Prise de risque sida - Définition

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Comprendre la prise de risque émotionnelle

La littérature scientifique approfondit cette notion de prise de risque, qu’elle soit volontaire ou par contrainte, à travers la recherche de tempéraments et profils psychologiques, ou dans la recherche d'élément psychiatriques, et semble faire ressortir des données importantes entre pathologies psychiatriques et prise de risque sexuelle. Voici une synthèse de ces articles.

La recherche d'excitation et l'intolérance à l'ennui

Ces deux critères sont le plus souvent retrouvés, que cela soit dans la prise de risque sexuelle, les utilisateurs de drogues, ou les personnes faisant un sport à risque.

Or, aujourd'hui, le fait que ces deux critères soient retrouvés à la fois dans ces 3 prises de risque différentes pousse les experts à se demander s'ils ne seraient pas les symptômes ou expressions d'une pathologie psychiatrique.

Les troubles psychiatriques et la prise de risque Sida

Depuis 1990, les études scientifiques et épidémiologiques analysent presque annuellement les relations entre VIH et maladies mentales. Voici une synthèse des articles :

Heaphy EL, Loue S, Sajatovic M, Tisch DJ, 2009, montrent dans leur étude que souffrir d'un trouble bipolaire ou de toxicomanie augmente le risque de contracter le virus du sida, de même que vivre dans des conditions de misère.

Vlassova N, Angelino AF, Treisman GJ, 2009, montrent que les troubles dépressifs, les troubles bipolaires, la schizophrénie, les troubles de la personnalité et les toxicomanies entrainent des comportements de prise de risque Sida.

Bakare MO et al., 2009, portant sur des adolescents, soulignent que les personnes souffrant de troubles bipolaires ont une très forte interconnexion avec les toxicomanies. Les deux pathologies entrainant une prise de risque sexuelle et des contaminations par le VIH. 47,8 % des adolescents bipolaires avaient une consommation de drogues et d'alcool, 45,7 % avaient une prise de risque sexuelle.

Meade CS, Graff FS, Griffin ML, Weiss RD, 2008, soulignent l'interconnexion entre troubles bipolaires, toxicomanies, impulsivité et prise de risque sexuelle. 75 % des personnes bipolaires et toxicomanes relatent des rapports sexuels à risque.

Himelhoch S, McCarthy JF, Ganoczy D, Medoff D, Dixon LB, Blow FC, 2007, comparent 191 625 personnes atteintes de troubles psychiatriques à un groupe contrôle (aucune pathologie mentale) de 67 965 personnes. Ils montrent que les personnes atteintes d'une pathologie mentale sont 2 fois plus touchées par le sida que la population générale, avec une plus grande prévalence de la schizophrénie et des toxicomanies.

Beyer JL, Taylor L, Gersing KR, Krishnan KR, 2007, dans leur étude portant sur 11 284 personnes, montrent que les patients souffrant d'une pathologie psychiatrique ont un risque 4 fois plus important que la population générale, avec une prévalence pour les toxicomanes, les troubles de la personnalité, les troubles bipolaires et les états de stress post traumatique.

Beyer JL, Kuchibbhatla M, Gersing K, Krishnan KR, 2005, dans leur étude portant sur 1379 patients souffrant de troubles bipolaires, montrent que 2,8 % d'entre eux sont infectés par le virus du sida, et 1,9% par l'hépatite C, alors que le pourcentage de VIH dans la population générale est de 0,32.

Moore DJ, Atkinson JH, Akiskal H et al, 2005, portant sur les toxicomanes séropositifs montrent une forte prévalence des tempéraments cyclothymique, hyperthymique, anxieux, irritable, et dépressif. Les auteurs rappellent que ces tempéraments sont corrélés aux troubles bipolaires.

Perreta P, Akiskal HS, Nisita C, et al, 1998, comparent 46 dépressifs séropositifs à 46 dépressifs séronégatifs. 78 % des patients séropositifs ont un trouble bipolaire, 52 % des éléments cyclothymiques, et 35 % un tempérament hyperthymique. Que les personnes soient toxicomanes ou homosexuelles, les résultats statistiques sur la prévalence bipolaire restent similaires.

Ces articles apportent plusieurs constats :

  • les malades psychiatriques sont une population à risque
  • parmi les malades psychiatriques, il semblerait que les toxicomanes, les personnes souffrant de troubles bipolaires, et les personnes atteintes de schizophrénie, soient les populations les plus touchées par la contamination par le VIH
  • les bipolaires et les toxicomanes se retrouvent dans les mêmes études, ce qui sous entendrait une connexion entre ces deux maladies.

Le débat des drogues et de l'alcool : avancées et remises en cause

De très nombreux auteurs s’accordent de plus en plus pour dire que la toxicomanie et l’alcoolisme seraient des conséquences des troubles bipolaires et non des maladies à par, ce qui expliquerait que de très nombreux toxicomanes s’avèrent répondre positivement aux critères de troubles bipolaires et que de très nombreux bipolaires relatent des abus de drogues ou d’alcool. D'autres auteurs insistent sur le fait que chez la majorité des toxicomanes, on trouve des symptômes bipolaires avant même les premières consommations de drogues et d'alcool

Cela sous entendrait qu'une prévention sida centrée uniquement sur les toxicomanes revient à oublier la pathologie bipolaire provoquant les toxicomanies, et donc à ne pas dépister ces personnes à risque de façon large et efficace.

Evaluer l'intrication entre la prise de risque Sida et maladies psychiatriques

Certains experts du Trouble Bipolaire, suite aux études mondiales sur la prévalence des Troubles Bipolaires au sein des toxicomanies et des contaminations VIH, et à la demande d'associations de patients psychiatriques, ont créé une liste de questions (check list) ciblées afin de voir si la prise de risque est due à des facteurs intellectuels et sociaux, ou si une affection psychiatrique non diagnostiquée peut expliquer cette incapacité à gérer la prise de risque. C'est, à notre connaissance, le seul outil actuellement disponible en français dans ce domaine spécifique de la connexion sida/prise de risque/maladies psychiatriques.

Check List sur la prise de risque

1° Etes-vous d'un tempérament (humeur) stable, ou est-ce caractéristique chez vous depuis des années d'avoir une humeur qui varie sans cesse, des hauts et des bas plusieurs fois par jour ou par semaine, comme des montagnes russes ?

(_) je suis plutôt d’un tempérament stable
(_) j’ai des oscillations perpétuelles de l’humeur

2° Avez vous des phases d'excitation anormales, clairement distinctes de votre état d'humeur habituel, pendant lesquelles vous êtes hyperactif, avec une augmentation de votre débit verbal, le cerveau qui pense beaucoup plus vite, une augmentation de l'estime de soi, une diminution du besoin de sommeil, une augmentation des projets, un débordement d'énergie ?

(_) oui, j’ai des phases comme cela
(_) non, je n’ai pas de phases comme cela

3° Ces phases d'excitation (comme décrites dans la question 2) entraînent-elles ou comportent-elles parfois de l'impulsivité, des rapports sexuels non protégés, ou de la prise de drogues et/ou d‘alcool ?

(_) oui ces phases entraînent ou comportent de l’impulsivité
(_) oui ces phases entraînent ou comportent des rapports sexuels non protégés
(_) oui ces phases entraînent ou comportent de la prise d’alcool ou de drogues
(_) non ces phases n’entraînent rien de tout cela
(_) non, je n’ai pas de telles phases d’excitation

4° Un antidépresseur (Prozac, Effexor, Zoloft, Norset, Cymbalta, Ixel, Anafranil, Athymil, Seroplex, Seropram, Deroxat, Divarius, Floxyfral, Laroxyl, Prothiaden, Stablon, Tofranil, Survector) a-t-il déjà provoqué chez vous une telle phase d’excitation (ou d’agitation) ?

(_) oui, mon antidépresseur provoque cela
(_) je prends un antidépresseur mais il ne provoque pas cela
(_) je ne prends pas d’antidépresseur

5° Avez-vous ces phases d'excitation (comme décrites dans la question 2) depuis l'enfance ou l'adolescence ? Depuis bien avant de prendre de l’alcool et/ou des drogues ?

(_) oui, depuis l’enfance ou adolescence / depuis avant de prendre alcool et/ou drogues
(_) non, mes phases sont apparues avec l’alcool et/ou les drogues
(_) non, je n’ai pas de telles phases d’excitation
(_) je ne prends ni alcool ni drogue

6° Ces phases d’excitation ((comme décrites dans la question 2) sont-elles toujours sous alcool et/ou drogues, ou en avez-vous aussi de manière spontanée ?

(_) toujours sous alcool et/ou drogues
(_) je peux en avoir des spontanées
(_) je n’ai pas de telles phases d’excitation
(_) je ne prends ni alcool ni drogue

7° Si vous avez déjà eu des rapports sexuels non protégés, ces rapports ont-ils toujours eu lieu sous alcool et/ou drogues, ou en avez-vous déjà eu sans ?

(_) mes rapports sexuels non protégés sont toujours sous alcool et/ou drogues (veuillez écrire ici les substances concernées)
(_) mes rapports sexuels non protégés peuvent survenir autant sous alcool et/ou drogues que sans
(_) mes rapports sexuels non protégés sont généralement sans alcool ni drogues
(_) je n’ai pas de rapports sexuels non protégés
(_) je ne prends ni drogue ni alcool

8° Quand vous prenez des drogues et/ou de l‘alcool, est-ce cela qui entraîne une phase d'excitation et d’hyperactivité, ou étiez-vous déjà en phase d'excitation avant de les prendre ?

(_) oui, alcool et/ou drogues provoquent après coup une phase d’excitation
(_) j’étais déjà excité (-e) avant de prendre de l’alcool et/ou de la drogue
(_) je ne prends ni alcool ni drogue
(_) je prends de l’alcool et/ou de la drogue, mais cela n’entraîne pas des phases d’excitation particulière
(_) je n’ai pas de telles phases d’excitation

9° Vous arrive t’il de prendre de la drogue et/ou de l’alcool pour provoquer ces phases d'excitation (comme décrites dans la question 2) ? Si oui, pourquoi ?

(_) oui c’est pour provoquer une phase d’excitation afin de m’amuser beaucoup plus
(_) oui car je suis trop timide, trop inhibé et cela me libère de ma timidité
(_) oui, c’est pour me déconnecter de mes pensées et angoisses quotidiennes et provoquer une phase d’excitation
(_) oui, pour d’autres raisons (veuillez indiquer) :
(_) non, je suis déjà excité avant de prendre alcool et /ou drogues
(_) l’alcool et/ou la drogue n’entraînent pas de phases d’excitation particulière chez moi
(_) je ne consomme ni alcool ni drogue
(_) je n’ai pas de telles phases d’excitation

10° Vous arrive t’il de prendre des drogues et/ou de l'alcool alors que vous étiez déjà en phase d’excitation (comme décrite dans la question 2) ?

(_) oui, le plus souvent je suis déjà en phase d’excitation avant de prendre des drogues et/ou de l’alcool
(_) non, la phase d’excitation vient plutôt après la prise de drogue et/ou d’alcool
(_) non, je n’ai pas de telles phases
(_) je ne prends ni alcool ni drogue

Si vous avez constaté que la phase d’excitation (comme décrite dans la question 2) était là bien avant de prendre des drogues et/ou de l’alcool, pourquoi en avez-vous pris après ?

(_) je rajoute alcool et/ou drogues pour maintenir plus longtemps cette phase ou l’intensifier
(_) je suis déjà tellement désinhibé (-e) par cette phase d’excitation que je n'ai plus conscience de la gravité de l’alcool et de la drogue et c’est comme ci rien ne m’empêchait d’en prendre
(_) pour d’autres raisons (veuillez décrire) :
(_) non, je n’ai pas de telles phases d’excitation
(_) je ne prends ni alcool ni drogue

11° Selon vous, le noyau dur de vos rapports sexuels non protégés est-il alcool/drogues ou cette phase d'excitation  ?

(_) c’est l’alcool et/ou les drogues
(_) c’est la phase d’excitation
(_) ce sont les deux cumulées : alcool/drogue + excitation
(_) ce n’est aucune de ces deux raisons
(_) je ne prends pas d’alcool et/ou de drogue
(_) je n’ai pas de phases d’excitation
(_) je n’ai pas de rapports sexuels non protégés
(_) je ne sais pas

12) Si vos rapports sexuels non protégés ne sont ni dus à la prise d’alcool et/ou drogues, ni dus à une phase d’excitation (comme décrite dans la question 2), à quoi sont-ils dus ?

(_) j’ai trop peur que l’autre me rejette si je mets un préservatif
(_) je fais (trop) confiance à l’autre (« il a une bonne tête » / « je le connais » / « ça n’est pas le genre à coucher sans préservatif ou à être séropositif »)
(_) l’autre n’en a pas mis, donc je me suis dit qu’il devait être sûr qu’il n’est pas séropositif
(_) je connais mal la maladie et les moyens de la contracter, ainsi que ses conséquences
(_) je pense qu’il n’est pas aussi « facile que cela » d’attraper le sida
(_) le préservatif coupe / diminue trop le désir sexuel, donc je n’en mets parfois pas
(_) pour des raisons organiques (allergies, taille, douleurs, …)
(_) pour des raisons culturelles, ou religieuses
(_) j’ai perdu tous mes moyens au moment du rapport sexuel, j’étais perdu, impressionné, …
(_) ce ne sont pas des rapports non protégés mais des accidents (ruptures) de préservatif
(_) le préservatif coupe le plaisir, donc je n'en mets pas
(_) je ressens le besoin de coucher sans préservatif pour « me détruire »
(_) autres (veuillez décrire) :
(_) je n’ai pas de rapports sexuels non protégés

13) avez-vous déjà eu des automutilations (lame de rasoir, couteaux, compas, brûlures de cigarettes, …) :

(_) oui
(_) non

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