Une variété algébrique non-singulière (ou lisse) est une variété dépourvue de point singulier. C'est le cadre naturel de nombre de théorèmes fondamentaux en géométrie algébrique.
Définition
On dit qu'une variété algébriqueX est régulière lorsque son anneau local OX,x est un anneau local régulier pour toutpoint.
Soit X une variété algébrique sur un corps k. Soit
une clôture algébrique de k. On dit que X est non-singulière ou lisse si la variété
obtenue après le changement de base
est une variété régulière.
Exemples
Les espaces affines
et les espaces projectifs
sont non-singulières.
Une courbe planeSpm(k[T,S] / (F(T,S))) est non-singulière si et seulement si les polynômes
n'ont pas de zéro commun dans
(ce qui équivaut à dire qu'ils engendrent l'idéal unité de k[T,S]).
Si k est un corps imparfait (i.e. un corps qui n'est pas parfait), alors il existe
qui ne soit une puissance p-ième, où p est la caractéristique de k. Soit k' = k[T] / (Tp − λ) l'extension radicielle définie par la racine p-ième de λ. Alors Spm(k') est une variété algébrique sur k, régulière mais pas non-singulière.
Remarque Être régulière est une propriété absolue de la variété algébrique, alors qu'être non-singulière dépend du corps de base que l'on considère. Dans l'exemple ci-dessus, Spm(k') n'est pas non-singulière en tant que k-variété, mais elle l'est en tant que k'-variété.
Bibliographie
Propriétés
Si X est non-singulière, alors elle est régulière. L'inverse est vrai si k est parfait.
Critère jacobian: Soit X = Spm[T1,...,Tn] / (F1,...,Fm) une variété algébrique affineconnex de dimensiond. Alors X est non-singulière si et seulement si le rang de la matrice jacobienne Jacx(F1,...,Fm) est égal à n − d pour tout x.
Soit X une variété algébrique complexe (i.e. définie sur le corps des nombres complexes). Soit Xan l'espace analytique complexe associé à X. Alors X est non-singulière si et seulement si Xan est une variété analytique complexe, c'est-à-dire localement biholomorphe à un ouvert d'un
.
Si X est non-singulière et connexe de dimension n, alors X est irréductible et même intègre, et le faisceau des formes différentielles sur X est localement libre de rang n. Autrement dit, c'est un fibré vectoriel de rang n (appelé le fibré cotangent) sur X.
Structure locale: Contrairement aux variétés analytiques complexes ou différentielles, une variété algébrique, même non-singulière, n'est pas localement (pour la topologie de Zariski) isomorphe à un ouvert d'un espace affine. Mais cela devient vrai si l'on remplace la topologie de Zariski par la topologie étale. En termes plus concrets, tout point d'une variété algébrique non-singulière possède un voisinage ouvert (de Zariski!) qui est un revêtement étale d'un espace affine. En géométrie algébrique, un rêvetement étale est un morphisme plat et non-ramifié.