les dépasse, première indication qu'il n'est qu'un reflet d'eux-mêmes... Face au monstre qu'ils combattent, l'équipement qu'ils ont à disposition est inutile : d'où la mythique scène dans laquelle vingt hectares de forêt sont réduits en poussière par leurs tirs (John Mac Tiernan dira, dans le commentaire vidéo du film en DVD, qu'il voulait, par cette scène, montrer l'absurdité des armes), pensant tuer l'homme qui a assassiné les personnages joués par Jesse Ventura et Shane Black. Sur le papier, cette scène est une scène musclée d'action, mais en pratique, ce déploiement de violence ne tue pas leur ennemi. Ainsi, Dutch sera dénudé dans la douleur de tous ses attributs de mâle viril, archétypal du cinéma d'action des films produits par Joel Silver : réduit à ne plus utiliser que des armes préhistoriques (arc, lances, camouflage en boue), Dutch va affronter un monstre de manière bestiale en en devenant un lui-même. Cet affrontement, considéré comme l'un des plus brutaux du cinéma d'action américain satisfera les fans du genre, et les amateurs de cette thématique (retour à l'état de bête humaine). Dans le plus pur esprit des Yautja, le prédator va respecter son ennemi, le reconnaître comme son égal, et se débarasser aussi de sa technologie (camouflage optique, canon d'épaule), renforçant encore cette réflexion sur la bestialité.
Ces éléments font de Predator un monument du cinéma hollywoodien, en ce sens qu'il fut l'un des premiers à allier l'action musclée à une réflexion profonde, donnant lieu à d'autres films du même genre.