Les concepts centraux contemporains en soins infirmiers guident aujourd'hui la pratique des soignants et édictent les fondements de la science infirmière. Ce corpus constitue une vision élargie et renforcée de l'aspect pragmatique à la base de tout soin. La pratique infirmière nourrit la recherche clinique infirmière se basant sur des données probantes (evidence based medicine) et permettant d'en dégager les axes théoriques. Comme le décrit Bernadette Jayet-Dauphiné « il s'agit de penser pour panser, et réciproquement ».
Le terme soin infirmier peut prendre le sens d'une compétence soin. Il désignera un savoir-faire, une compétence technique ou une connaissance. Il fait le plus souvent référence à la réalisation d'un acte médical, comme la pose d'une Voie veineuse périphérique ou la réalisation des soins fondamentaux. Leur application est le plus souvent portée directement aux personnes.
Dans ce sens, les soins infirmiers, ou encore mentionnés Soins infirmiers (la majuscule faisant référence à une valeur sémantique différente) représentent la philosophie de la discipline infirmière. Ils désignent également les théories et concepts de soins infirmiers et la démarche intellectuelle mise en œuvre dans la réalisation du soin, en un mot le savoir-être infirmier.
Les concepts centraux des soins infirmiers se sont structurés au fil du temps au travers de l'histoire de la profession infirmière et se sont axés autour de concepts tant philosophiques que scientifiques issus des réflexions portées sur la pratique clinique infirmière. Ils prennent leurs sources dans une approche humaniste qui a pu apporter différents éclairages, notamment sur les concepts de santé, de personne, d’environnement et de soin.
Par une approche théorique et documentée, les théoriciens des soins infirmiers ont établi des modèles conceptuels qui ont permis de structurer les fondements du raisonnement infirmier et qui guident aujourd'hui la pratique clinique infirmière. En tenant compte du fait que « l'expérience de santé » est venue remplacer le terme de « maladie », les concepts centraux se sont élargis à une pratique infirmière qui prend soin de personnes qui ne sont pas nécessairement malades ou ne se perçoivent pas comme tel.
Les soins infirmiers suivent un système de représentations (la vision paradigmatique de l'infirmière) en termes de santé, de maladie, de personne soignée et de relation soignant/soigné et s'axent autour de quatre concepts centraux :
Différentes écoles décrivent l'approche que le soignant professionnel peut employer au travers de cette vision pour prodiguer des soins infirmiers.
Le concept de care ou caring traduit comme le prendre soin a été développé dans sa grande majorité par Jean Watson et veut que le soignant prodigue le soin infirmier dans la plus totale congruence avec la personne rencontrée suivant son système de représentations, et non à l'encontre de celui-ci. Cela implique que le soignant adopte une attitude empathique vis à vis de la personne rencontrée. Le prendre soin s'étend à la capacité de s'occuper d'autrui et de lui porter attention.
Ce schéma est illustré par Suzanne Kérouac dans sa définition du rôle infirmier : « le rôle de l'infirmier [et des soins infirmiers] est de soigner une personne qui, en interaction continue avec son environnement, vit des expériences de santé ».
Ce concept a été décrit par Abraham Maslow dans son modèle de la pyramide des besoins et par Virginia Henderson dans son modèle des quatorze besoins fondamentaux.
Sous cet éclairage, le soin infirmier agit sur la satisfaction des besoins de la personne et vise à maintenir l'état de santé dans chacun des secteurs ponctuellement. En outre, il doit promouvoir de façon dynamique la capacité et la motivation de combler la perte, de maintenir ou d'améliorer un état, sachant qu'un besoin non satisfait empêche l'accès à un besoin supérieur.
Le concept interactionniste dans les soins infirmiers a été décrit par Hildegard Peplau. Il étudie les interactions entre le soignant et la personne soignée.
Le modèle propose que le soignant utilise l'expérience partagée née de cette interaction symbolique pour favoriser un apprentissage expérimental, des stratégies d'adaptation améliorées et une croissance personnelle. Ce modèle décrit un vecteur qui permet au soin infirmier d'être prodigué en toute réciprocité favorisant un développement personnel mutuel.
Cette notion, introduite par Callista Roy, étudie les stratégies d'adaptation d'un individu ou d'un groupe face à son environnement sans cesse en mouvance.
Le modèle des effets souhaités prône la valorisation et la promotion de comportements optimaux en termes de prévention de la santé ou d'atteinte de résultats. Le soin infirmier prodigué selon ce modèle aura vocation à agir sur les facteurs favorisants d'une affection afin de conduire la personne vers un état voulu, correspondant le plus souvent à un état de santé amélioré.
Le modèle de l'être humain unitaire a été étudié par Rose-Marie Rizzo Parse et décrit l'aptitude d'une personne à interagir en complet accord avec son environnement. Il étudie le syndrome dissociatif provoqué chez une personne dont l'état de santé est en forte mouvance.
Selon le modèle, le soin infirmier fait appel à l'authenticité de celui qui le prodigue et place l'empathie au centre d'une relation entre la personne et le professionnel afin de l'aider à s'orienter dans ses choix, tout en lui fournissant des alternatives de réflexion nécessaires. La finalité du soin infirmier est de d'aider la personne à combler ses craintes et ses doutes, tout en valorisant ses aspirations et ses buts.