Bien que le mobilier d’origine de Saint-Trophime ait été en grande partie détruit à la Révolution, des pièces très intéressantes sont présentées dans cette église ; En effet, suite à la restauration effectuée au XIXe siècle sous la direction de Révoil, l’église est décorée par des œuvres provenant de différentes églises supprimées à la Révolution.
Des tapisseries d’Aubusson du XVIIe siècle représentant le cycle de la vierge Marie sont exposées sur les murs nord et sud des bas côtés. Dans le bas côté droit en se dirigeant vers le chœur on trouve successivement une tapisserie composée qui représente à gauche la conception de la vierge et à droite le couronnement, puis la dormition, la déploration de Marie ou le stabat mater, les noces de Cana et enfin Jésus au milieu des docteurs. Dans le bas côté gauche sont placées l’annonciation et la visitation, la naissance de Jésus, l’adoration des rois mages et la présentation au temple.
Une dixième tapisserie de ce cycle représentant la naissance de Marie est placée dans une salle du cloître.
Les tableaux les plus remarquables sont trois toiles toutes peintes en 1614 par Louis Finson (ou Finsonnius), peintre flamand de passage en Provence au XVIIe siècle.
Le premier tableau représente la lapidation de saint Étienne et se trouve sur l’arc triomphal séparant la nef du chœur. Cette œuvre, restaurée en 1877, comporte deux parties. Au sommet Dieu le père est représenté vêtu d’une robe pourpre, assis sur un nuage avec auprès de lui Jésus-Christ, la Vierge et deux groupes d’anges. En bas saint Étienne est à genoux au milieu de ses bourreaux ; une femme en bas à droite du tableau apporte des pierres dans son tablier.
Le deuxième tableau se trouve dans la chapelle des rois ainsi appelée car cette peinture représente l’adoration des mages. Il a été commandé par l’archevêque Gaspard de Laurens pour être placé dans cette chapelle qu’il venait de faire construire. L’archevêque serait représenté sous les traits du roi mage le plus proche de la Vierge, avec sur sa poitrine les armoiries de sa famille. Le tableau est inspiré de l’évangile selon saint Mathieu et rappelle que le Christ est venu pour toutes les nations. Pour André Villard ce tableau a des reflets véritables de l'éclat de Rubens.
Enfin le troisième tableau placé à l’ouest du transept nord représente l’Annonciation.
![]() Adoration des rois mages. | ![]() Lapidation de saint Étienne. |
Dans le croisillon sud, côté ouest, une peinture sur bois exécutée à la fin du XVIe siècle par un artiste anonyme représente probablement un concile provincial d’évêques placé sous le patronage de la Vierge Marie avec l’enfant Jésus et de saint Étienne placés au centre pour juger l’évêque de Riez, le sixième à partir de la gauche, qui avait dilapidé l’argent de l’église.
Dans le collatéral sud se trouve un tableau de saint Trophime attribué par l’abbé Paulet au peintre Jean-Baptiste Fouque.
Trois sarcophages paléochrétiens sont apportés dans l’église au XIXe siècle.
Le premier date du IVe siècle et a été encastré dans le mur latéral nord, à hauteur de la deuxième travée, et a servi de fonts baptismaux. Il est composé de deux registres superposés décorés de sept arcades à frontons cintrés et triangulaires. Les faces latérales comportent également deux registres superposés.
Le deuxième sarcophage en marbre de Carrare datant également du IVe siècle est placé en 1832 dans la chapelle saint Genest, côté nord du transept. Il représente le passage de la mer rouge par les Hébreux. Au dessus de ce sarcophage qui sert d’autel, se trouve le retable de l’Assomption.
Le troisième sarcophage décore l’autel de la chapelle du Saint-Sépulcre où il a été apporté en 1804. C’est le sarcophage de Geminus, administrateur du Trésor des cinq provinces, ayant exercé ses fonctions à Vienne puis à Arles lorsque y fut transférée vers 395 la préfecture du Prétoire. En marbre de carrare, ce sarcophage a une composition unique à Arles. Il est divisé en trois niches par des pilastres cannelés : dans celle du centre est représenté le Christ barbu avec au dessus se sa tête une croix, dans celle de droite saint Pierre et celle de gauche saint Paul ; une autre interprétation est possible : le Christ serait entouré de deux représentations du défunt Geminus soumis à l’Évangile (à gauche) et à la croix (à droite).
Dans la chapelle du Saint-Sépulcre se trouve, au dessus du sarcophage de Geminus, un relief en marbre représentant la mise au tombeau et provenant de l’église des frères prêcheurs (Dominicains). Ce groupe se compose de dix personnages : au premier plan, le cadavre du Christ étendu sur un linceul est entouré par Joseph d’Arimathie et Nicomède. Derrière eux la vierge Marie entourée de Marie Salomé et Marie épouse de Cléophas. A droite sainte Marie Madeleine porte un vase à parfum et à gauche saint Jean tient la couronne d’épines. Deux anges portant les instruments de la passion entourent le groupe.
Dans la chapelle Saint-Genest, au nord du transept, se trouve au dessus du sarcophage représentant le passage de la mer rouge, un bas relief en marbre blanc représentant l’assomption de la Vierge et provenant de l’église des grands Carmes. Douze apôtres sont représentés autour du tombeau ouvert. Ils sont vêtus de grandes tuniques, certains désignent le tombeau vide, d’autres montrent du doigt le ciel. Au dessus la vierge est entourée d’anges qui lui posent une couronne sur la tête.
Une magnifique statue en marbre blanc de la Vierge, commandée en 1618 au sculpteur génois Leonardo Mirano, orne la chapelle qui lui est dédiée à l’extrémité est du chœur. Elle était primitivement placée dans l’église Saint-Honorat-des-Alyscamps. Elle est vénérée sous le nom de Notre Dame des grâces.
On peut enfin signaler dans la chapelle des rois, la présence d’une chaire en marbre polychrome dessinée par Révoil et sculptée par Jules Cantini
Dans la chapelle du Saint-Sépulcre se trouvent à gauche un tombeau avec un gisant du cardinal Pierre de Foix (1386-1464) et à droite celui de Robert de Montcalm (. -1625) avec la devise « L’innocence est ma forteresse » et quatre niches dans lesquelles se trouvaient de jolies statuettes représentant la foi, l’espérance, la charité et la justice.
Dans la chapelle des rois est placé le tombeau de l’archevêque Gaspard du Laurens réalisé par le sculpteur arlésien Jean Dedieu.
Les neuf fenêtres du chœur, murées à la Révolution, ont fait l’objet à la fin du XIXe siècle d’un ambitieux programme sous la conduite de Révoil qui envisageait la mise en place de vitraux dans toutes ces fenêtres. Pour en dessiner le programme iconographique, l’architecte s’adresse à Édouard Didron (1836-1902) peintre verrier et restaurateur déjà réputé pour ses œuvres à Marseille et Montpellier. Faute de moyens financiers, seuls trois vitraux seront réalisés en 1877 par Maréchal ; ils représentent au centre la Vierge et saint Trophime, à gauche saint Étienne et saint Virgile et à droite saint Honorat et saint Genés.
![]() Saint Étienne et saint Virgile | ![]() La vierge et saint Trophime | ![]() Saint Honorat et saint Genés |