Coordonnées | |
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Pays | Finlande |
Région** | Europe et Amérique du Nord |
Type | Culturel |
Critères | (iv) |
Numéro d'identification | 583 |
Année d’inscription | 1991 |
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Le Suomenlinna (en finnois), ou Sveaborg (en suédois), ou Viapori (ancien nom finnois) est une forteresse maritime habitée, construite sur six îles d'Helsinki, capitale de la Finlande. Elle est classée sur la liste du patrimoine mondial par l'UNESCO. Elle est très fréquentée, aussi bien par les touristes que par les habitants de la région.
À l'origine appelée Sveaborg (fort de Svea), elle fut renommée Suomenlinna (fort de Finlande) par les Finlandais pour des raisons patriotiques évidentes.
La Suède, qui détenait alors une grande partie de l'actuelle Finlande, commença la construction en 1748 comme protection contre l'Empire russe. Augustin Ehrensvärd fut chargé des travaux. Le plan de base reprend les préceptes de Vauban, grand ingénieur militaire de l'époque.
En 1703, Pierre le Grand avait fondé une nouvelle capitale, Saint-Pétersbourg, au fond du golfe de Finlande et construit la base navale fortifiée de Kronstadt en 1710. La Russie ne tarda pas à devenir une puissance maritime en mer Baltique et à menacer la position dominante de la Suède dans la région. Après de longs débats, le parlement suédois décida, en 1747, d'ériger des fortifications le long de la frontière russe et d'établir une base navale à Helsinki pour contrebalancer celle de Kronstadt.
La fortification d'Helsinki et de ses îles débuta en janvier 1748. Ehrensvärd avait prévu une série de fortifications indépendantes sur chacune des îles avec, au cœur du complexe, un chantier naval. Les soldats devaient être logés dans les voûtes des fortifications elles-mêmes tandis que des quartiers spécifiques, du même style gothique que l'ensemble des constructions prévues, étaient destinés aux officiers. Le plan le plus ambitieux, un square baroque sur Iso-Mustasaari inspiré de la place Vendôme à Paris, ne fut réalisé qu'à moitié. D'autres bâtiments destinés à l'habitation furent ajoutés au fur et à mesure de l'avancement des travaux.
À la suite d'une alliance entre Alexandre Ier et Napoléon Bonaparte, la Russie lança une campagne militaire contre la Suède et occupa la Finlande en 1808. L'année suivante, la Finlande fut cédée à la Russie en vertu du Traité de Fredrikshamn et devint un grand-duché autonome au sein de l'empire russe. Sveaborg fut rebaptisée Viapori; une période de sept siècles d'occupation suédoise en Finlande prenaient fin.
La forteresse ne fut guère le théâtre de combats. Les Russes avaient aisément pris Helsinki au début de l'année 1808 et commencèrent à bombarder la forteresse. Son commandant, Carl Olof Cronstedt, négocia un cessez-le-feu et, devant l'absence de renforts au mois de mai, l'île fit reddition avec près de 7000 hommes en poste. Les motivations de Cronstedt demeurent peu claires mais le caractère désespéré de la situation, la guerre psychologique menée par la Russie et les craintes pour la vie de nombreux civils sont probablement à l'origine de sa décision.
Une fois la forteresse capturée, les Russes y construisirent des casernes supplémentaires, agrandirent le chantier naval et renforcèrent les lignes de fortifications. La paix qui suivit immédiatement l'annexion russe fut interrompue en 1853 par la guerre de Crimée. Les alliés décidèrent d'attaquer la Russie sur deux fronts et envoyèrent une flotte anglo-française en mer Baltique. L'île fut bombardée deux jours durant et gravement endommagée. Les canons russes ne cédèrent pas et les alliés, après avoir renoncé à faire débarquer leurs troupes, mirent le cap sur Konstadt.
Les fortifications furent restaurées après la guerre. De nouveaux travaux de terrassement accueillant des pièces d'artillerie furent entrepris le long des côtes sud et ouest. Plus tard, à la veille de la Première Guerre mondiale, la forteresse et les îles alentour devinrent partie intégrante des fortifications navales de Pierre le Grand, destinées à protéger sa capitale.
La Finlande récupéra Viapori en même temps qu'elle obtint son indépendance, en 1917, et la renomma Suomenlinna. Une prison y prit place après la guerre civile finlandaise.
Suomenlinna perdit de son intérêt stratégique et, après avoir vu inexorablement diminuer la présence militaire dans ses murs, fut restituée à l'administration civile en 1973. Un département gouvernemental indépendant vit alors le jour pour assurer la gestion du complexe. Il fut brièvement question de lui rendre son ancien nom finnois, Viapori, mais le nom le plus récent fut conservé. La garnison de Suomenlinna accueille l'académie navale de la marine finlandaise et le drapeau de guerre en queue d'hirondelle y flotte toujours.
Suomenlinna est maintenant l'une des principales attractions touristiques d'Helsinki. Elle compte environ 900 habitants permanents et 350 personnes y travaillent. Les travaux de maintenance et de restauration des fortifications sont assurés par une colonie pénitentiaire. L'eau, le chauffage et l'électricité y sont acheminés via un tunnel construit en 1982. Depuis le début des années 1990, le tunnel peut également être emprunté pour les transports d'urgence.