Soin infirmier - Définition

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Histoire : des pratiques soignantes aux sciences infirmières

L'art infirmier ou l'art de soigner a été décrit de différentes façons dans les cultures populaires. les définitions et les pratiques ont beaucoup évolué au fil du temps.

Le « prendre-soin » de l'autre

Au Moyen Âge, la vocation de "prendre soin de son prochain" se trouve étroitement liée à l'idéologie de la religion et de l'Église. Les soignants adoptent des consignes similaires à celles de la religion du Christ : accueil des humbles, miséricorde envers les affligés, puis par la suite, l'idéal de pauvreté s'ajoute à celui de la charité. Au XVIe siècle, le soin apporté n'est pas encore un soin médical mais davantage une assistance aux indigents, aux passants et mendiants.

Les grandes épidémies et les temps de guerre du Moyen Âge ont influencé l'organisation du soin aux personnes malades au sein de congrégations religieuses (notamment l'Ordre de Saint Jean de Jérusalem) qui fonderont les premières infirmeries dans lesquelles le soin a vocation de « secourir et soigner ».

Sœur Hospitalière « bleue » des Hospices de Beaune affairée à préparer un lit.

Parallèlement, les hôpitaux ont évolué suite au développement des villes : de nouvelles formes d’assistance se développent, notamment dès le VIIe siècle au sein des Hôtel-Dieu. Ces structures commencent à restreindre leurs entrées au profit des malades curables se spécialisant en hospices où les soins aux infirmes s'organisent au travers de la hiérarchie religieuse et sont dispensés par les Sœurs hospitalières. Le soin aux infirmes prend alors racine dans l'application de techniques et de connaissances médicales et chirurgicales qui vont se développer.

Dans la culture anglophone, un des plus vieux sens du mot Anglais « nursing » retrouvé au XIVe siècle siècle évoque également une femme employée à allaiter et à prendre soin des jeunes enfants, « nurse » signifiant d'ailleurs nourrice. À Partir de la moitié du XIXe siècle sous l'influence de Florence Nightingale, le terme nurse désigne, dans les Pays anglo-saxons, une infirmière. Le terme nursing désignant les soins exercés par une nurse, c'est-à-dire : les soins infirmiers.

Au XVe siècle, se développe l'idée de s'occuper ou d'informer quelqu'un d'autre, mais pas seulement des enfants. La philosophie des soins infirmiers modernes s'est développée dans ce dernier sens, l'idée de nourrir faisant référence à la plus large notion d'assistance aux personnes et à la promotion d'une qualité de vie.

Au XVIIIe siècle apparait la notion de « gouverner les malades » avec le premier ouvrage destiné à donner des instructions à toutes les personnes charitables qui donnent des soins à leurs semblables : les mères, les filles, les soeurs, les curés de campagne, les châtelaines. Avant lui, au cours du siècle précédent, Saint Vincent de Paul, Louise de Marillac instruisirent des femmes pour donner des soins à domicile et porter assistance spirituelle aux malades dans les Confréries de la Charité. En 1785, Colombier et Doublet publie un rapport intitulé : Instruction sur la manière de gouverner les insensés et travailler à leur guérison dans les asyles qui leur sont destinés. En 1786, Joseph Carrère, médecin ordinaire du roi publie à son tour un manifeste en faveur de l'instruction des gardes-malades, non plus pour gouverner mais pour servir les malades. Jean Baptiste Pussin, gouverneur des fous et folles de Bicêtre, va concevoir l'idée d'une relation plus humaine pour tous ces malheureux. Quelques années plus tard, en 1795, avec le célèbre aliéniste Philippe Pinel, ils vont libérer les aliénés de leurs chaînes. Après la Révolution, des hommes de bien notamment Condorcet et l'Abbé Grégoire vont également militer en faveur de l'instruction des personnes qui soignent et des soins qu'elles prodiguent. Sous la direction de René Magnon {Les figures marquantes des soins infirmiers. In : La Revue de l'Infirmière n° 134,135, 2007 - 137,138, 2008.}

Au XIXe siècle

La vision sacerdotale du soin

Sœur hospitalière des Hospices de Beaune s'occupant d'un soldat au XIVe siècle.

Avant l'établissement des soins infirmiers modernes tels qu'ils sont pratiqués aujourd'hui, les nonnes et les militaires prodiguaient une forme de soin infirmier. Les origines religieuses et militaires des soins infirmiers modernes restent flagrantes dans beaucoup de pays. Par exemple, en Grande-Bretagne, les infirmières confirmées sont appelées « Sœurs » (« Sisters »).

Florence Nightingale (1820-1910), considérée comme pionnière des soins infirmiers

Les infirmières ont connu des difficultés face à la hiérarchie médicale laissant en héritage la vision que l'action principale d'une infirmière est d'exécuter les directives du médecin. Cette tendance a été contrecarrée par Florence Nightingale dans son ouvrage de référence dans lequel les médecins sont relativement peu mentionnés ou souvent sur un ton de critique : « Pas un homme, y compris un docteur, ne donne jamais une autre définition de ce que devrait être une infirmière — dévouée et obéissante », et en particulier le pouvoir et l'influence de la « blouse blanche ».

L'histoire des soins infirmiers s'est souvent établie durant les temps de guerre. Durant ces périodes ,ils ont connu un développement significatif grâce à Florence Nightingale, travaillant alors à améliorer la condition des soldats impliqués dans la guerre de crimée, posa la première pierre des soins infirmiers professionnels avec certains principes qu'elle évoque dans son ouvrage Notes on nursing. D'autres figures phares ont contribué au développement des soins infirmiers modernes comme Linda Richards ou encore Jeanne Mance. En Amérique du Nord et plus particulièrement au Québec, Jeanne Mance est considérée comme une infirmière pionnière puisqu'elle s'est installée à Montréal afin d'ouvrir un hôpital (Hôtel-Dieu) pour y soigner les indigents. Elle est cofondatrice de la ville de Montréal (Ville-Marie en Nouvelle-France).

Les soins infirmiers modernes

Infirmières en 1915 -

L’évolution des connaissances et des savoir-faire a permis de développer depuis la fin du XIXe siècle de nouvelles techniques d’exploration ou d’actions infirmières en parallèle de l'histoire de la médecine.

En France, vers 1871, peu de temps après les événements de la Commune de Paris, émergent les premières structures d'enseignement laïque et réglementé pour les soins infirmiers, sous l'impulsion du Docteur Désiré-Magloire Bourneville et d'une ordonnance du 28 octobre 1902 incitant les faculté de médecine à prendre en charge leur enseignement.

Le XXe siècle a vu le développement des études au sein de la profession infirmière qui ont servi de base à la diffusion des connaissances. L'apprentissage des connaissances et l'enseignement de la pratique, transmis traditionnellement oralement, se sont structurés sous forme de cours dispensés par des médecins ou des infirmières générales formatrices. C'est en 1922, en France, que les infirmières reçoivent pour la première fois un diplôme d'État. Les soins infirmiers d'alors revêtissent encore une vision sacerdotale, l'infirmière centre ses soins sur le malade, en simple exécutante, la science médicale est réservée au médecin.

Durant les temps de guerre (Première, guerre de Crimée et notamment Seconde Guerre mondiale), la pénurie de médecins voit conférer aux infirmières un glissement des actes ordinairement réservés aux praticiens médicaux. Les soins infirmiers appris et réalisés sont alors diversifiés aux actes invasifs et s'élargissent des simples soins de confort ou d'hygiène prodigués aux malades.

Dans les années 1960, les mouvement de libération de la femme permet aux infirmières, profession alors quasi-exclusivement féminine, de se libérer du carcan de simples exécutantes derrière l'homme/médecin. Les soins dispensés sont entrepris avec davantage d'autonomie, et s'élargissent vers certains processus de réflexion propre à l'infirmière. C'est ainsi que la mise en œuvre de toute intervention en soins infirmiers depuis les années 1960 est soumise à une démarche scientifique nommée processus de soins infirmiers ou encore démarche de soins infirmière.

Au fil du temps, la pensée infirmière s'est structurée sur la base de l'étude des faits (evidence based medicine). Aujourd’hui, le concept de soin infirmier trouve son fondement dans la pratique professionnelle d’une part et d’autre part, dans le cadre philosophique, les modèles conceptuels et théoriques infirmiers. Les soins infirmiers, dont la terminologie a été officiellement employée lors de la première session du Comité d'experts des soins infirmiers de l'OMS en 1950 et dont le premier code de déontologie est publié en 1953, tendent alors à s'ériger en une science. C'est en 1954 que Martha Rogers, alors jeune directrice du département Soins infirmiers au New York University College of Nursing, développa son propre programme de recherches et traita les soins infirmiers comme une science à part entière.

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