Voûtement de la Senne - Définition

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Les projets d’épuration

Bâtiment de la grande Écluse

Les premières études et propositions datent de 1859, durant les années suivantes différentes commissions d’ingénieurs seront mises en place pour les examiner. Plusieurs dizaines de projets, certains irréalisables, seront remis. Certains préconisent d’épurer la rivière en y amenant de grandes quantités d’eau et de l’aménager en améliorant le réseau de collecteurs d’égout, qui seraient soit immergés, soit placés sous de nouveaux quais. Il est aussi proposé de la détourner hors du centre en utilisant le bras extérieur de la petite Senne, lequel serait élargi. D’autres considérant l’épuration impossible remettent différents projets de voûtement de la Senne. L'un d’entre eux propose de doubler le collecteur souterrain par un tunnel ferroviaire, prémonitoire, l’idée venue trop tôt, préfigure la future jonction Nord-Midi.

C’est finalement au conseil communal qu’il appartient de désigner le projet final, c’est celui de l’architecte Léon Suys, soumis en 1865 et soutenu par le bourgmestre Jules Anspach qui sera choisi. Il s’agit, après avoir supprimé le bras secondaire de la Senne en fermant la petite écluse, de canaliser la rivière dans des conduits souterrains placés sous une suite de boulevards rectilignes de 30 mètres de large, en forme de Y, de la grande écluse, près de la gare du Midi au temple des Augustins (actuelle place De Brouckère), puis d’une part vers la gare du Nord (actuelle place Rogier), de l’autre vers le boulevard d’Anvers.

La Senne en surimpression sur le plan actuel de la ville

La détermination d'Anspach en faveur des plans de Suys n’est pas sans arrières-pensées, bien au-delà du problème de l’assainissement de la Senne, le projet a l’avantage de répondre à plusieurs de ses préoccupations. Son ambition est de transformer profondément cette partie, insalubre, du bas de la ville en un centre d’affaires digne d’une capitale moderne. Il s’agit d’attirer vers le centre une population plus fortunée qui depuis le succès de la création du quartier Léopold et de l’avenue Louise se détourne des vieux quartiers en faveur des communes des faubourgs, ce qui cause un important manque à gagner fiscal pour la ville. La suppression des nombreuses ruelles et impasses du quartier, vues comme des entraves à l’hygiène et à la circulation, en faveur d’une large voie reliant les deux gares en pleine expansion, apparaît comme une nécessité et un facteur d’embellissement. Une loi récente votée au parlement, permet l’expropriation par zones, pour cause d’utilité publique, c’est-à-dire, de vider de ses habitants, facilement et à bas prix, des quartiers entiers, bien au-delà des superficies strictement nécessaires aux travaux, ce qui permet de transformer l’entreprise en opération spéculative, la plus-value importante obtenue lors de la revente des terrains devant permettre de financer les travaux. Le sort des populations modeste chassées de leurs logements et forcées d’aller s’installer dans d’autres quartiers déjà surpeuplés, ou de quitter la ville pour les faubourgs, ne préoccupe pas grand monde à l’époque, d’autant plus qu’elles ne payent pas d’impôts et ne disposent pas du droit de vote.



Détournement de la Senne et assainissement

Si le voûtement réalisé au XIXe siècle a résolu les problèmes sanitaires et d’inondations dans la vieille ville, ce n’est pas le cas dans les communes périphériques. La Senne est toujours fortement polluée malgré les travaux d’égouttages et les déversoirs dans le canal ne suffisent pas à supprimer totalement les crues qui affectent encore régulièrement certains quartiers.

En 1930 est créé une société intercommunale dont l’objectif est de réaliser la canalisation de la Senne dans des collecteurs souterrains dans la quasi-totalité de sa traversée de l’agglomération bruxelloise. Dans le centre, la rivière sera détournée des boulevards centraux et longera le canal sous les boulevards extérieurs de la petite ceinture. Ralentis par la guerre et les travaux de la jonction Nord-Midi, l’ensemble ne sera terminé qu’en 1955.

La Senne à la sortie de la station d'épuration nord

Les pertuis désaffectés des boulevards centraux faciliteront plus tard la réalisation, par-dessous, de la ligne Nord-Sud du prémétro, inaugurée en 1976. Le creusement de la ligne à partir des collecteurs a permis de limiter au maximum les nuisances en surface. Depuis, les anciens conduits servent de bassin d'orage. La fontaine Anspach sera déplacée dans le quartier des quais.

L’épuration des eaux usées de la Région de Bruxelles-Capitale ne sera réalisée qu’au XXIe siècle par la construction de deux stations d’épuration. La station sud qui traite les eaux rejetées par 360 000 habitants, et la station nord, mise en service en mars 2007 et située à la limite de la région, entre Senne et canal, qui est capable de traiter les eaux usées de 1 100 000 habitants et doit enfin permettre d’assainir la Senne, source d’une grande partie de la pollution de l’Escaut, en aval.

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