Le titre original du roman de Iain M. Banks, Consider Phlebas, est emprunté à un poème de T. S. Eliot : La terre vaine (The Waste Land). Un extrait de ce poème - datant du début du XXe siècle - est proposé dans les toutes premières pages du roman : le souvenir de la mort du marin phénicien Phlébas.
Le titre original tiré du poème fait une nouvelle apparition comme titre de l'ultime chapitre du roman : Considère Phlébas. Ce chapitre raconte le rapatriement de la dépouille mortelle du héros par l'agent de la Culture Pérosteck Balvéda. Le lecteur est ainsi conduit à faire un subtile parallèle entre la destinée tragique du marin phénicien du poème et la mort du Métamorphe dans le roman : c'est toute la thématique baroque du memento mori et de la vanitéqui transparaît en filigrane. Le sens des actions individuelles se perd dans les méandres incontrôlables de l'histoire des civilisations. Un individu peut-il avoir un impact réel sur le destin d'une civilisation ? Bora Horza Gobuchul aurait-il pu - à lui tout seul - faire perdre la guerre à la Culture ?
Iain M. Banks s'est d'ailleurs exprimé lui-même à ce sujet : « Une forme de guerre raconte l'histoire d'une grande guerre dont différents groupes ou individus tentent de modifier l'issue. Cependant, même lorsqu'ils sont capables d'intervenir sur le cours des événements, rien ne change vraiment. À la fin du roman, j'ai écrit une annexe qui explique ce qui s'est passé après la guerre pour essayer de poser la question suivante : « À quoi est-ce que tout cela a servi ? » J'imagine que cette approche est directement liée à ma propre réaction face au cliché SF du héros solitaire. Vous connaissez cette idée selon laquelle un simple individu pourrait déterminer la direction que prennent des civilisations entières. Une personne seule ne peut vraiment y arriver. Cela donne à réfléchir à ce qui serait arrivé si Jésus Christ, Karl Marx ou Charles Darwin n'avaient jamais existé. Nous n'en savons rien du tout. »
Comme le souligne Gérard Klein dans sa préface : « Un spectre hante le texte. C'est celui de la mort. ». En effet, la mort rôde à chaque chapitre du livre, à l'occasion de chaque nouvelle aventure du héros.
Bora Horza Gobuchul est doublement confronté à la mort : il risque la mort à chacune de ses nouvelles missions et tue lui-même pour prendre la place de ses victimes. La mort est à la fois une menace ultime et une arme indispensable.
Au cours du roman, le héros est impliqué dans un nombre impressionnant de situations où il risque sa vie. Bora Horza Gobuchul
Au-delà de la mort individuelle, c'est bien la mort des civilisations qui est suggérée dans le roman. À la fin du roman, les protagonistes se retrouvent sur une « Planète des morts », une planète dont la population s'est autodétruite lors d'une guerre bactériologique et qui est devenue un sanctuaire à la mémoire des civilisations disparues. Lorsque le héros trouve une carte géographique de la planète Schar telle qu'elle était 11.000 ans plus tôt, il découvre une planète qui ressemble en tous points à la planète Terre, avec ses continents, ses vastes océans, ses paysages et climats variés, ses deux calottes glacières. C'est donc le fantôme inquiétant d'une lointaine civilisation terrienne qui semble hanter la fin du roman, une civilisation terrienne dont le souvenir même a disparu de la mémoire collective, ne faisant place qu'au néant d'une planète déserte. Plus tragique encore pour le héros du récit, Iain M. Banks suggère également la lente mais inéluctable disparition de la population des Métamorphes, de moins en moins nombreux, accusés de toutes les infamies par les autres races humanoïdes de l'univers. En arrivant sur la planète Schar, Bora Horza Gobuchul est doublement confronté au destin : celui de sa propre mort héroïque, mais désespérément inutile, et celui de sa propre race vouée à l'oubli.
Le Métamorphe Bora Horza Gobuchul voue une haine tenace aux humanoïdes de la Culture. Tout au long du roman, il expose les raisons de son mépris en comparant la civilisation de la Culture à celle des Idirans.
Pour ses arguments, voir La_Culture#Choc_des_civilisations
Si Bora Horza Gobuchul oppose tous ces éléments, c'est toujours pour souligner son admiration pour la conception de la vie défendue par les Idirans. Pour Horza, ces créatures tripèdes se battent du côté de la vie biologique, du côté de la vraie vie, celle qui est « malodorante, désuète et faillible ». Le relativisme et la déliquescence des valeurs morales qui caractérisent d'après lui la société de la Culture - qu'il perçoit comme anarchique et décadente - sont à ses yeux la négation même du processus évolutionniste qui devrait être à l'œuvre dans toute civilisation : la distinction de valeurs individuelles mises au service de la communauté. Pire encore, la communauté de la Culture s'est dépossédée de sa propre destinée en confiant son avenir aux machines. Le héros du roman ne se bat pas contre une race ou un État, il lutte contre une idéologie, contre un choix de civilisation qu'il considère comme suicidaire et délétère.
Ces considérations, mêlées au biologisme défendu par le héros du roman, rappellent avec force les critiques du philosophe Friedrich Nietzsche à l'encontre de l'égalitarisme délétère des sociétés modernes, de la démocratie et du socialisme, distinguant finalement une morale des faibles et une morale des forts. C'est justement l'aspect dionysiaque de la vie que défend le héros du roman, quoi qu'il lui en coûte finalement.