Centre d'apprentissage - Définition

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Introduction

De 1944 à 1959-1960, les centres d'apprentissage masculins ou féminins sont des écoles de formation professionnelle aux emplois d'ouvriers ou d'employés qualifiés. Les centres d'apprentissage sont ouverts aux garçons ou aux filles âgés d'au moins 13 ans révolus et normalement titulaires du certificat d'études primaires élémentaires (CEPE) ou bien admis après un examen d'entrée. Les centres d'apprentissage forment leurs élèves aux métiers relevant de l'industrie, de l'agriculture ou des activités tertiaires. Ils forment en trois ans aux certificats d'aptitude professionnelle (CAP) industriels, agricoles ou tertiaires (dits commerciaux). Ces diplômes professionnels sont généralement reconnus dans les conventions collectives et ils permettent, en outre, à leurs titulaires salariés - ouvriers ou employés qualifiés - de devenir employés ou ouvriers hautement qualifiés (OHQ), chefs d'atelier, de chantier ou de rayon ou, pour ceux qui ont la fibre pédagogique, d'être recrutés alors comme professeurs techniques adjoints (PTA) de centre d'apprentissage voire de réussir au concours du CAPET pour exercer comme professeurs techniques de lycée technique. Par ailleurs, les titulaires du CAP peuvent s'installer à leur compte comme artisans, commerçants ou exploitants agricoles et, éventuellement, devenir chefs d'entreprise de dix salariés ou plus.

Historique en France métropolitaine

Par décret du 18 septembre 1944, le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) présidé par Charles de Gaulle transformait les centres de formation professionnelle (CFP) existants en centres d'apprentissage (CA) et transférait leur tutelle de l'ex-direction de la Jeunesse (sous l'État français de Philippe Pétain) à la direction de l'enseignement technique à la tête de laquelle est alors nommé Paul Le Rolland.

Le GPRF va ordonner une épuration clémente des personnels en place, transformer l'héritage des CFP vichyssois et manifester sa volonté de rupture en confiant à Paul Le Rolland le développement rapide de l'enseignement technique et professionnel au sein de l'Éducation nationale alors dirigée par le ministre René Capitant (non inscrit). Seront ainsi créés de nombreux centres d'apprentissage masculins et féminins formant en nombre croissant les jeunes ouvriers et employés qualifiés dont les entreprises et l'économie française ont alors un urgent besoin pour leur développement. Les directeurs et les professeurs - PEG et PTA - qui sont alors recrutés vont d'abord s'autoformer sur le terrain avant que les Écoles normales nationales d'apprentissage (ENNA) créées par l'ordonnance du 2 novembre 1945 ne les forment par promotions successives.

Exemple de diplôme du CAP - ici d'ajusteur - délivré en 1950 en France

En 1946, six ENNA sont ainsi ouvertes : quatre masculines à Nantes, Paris, Lyon et Strasbourg (fermée en 1950 et réouverte vingt ans plus tard à Lille) et deux féminines à Paris et Toulouse avant qu'elles ne deviennent mixtes à partir des années 1960. Et la même année 1946, les CAP en 3 ans deviennent un critère reconnu d'évaluation de la qualification professionnelle et donc du salaire dans la grille de classification professionnelle (grille Parodi) définie en accord avec les employeurs.

En 1947, le contexte nouveau de guerre froide qui s'impose dans le monde ne permet pas aux centres d'apprentissage de bénéficier de la réforme du système éducatif appelée Plan Langevin-Wallon qui prévoyait pour eux un recrutement de leurs élèves après la classe de troisième. Recrutement qui n'interviendra que vingt ans plus tard en 1967 avec la création des brevets d'études professionnelles (BEP).

Fin 1947 est créé dans le gouvernement Robert Schuman (1) un sous-secrétariat d'État à l'Enseignement technique avec pour titulaire le radical André Morice (entrepreneur de travaux publics de Nantes). Puis, à la Direction de l'enseignement technique ayant autorité sur les centres d'apprentissage, Paul Le Rolland est limogé et remplacé par Albert Buisson.

Sur le plan syndical, la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) est faiblement représentée dans les centres d'apprentissage où domine la Confédération générale du travail (CGT) réunifiée depuis 1943 dans la Résistance. Mais la CGT va connaître en 1947-1948 une très importante scission avec, d'une part, la création de la confédération Force ouvrière (CGT-FO) et, d'autre part, la création d'une Fédération de l'Éducation nationale (FEN) autonome par rapport aux confédérations ouvrières. Le syndicat SNET-centres d'apprentissage des personnels (très largement d'origine ouvrière) des centres d'apprentissage est un des seuls dans l'Éducation nationale à décider de rester à la CGT par 191 voix sur 193. En effet, presque tous les autres syndicats de la puissante Fédération de l'Éducation nationale, refusant de choisir entre maintien à la CGT et adhésion à la dissidente Force ouvrière (CGT-FO), décident eux de rester unis (communistes et leurs sympathisants inclus) dans une Fédération de l'Éducation nationale autonome (FEN). FEN autonome qui créera par la suite en 1949 son propre syndicat dans les centres d'apprentissage : le Syndicat national de l'apprentissage autonome (SNAA) qui deviendra le Syndicat national de l'enseignement technique-apprentissage autonome (SNETAA) et aura notamment comme secrétaires généraux, en 1955, Pierre Mauroy qui deviendra Premier ministre de 1981 à 1984 et Jacques Fournier.

En 1949 est adopté le statut des centres d'apprentissage et leur nombre comme leurs effectifs élèves vont continuer à augmenter. C'est ainsi que le nombre de leurs élèves (garçons et filles) passe de 60 000 en 1945 à 203 340 en 1960 soit une multiplication par 3,4 et donc une progression de 238,9 % en quinze ans pour les centres d'apprentissage publics. De ce fait, la proportion de jeunes français ayant bénéficié d'une scolarité professionnelle technique est passée de moins de 6 % en 1939 à 24 % en 1960 soit une progression remarquable tenant compte de tous les établissements scolaires relevant du technique.

En 1952, les centres d'apprentissage masculins publics sont toujours largement dominants puisqu'ils totalisent encore 70 % du total des élèves garçons et filles, les centres d'apprentissage féminins publics n'en totalisant que 30 %. Ces élèves garçons du public sont alors répartis à 41 % dans les sections préparant aux métiers de la métallurgie et de l'électricité industrielle, à 35,6 % dans celles formant aux métiers du bâtiment (construction) et seulement à 3,4 % dans celles de la réparation automobile. La répartition des élèves filles du public va fortement évoluer de 1952 à 1960. Leur proportion de 40 % en 1952 dans les sections préparant aux métiers de la confection et du textile va s'abaisser à 28 % huit ans plus tard alors que leur proportion de 42 % en 1952 dans les sections dites commerciales va devenir majoritaire à 54 % en 1960.

Sous la Vème République, la réforme Berthoin de 1959 transformera en 1960 les centres d'apprentissage en collèges d'enseignement technique (CET). C'est dans le cadre des CET qu'à partir de 1967 sont créées les sections de Brevet d'études professionnelles (BEP) en deux ans qui, elles, recrutent leurs élèves venant de 3ème des collèges voire de seconde des lycées. Et sections de BEP ou de CAP en deux ans qui vont remplacer les anciennes sections de CAP en trois ans vouées ainsi à la disparition. Leur mixité intervenant, le cas échéant, à partir des années 1960.

Les CET deviennent en 1976 des lycées d'enseignement professionnel (LEP) dans lesquels sont créés à partir de 1985, pour les élèves titulaires d'un Brevet d'études professionnelles (BEP), des sections en deux ans préparant aux baccalauréats professionnels dits « bacs pro ».

Puis, en 1986, les LEP deviennent des lycées professionnels (LP) préparant en quatre ans aux baccalauréats professionnels (bacs pro) qui, à partir de 2009, peuvent être préparés directement en trois ans sans passer par la préparation préalable d'un BEP.

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