Au sein même de l’histoire de l’architecture, il faut constater qu’à l’enthousiasme des premières publications suivant la réalisation de la ville succède une longue période d’oubli pendant laquelle son intérêt exceptionnel sera nié ou négligé. Il faut attendre les années 1990 pour qu’elle éveille l’intérêt, grâce au travail de Joseph Abram. Cette recherche novatrice est rapidement comprise par la Ville, elle sera suivie par les mesures de protection et de valorisation déjà citées. L'inscription sur la Liste du patrimoine mondial par l’UNESCO apparaît aussi comme le point d’orgue d’un long travail de réappropriation et de redécouverte, un demi-siècle après la reconstruction.
La candidature du Havre à l'inscription sur la Liste du patrimoine mondial n’était pas implicite car l'œuvre d'Auguste Perret reste contestée dans des travaux encore récents, et l'UNESCO n'a pas pour habitude de classer des sites contemporains. La candidature présentée au comité du patrimoine mondial de l'UNESCO a été initié en décembre 2002 par une visite des experts de l’architecture de DOCOMOMO-France (Fabienne Chevallier) puis par les premières démarches administratives de l’universitaire Joseph Abram). L’élaboration du dossier de candidature présenté à l’UNESCO a eu lieu en 2003 sous la direction d’un comité de pilotage et d’un comité scientifique et technique aidé par différents services de la Ville du Havre (Service urbanisme et prospective, Service SIGU, Service Ville d’art et d’histoire). Le projet résultat répondait à deux critères d'admission fixés par l’Organisation :
Il a reçu le soutien du conseil général de la Seine-Maritime. Présenté par le maire de la ville et Joseph Abram, le dossier a d'abord dû être sélectionné au niveau français et se trouvait alors en concurrence avec d'autres candidatures (Parc national des Cévennes, rives de la Gironde, barrière de corail de Nouvelle-Calédonie).
L'UNESCO a inscrit le centre-ville du Havre le 15 juillet 2005 au patrimoine mondial de l'humanité sur la base des deux critères précités, saluant l'« exploitation novatrice du potentiel du béton ». L'espace de 133 hectares représentant selon l'UNESCO "un exemple exceptionnel de l'architecture et de l'urbanisme de l'après-guerre" est un des rares sites contemporains inscrits en Europe, rejoignant le Parc Güell à Barcelone, les maisons Art nouveau de Victor Horta en Belgique ou encore les anciennes aciéries de Völklingen en Allemagne.
Citation du maire du Havre, Antoine Rufenacht après l'inscription : La modernité du Havre, insufflée par Auguste Perret au lendemain de la guerre, devient désormais une composante assumée de l'identité havraise. Elle doit constituer le socle du nouveau rayonnement de la ville.