Abbaye de Saint-Gilles | |||
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Latitude Longitude | |||
Pays | France | ||
Région | Languedoc-Roussillon | ||
Département | Gard | ||
Ville | Saint-Gilles | ||
Culte | Catholique romain | ||
Type | Abbaye | ||
Début de la construction | VIe siècle | ||
Fin des travaux | XVe siècle | ||
Autres campagnes de travaux | Reconstruction partielle : XVIIe siècle Restauration générale : 1842-1868 | ||
Style(s) dominant(s) | Roman provençal | ||
Protection | Monument historique : 1840 Patrimoine mondial : 1998 | ||
Localisation | |||
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L'abbaye de Saint-Gilles est un ancien monastère bénédictin situé à Saint-Gilles, dans le département du Gard. Il s'agissait de l'un des deux grands prieurés, avec celui de Toulouse, de la langue de Provence, l'une des divisions de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem.
L'abbatiale fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis 1840. |
Ce monastère est construit au VIIe siècle, initialement dédié à saint Pierre et saint Paul, puis au IXe siècle à saint Gilles, un ermite local. Ses reliques, conservées dans l'église abbatiale, en font un important lieu de pèlerinage sur la via Tolosane vers Saint Jacques de Compostelle.
À la fin du XIe siècle, sous l'influence du pape Grégoire VII, le monastère de Saint-Gilles est rattaché à Cluny. Il connait, en ce temps-là, une période de grande prospérité. Cette protection et les reliques assurant de bons revenus à la communauté, un projet de construction d'une nouvelle église est alors lancé. Ce chantier se déroule essentiellement au XIIe siècle, époque à laquelle est sculptée la façade, tandis que les derniers travaux ne sont achevés que bien plus tard (le transept au XIVe siècle et le clocher au XVe siècle).
L'église, dévastée en 1562 par les huguenots, souffre des guerres de religion. Elle subit une restauration et une finition sommaire au XVIIe siècle, puis une nouvelle restauration plus générale des monuments entre 1842 et 1868.
Le tombeau de saint Gilles ne sera redécouvert qu'en 1865. Le pèlerinage, quant à lui, ne reprendra que plus tardivement, en 1965.
Depuis 1998, la façade de l'abbatiale est inscrite au Patrimoine Mondial de l'UNESCO, au titre d'étape sur les Chemins français de Saint-Jacques de Compostelle.
A l'instar d'autres édifices religieux romans, la façade de l'abbaye de Saint-Gilles peut être considérée comme un véritable « livre de pierre » à destination des fidèles, souvent illettrés à l'époque de son édification. Réalisée par les moines de l’abbaye entre 1120 et 1160 (40 ans de travaux à elle seule), la façade demeure un chef d’œuvre reconnu d’art roman provençal et ce malgré ses nombreuses détériorations.
Elle offre un programme riche et varié :
Les éléments architecturaux de décoration sont quant à eux inspirés de l’art antique : chapiteaux corinthiens, soubassement cannelé, oves et centaures…
Notons que la complexité de cette façade réside essentiellement dans la multiplicité de ses inspirations (romane, antique, orientale).
La fondation de la crypte, ou église basse, et du tombeau de saint Gilles remonte au début du IIe millénaire. On estime que ce lieu représentait à l'époque, en terme d'affluence, le quatrième lieu de pèlerinage de la chrétienté après Rome, Jérusalem et Saint-Jacques de Compostelle. Des pèlerins du monde entier convergaient alors autour du tombeau pour commémorer la vie de l’ermite.
Du point de vue de sa conception, la crypte mesure 50 mètres de long par 25 mètres de large à son extrémité ouest, correspondant aux 2 travées restantes du collatéral nord. Elle est divisée, comme une église classique, en 3 nefs de 6 travées chacune (excepté, donc, pour le collatéral nord, comblé partiellement afin de soutenir l’église haute). La travée centrale est la plus riche d’un point de vue architectural : revêtement cannelé, arcs diagonaux avec rubans plissés et clé de voûte ornée d’un Christ souriant et bénissant... La confession, quant à elle, ne fut dégagé qu’au XIXe siècle lorsque l’on redécouvrit par la même le tombeau du saint.
Ce fut l’abbé Goubier qui, en 1865, y déchiffra du latin l’inscription suivante :
« Dans ce tombeau repose le corps du bienheureux Gilles ».
La partie haute de l'abbaye a énormément souffert des démolitions, protestantes comme révolutionnaires. Les seuls éléments originaux demeurant du XIIe siècle sont les piliers corinthiens. Les voûtes sur croisées d’ogive datent elles de la grande restauration du XVIIe siècle, tout comme la plupart des tableaux ornant les collatéraux. Le tableau central, dans le choeur, représente la rencontre entre Gilles et Wamba (Doze, 1878).
Les ruines de l'ancien choeur offrent une perspective saisissante de ce que fut l’abbatiale du XIIe au XVIe siècle : on peut notamment observer l’épaisseur des murs d’époque ainsi que la structure des trois nefs qui ont été brusquement « tronquées ». Cette impression de gigantisme s'accentue lorsque l'on sait que la longueur originale de l’abbaye était de 98 mètres, contre moins de 50 aujourd’hui.
Dans l’abside, tout autour du déambulatoire semi-circulaire, l’on trouve cinq petites chapelles rayonnantes. Au centre du chœur se tient l’autel et la statue du pape Clément IV, natif de Saint-Gilles, ajoutée tardivement. Près de la Vis demeurent un pilier roman ainsi qu’un demi œil-de-boeuf, relativement bien conservés.
La célèbre Vis de Saint-Gilles présente une œuvre architecturale unique pour son époque. Elle se présente sous la forme d'une structure hélicoïdale, ou « en colimaçon ». Ironie du sort : au XIIe siècle, cet escalier n’était en réalité qu’un simple escalier de service, probablement utilisé par les moines afin de se rendre dans les combles de l’église et atteindre le campanile.
Notons qu'il s’agit là d’une étape du tour de France des compagnons tailleurs de pierre, comme peuvent en témoigner de nombreuses inscriptions, remontant pour certaines au XVIIe siècle.