L'ADSL peut parfois se révéler délicat à mettre en œuvre sur certaines lignes d'abonné. La bande de fréquences utilisée par les sous-porteuses de l'ADSL couvre en effet à peu près le domaine des fréquences radio correspondant aux « grandes ondes » et aux « ondes moyennes ». Tous ceux qui ont eu un jour la curiosité d'écouter ces gammes d'émission, de plus en plus délaissées au profit de la modulation de fréquence, ont pu constater que la réception est en général de qualité médiocre, avec des variations de signal parfois importantes, et des craquements et sifflements qui résultent des perturbations extérieures. De ce point de vue, une communication ADSL peut être considéré comme une « transmission radio ondes moyennes sur ligne téléphonique » et elle est donc sujette aux mêmes distorsions et perturbations.
En fonction du trajet emprunté par une ligne d'abonné entre le domicile et l'autocommutateur public, il n'est donc pas rare que des perturbations ponctuelles ou permanentes affectent les signaux ADSL. Si elles sont d'une nature continue, ces perturbations sont détectées et évaluées par les équipements ADSL au moment de la synchronisation, et les sous-porteuses correspondantes sont délaissées au profit de sous-porteuses plus fiables. À titre d'exemple, on constate que quasiment aucun équipement ADSL installé dans l'agglomération de Rennes n'utilise la sous-porteuse d'indice 165 car cette sous-porteuse est perturbée par les émissions de l'émetteur ondes moyennes de Rennes Thourie sur 711 kHz.
Mais les perturbations les plus gênantes pour les communications ADSL sont celles que l'on classe dans la catégorie du « bruit impulsionnel », car elles sont trop rapides pour être prises en compte efficacement par le dispositif de redistribution des données entre les sous-porteuses. Ce type de perturbation résulte en général d'un défaut d'antiparasitage d'un dispositif électrique : moteur de deux-roues, moteur électrique de lave-linge, pompe de chaudière, gradateur de lampe halogène, four à micro-ondes, néon défectueux… Mais il existe parfois des causes plus inattendues : une pluie d'orage sur une ligne téléphonique aérienne entraîne également ce type de perturbation du fait de la charge électrique accumulée par les gouttes de pluie. D'autres perturbations peuvent être provoquées par une ligne téléphonique adjacente qui fonctionne dans des conditions anormales, par un mauvais fonctionnement de l'éclairage public des rues, ou encore ou par un filtre défectueux au niveau de l'armoire de brassage située dans le bâtiment de l'autocommutateur public. Ces perturbations peuvent affecter la communication en tout point du trajet physique de la ligne d'abonné, et être suffisamment gênantes pour entraîner des pertes de synchronisations répétées, suivies d'autant de tentatives de rétablissement de la connexion. Dans de telles conditions, la communication devient rapidement inexploitable.
Ces phénomènes très complexes, heureusement rares, sont souvent mal perçus par les abonnés, qui ne comprennent pas que leur fournisseur d'accès ne soit pas toujours en mesure de faire le nécessaire pour que leur abonnement ADSL fonctionne de manière satisfaisante. De ce point de vue, pour un faible pourcentage d'abonnés, l'ADSL reste une technologie dont la fiabilité est aléatoire, et on peut sans doute prédire un succès considérable aux prochaines offres d'abonnement basées sur une transmission optique (FTTH) car cette technologie est remarquablement immune aux perturbations électromagnétiques. Outre un niveau de performances bien supérieur en termes de débit, ces offres devraient donc apporter aux abonnés le niveau de fiabilité qui manque parfois à l'ADSL.