Le Camp Joffre, dit « Camp de Rivesaltes » a été fondé en 1938. De 1939 à 2007, ce camp militaire a accueilli diverses structures de regroupement de civils ou de militaires vaincus.
Alors même qu’arrivent les premiers internés le 14 janvier 1941 le statut du camp et des hommes qui y sont adressés n’est pas encore fixé. Il est décidé qu’il s’agit d’un « centre d’hébergement » pour familles. D’abord envisagé pour un maximum de 17 000 « hébergés », il aligne 150 grandes baraques d’habitation soit une contenance de 10 000 individus. La particularité du lieu est de rassembler des familles mais sans les regrouper : il est des baraques pour les hommes, d’autres pour les femmes et les enfants. Au 31 mai 1941, le camp compte 6 475 internés de 16 nationalités principales ; plus de la moitié est espagnole, les juifs étrangers représentent plus du tiers.
En 1938, à quelques kilomètres de Perpignan, aux quatre cinquièmes sur la commune de Rivesaltes et au cinquième sur celle de Salses, est construit le camp militaire « Camp Joffre ».
Suite à la Retirada, est envisagé de verser au Camp Joffre plus de 15 000 réfugiés catalans. Cela reste à l’état de projet, même si de plus faibles flux ont lieu (1939)
Le 10 décembre 1940, la Défense met à disposition 600 hectares au Sud du camp militaire, afin de regrouper les individus expulsés d’Allemagne. La partie militaire du camp fonctionne ensuite parallèlement aux camps civils.
L’armée allemande quitte Rivesaltes le 19 août 1944.
Tandis que la partie militaire du camp de Rivesaltes reprend sa vocation initiale, est instauré le Centre de séjour surveillé de Rivesaltes (12 septembre 1944). Concentrant sur l’îlot Q les personnes internées dans le cadre de l’épuration, ce nouveau camp dispose d’une capacité maximum de 1 080 internés.
Le centre continue de recevoir des ressortissants d’autres pays européens : les espagnols, internés pour passage clandestin de la frontière, assurent ainsi les travaux nécessaires à la sécurisation du centre ; en janvier et mars 1945 viennent plusieurs centaines de réfugiés soviétiques ; etc.
La dissolution du centre intervient le 10 décembre 1945, et sa liquidation est achevée aux premiers jours d’octobre 1946.
Le 26 août 1942 à cinq heures du matin commencent les opérations de ramassage des Juifs étrangers de la zone sud et leur regroupement au Centre national de Rassemblement des Israélites de Rivesaltes. Ce dernier est installé aux îlots J (femmes et enfants) F (hommes ; antérieurement dédié aux travailleurs) et K (réception, criblage et triage). Il est prévu pour un effectif de 10 000 internés composé de familles et une durée de 15 jours. Y sont d’abord regroupés les 1 176 juifs déjà au centre.
Les convois pour Drancy partent le 11 août (400 personnes), le 23 août (175 personnes), le 1er septembre (173 personnes), le 4 septembre (621 personnes), le 14 septembre (594 personnes), le 21 septembre (72 personnes), le 28 septembre (70 personnes), le 5 octobre (101 personnes) et le 20 octobre (107 personnes).
Serge Klarsfeld note que du 4 septembre au 22 octobre, le camp de Rivesaltes a joué le rôle de "Drancy de la zone libre". Il a été le camp de rassemblement de tous les Juifs arrêtés dans la zone libre et le camp de transit vers Drancy, pour beaucoup de ces Juifs (environ 1 700).
En novembre 1942, dans le cadre de l’invasion de la zone libre, les troupes allemandes s’installent au camp Joffre. En conséquence, le centre d’hébergement est liquidé au 25 novembre. À cette date, il comptait 277 membres du personnel.
Durant deux années, le camp de Rivesaltes a interné environ 21 000 individus, dont environ 5 714 au camp spécial, 2 313 ont rejoint Drancy, 2 251 ont été exclues par la commission de criblage. Sur le site sont décédés 215 internés, dont 51 enfants d'un an et moins.