L’abbaye Saint-Alban devant Mayence a été, plusieurs siècles durant, l’un des monastères les plus importants de l'Ordre de saint Benoît en Europe. Elle était située devant Mayence, dans le Saint-Empire romain germanique.
Cette abbaye a pris la succession d'un monastère bénédictin qui se dressait naguère sur le Mont Saint-Alban au sud de Mayence. Dès la seconde moitié du Ve siècle, il y avait à cet endroit une église à nef unique dédiée à Alban de Mayence, dont les dimensions en plan étaient de 13 × 28 m, et à laquelle une communauté monastique aisée, d’obédience columbanienne (entretenant des relations avec Saint-Gall) a dû être rattachée (l'épitaphe d'un certain abbé Pertram faisant foi) au plus tard au VIIe siècle. Une nouvelle chapelle plus importante fut érigée et consacrée le 1er décembre 805 par l’archevêque Richulf de Mayence (787–813). La congrégation était peut-être alors déjà convertie à l'obédience bénédictine dans la mouvance de la réforme monastique prônée par Benoît d'Aniane. Le rayonnement spirituel de l’abbaye franque se reflètait déjà au travers de la taille peu ordinaire de la nef ; mais l’abbaye carolingienne à trois nefs consacrée le 1er décembre 805 par Richulf rejoignait par ses dimensions la cathédrale carolingienne de Cologne et demeura jusqu'à la construction de la cathédrale de Mayence par l'archevêque Willigis la plus grande église du pays (largeur de la nef centrale env. 12,40 m, largeur des collatéraux de 6,20 m).
Le monastère était célèbre pour son école pietate doctrinaque inclinatum et sa somptueuse abbaye. L’école dépendait de l’Académie palatine, où l’archevêque Richulf aussi bien que l’archevêque Raban Maur, né en 780 à Mayence, avaient reçu leur instruction. Si au moins une partie de la production des manuscrits du Haut Moyen-Âge de provenance mayençaise, et qui présente des traits bien reconnaissables, a dû être localisée à Saint-Alban, il semble toutefois que le scriptorium proprement dit se trouvait dans la cathédrale.
La plus vieille église remonte au Bas-Empire : c'était une église d'une seule nef, dont l'assiette était d'environ 50:100 pieds romains. La basilique carolingienne, consacrée en 805, comportait trois nefs (une nef centrale et deux collatéraux) et deux absides de construction plus tardive (sans doute 1114). À l'ouest, outre un vestibule ménagé dans la nef, se tenait la chapelle Saint-Michel, encore dépourvue de tour. Les deux tours de la façade ouest qui apparaissent sur des gravures postérieures ont été ajoutées à l’époque romane. Le chœur gothique construit entre 1300 et 1500 était d'une taille exceptionnelle. Le plan du monastère de Schloss Johannisberg comporte des similitudes avec l'abbaye-mère de Saint-Alban.
Par suite de la perte des lettres de donation du Haut Moyen-Âge, on ne peut reconstituer qu'en partie l'histoire des propriétés de l'abbaye, mais des actes conservés hors de l'électorat (par exemple à Fulda) permettent d'établir que dès avant les constructions de l'archevêque Richulf, la congrégation jouissait déjà d'importants domaines autour de Mayence, par exemple à Bodenheim, Laurenziberg près de Gau-Algesheim, mais aussi dans la région de Worms (attesté dès le milieu du VIIIe siècle). La toponymie donne des indices supplémentaires et témoigne d'anciennes propriétés le long d'un croissant passant au sud-est de Mayence et allant jusqu'au sud de Francfort, dans le Wetterau, aux confins de la Saxe Hessoise et de la Thuringe, ainsi qu'en Moyenne-Franconie. Il ressort des premiers diplômes du monastère de Sarmsheim que l'ancien diocèse de Mayence s'étendait jusqu'au Hunsrück. La seigneurie y était détenue par l'abbaye de Saint-Alban. Vers 900, l'usufruit avait été transféré de la cour de Sarmundesheim au monastère. Ces terres, avec le bailliage de Sarmundesheim, étaient confiées aux comtes silvestres et aux comtes palatins, puis par la suite au prince-archevêque. En 1184 le pape Lucius III (1181–1185) accorde à l'abbé Heinrich toutes ces possessions, dont 22 églises et deux chapelles. Les droits de l'abbaye ont été confirmés à la demande de l'abbé, en 1213 par l'archevêque Siegfried II von Eppstein (1200–1230) et en 1325 par Matthias von Bucheck (1321–1328) du chapitre canonial.
Le pape Boniface IX (1389–1404) confirme encore ces droits en 1402.
Vers 1100 l'archevêque Ruthard offre à l'abbaye bénédictine des vignobles du Rheingau, naguère appelés Bischofsberg. Les moines devaient y fonder une nouvelle communauté. Le nouveau monastère fut consacré à Saint Jean et, sous le nom de Schloss Johannisberg, est devenu un cépage mondialement connu.
Le précieux sacramentaire du scriptorium de l'abbaye fait partie la collection de manuscrits rares de la bibliothèque du diocèse de Mayence. Quelque manuscrits de la bibliothèque de Saint-Alban sont consultables sur la bibliothèque “Martinsbibliothek”.