Le bullying, ou harcèlement, intimidation, vient d'un anglicisme et néologisme anglo-saxon forgé à partir du substantif bully (« brute » ou « tyran ») qui désigne « une violence à long terme, physique ou psychologique, perpétrée par un ou plusieurs agresseurs (bully) à l'encontre d'une victime (bullied) dans une relation de domination». Fréquemment utilisé pour décrire des comportements de harcèlement en milieu scolaire, il est caractérisé par l'usage répété, non seulement de la violence physique, mais également de moqueries et autres humiliations.
Dans le milieu scolaire, « bullying » est parfois traduit en français par « harcèlement scolaire », ou encore « harcèlement et brimades ». Les Canadiens francophones utilisent quant à eux fréquemment le mot « intimidation », pour décrire les mêmes phénomènes. Le harcèlement au travail, qui présente des caractéristiques proches, sinon similaires au bullying, est parfois désigné sous le nom de « mobbing ».
Le « cyberharcèlement », « cyberintimidation », ou « cyberbullying » est une variante récente reposant sur l'usage d'internet et des nouvelles technologies de communication.
Le concept de « bullying » a été forgé au début des années 1970 par le psychologue Dan Olweus à l'occasion d'études réalisées dans des établissement scolaires scandinaves, à l'issue desquelles il a établi trois caractères permettant de définir le bullying :
Le dernier point exclut donc les conflits (bagarres et disputes) entre élèves : pour qu'il y ait bullying, il faut que la victime ne soit pas, ou ne se considère pas comme étant en situation de se défendre. La pratique du bullying est inséparable de la mise en place d'une situation de domination.
Si la violence physique constitue bien l'une des formes prises par le bullying, celui-ci ne saurait se restreindre à ce type de passage à l'acte. Dans la définition qu'il en donne, Dan Olweus indique que doivent être considérées comme des formes de bullying, au même titre que les menaces physiques : les moqueries, l'ostracisation, ou encore la propagation de fausses rumeurs à l'encontre de la victime, si tant est que celles-ci visent à la faire rejeter par les autres.
Les formes traditionnelles de harcèlement comme les insultes, le racket, les jeux dangereux (le jeu du taureau, la gard'av, le jeu de la couleur, jeu du foulard...) tendent à céder la place à des pratiques comme le happy slapping ou le « cyberbullying », abordé plus bas.
Les profils d'« intimidateurs » (bully) et de victimes (bullied) seraient suffisamment différenciés pour ne pas être interchangeables : « les intimidateurs ne sont pas des victimes à d'autres moments, et [...] les victimes n'ont pas tendance à manifester de comportements d'intimidation envers les autres », notent les auteurs du rapport sur le bullying chez les écoliers canadiens. D'autres études semblent pourtant indiquer qu'il existe un nombre important de victimes/agresseurs : entre 20 % et 46 % des victimes de bullying reproduiraient ces mêmes types d'agressions qu'ils ont (eu) à subir.
La liste des effets possibles du harcèlement sur la victime est longue :
Outre les effets à court terme, le harcèlement scolaire peut avoir des conséquences importantes sur le développement psychologique et social de l'enfant et de l'adolescent : sentiment de honte, perte d'estime de soi, difficulté à aller vers les autres avec le développement de conduites d'évitement..
Selon une enquête anglaise, 61 % des victimes de bullying auraient des idées suicidaires.
À l'issue des études réalisées en Scandinavie, Dan Olweus est parvenu aux résultats suivants :
« [...] environ 15 % des élèves des écoles primaires et secondaires de premier cycle de Scandinavie (âgés à peu près de 7 à 16 ans) sont impliqués assez régulièrement dans des problèmes de brimades, soit comme tyrans, soit comme victimes, ou les deux. Environ 9 % sont des victimes et 7 % persécutent d’autres élèves de façon périodique. Une proportion relativement faible de victimes (15 à 20 %) brutalisent elles-mêmes d’autres enfants. »
Ces chiffres sont sans doute en dessous de la réalité, beaucoup d'enfants n'osant pas avouer qu'ils sont victimes de brimades et de harcèlements de la part de leurs camarades : une étude réalisée en Irlande en 1997 a ainsi établi que « 65 % des victimes dans les écoles primaires et 84 % des victimes dans les écoles secondaires n'avaient pas avoué à leurs professeurs qu'ils étaient persécutés. »
Les problèmes de bullying ont été étudiés dans la plupart des pays industrialisés, depuis l'Angleterre jusqu'au Japon, en passant par l'Australie ou le Canada.
Une enquête réalisée en France en 2009 auprès de 3000 collégiens montre que qu’environ 10% des élèves reconnaissent avoir été régulièrement harcelés tandis que 5% se reconnaissant comme régulièrement harceleurs.
Le problème majeur vient de la difficulté des victimes à extérioriser leur souffrance (honte, culpabilité, peur de représailles...). Dans une étude de 2004, une victime sur quatre déclare n'avoir parlé à personne de sa situation, 40 % à aucun adulte.
Lutter contre le bullying demande avant tout de sensibiliser les élèves et le personnel scolaire afin de permettre de parler du phénomène. Aussi ce phénomène ne peut souvent exister que parce que les autres élèves et les enseignants assistent au harcèlement sans réagir ou en le minimisant. Les programmes de prévention doivent avant tout inciter l'entourage à se confronter au problème au lieu de l'ignorer. par exemple, un jeu 3D mis au point par des chercheurs et intitulé « N'aie pas peur » met les enfants en situation de protecteurs d'une victime de bullying et permet d'apprendre la conduite à tenir, notamment à faire la différence entre délation et non-assistance à personne en danger.
Par ailleurs, au niveau des établissements scolaires, il est nécessaire que l'établissement se positionne sur le problème en mettant en place une politique claire de prévention et de sanctions. En effet, les études mettent fréquemment en évidence une tendance des adultes de référence de l'enfant (enseignants, personnels de direction, parents..) à « fermer les yeux » sur le problème. Tandis que la France est extrêmement en retard sur le sujet (à l'exception d'un rapport de 2007 intitulé Les « jeux » dangereux et les pratiques violentes) d'autres pays sont plus avancés (il y a un National Anti-Bullying Day au Royaume-Uni).