Le château d'Eltz (Burg Eltz) est un château médiéval niché dans les collines bordant la vallée de la Moselle, en Allemagne (arrondissement de Mayen-Coblence). Il est construit sur un promontoire rocheux surplombant la rivière Eltzbach, dans le massif de l'Eifel.
La première référence historique est un acte de donation du domaine en 1157, de Frédéric Barberousse à Rudolf zu Eltz. Depuis cette époque, le château a subi de nombreuses modifications, mais il n'a jamais été détruit et reste la propriété de la même famille, pendant 33 générations. Dès le Moyen Âge, trois héritiers se sont partagé le domaine. Chaque lignée a ensuite procédé à de nouvelles constructions, ce qui explique le foisonnement actuel de tourelles et de logis.
De nos jours, la visite du château permet de découvrir ses plafonds de bois, ses fresques murales et un mobilier cossu. Une salle à part est consacrée au trésor du château.
Il semble que l'intérêt stratégique de cet emplacement sur le cours inférieur de l'Elz (ou Eltz), affluent de la Moselle, ait été un facteur déterminant pour la construction de ce premier château-fort qui fut ainsi élevé tout près de la Moselle - de tout temps l'une des voies commerciales les plus importantes - et en un lieu d'où l'accès au fertile Maifeld était des plus faciles. L'emplacement permettait de surveiller sur deux côtés l'accès à la vallée de l'Eltz ainsi que la voie reliant le Maifeld à la Moselle. Le piton rocheux de forme elliptique, 70 m en son point le plus élevé, baigné sur trois côtés par les eaux de l'Eltz, forme les fondations de l'ensemble du château qui - obéissant aux données naturelles - est construit sur un plan ovale.
Avant 1268, les frères Elias, Wilhelm et Theoderich procèdent au premier partage du patrimoine, c'est-à-dire au partage du château et des domaines qui en dépendent. C'est alors qu'apparaissent trois lignées principales de la maison Eltz, lesquelles prennent le nom de leurs blasons Eltz du Lion d'Or, Eltz du Lion d'Argent et Eltz des Cornes de Buffle. Dès lors, le château d'Eltz fut, typologiquement, un château détenu par les cohéritiers, où vivaient ensemble plusieurs lignes de la maison d'Eltz dans une communauté d'héritage et d'habitat. Des «lettres de paix du château» assuraient une cohabitation paisible entre les cohéritiers, fixant leurs droits et leurs devoirs ainsi que les modalités d'administration et d'entretien du château. La plus ancienne de ces lettres, qui ait été conservée, date de l'année 1323. Les cohéritiers («Ganerben», en ancien allemand «ganarpeo») sont membres d'une communauté d'héritiers qui cohabitent sur un bien hérité divisé. La communauté «de pot et de rôt» n'était pas de règle. Les cohéritiers vivaient séparément sur la base du partage de l'usufruit.
Au XIVe siècle, le prince électeur de Trèves, Baudouin de Luxembourg, oncle de Charles IV, entreprit de consolider l'unité territoriale de son électorat autour des villes de Trèves, Coblence et Boppard. La noblesse immédiate libre s'opposa à la politique territoriale du prince électeur. C'est alors que, le 15 juin 1331, les communautés de cohéritiers des châteaux de Waldeck, de Schönecken, d'Ehrenburg (tous trois situés dans le Hunsrück) et d'Eltz conclurent une alliance défensive et offensive. Outre les garnisons de leurs châteaux, ils s'engageaient à lever contre le prince électeur au total 50 cavaliers lourdement armés. La même année, Baudouin entreprit d'écraser cette ligue de chevaliers et fit édifier sur un piton rocheux, devant le château d'Eltz, un château de siège, Trutzeltz ou Baldeneltz, un donjon de plan carré, à deux étages, abritant des appartements, avec - éléments caractéristiques des petites forteresses de Baudouin - chemin de ronde, entrée en ogive à double portail et lices sur trois côtés. De là, il fit bombarder le château d'Eltz au moyen de catapultes lançant des boulets du genre de ceux que l'on trouve encore aujourd'hui dans la cour intérieure du château. Les voies d'accès permettant l'approvisionnement du château étant coupées, les assiégés d'Eltz furent contraints de se rendre après un siège de deux ans. La capitulation des trois châteaux du Hunsrück fut obtenue par des moyens semblables. En 1333, les seigneurs d'Eltz demandèrent la paix. Le 9 janvier 1336, la «Pax de Eltz», la Paix d'Eltz, fut conclue et la «guerre» d'Eltz prit fin. L'alliance défensive et offensive fut dissoute et le Trutzeltz resta aux mains du prince électeur Baudouin qui, en 1337, fit de Johann d'Eltz son burgrave héréditaire. En 1354, l'empereur Charles IV lui-même donna le château en fief au prince électeur Baudouin et confirma la donation à Boemund, son successeur. Ainsi, les seigneurs d'Eltz (chevaliers libres de noblesse immédiate d'origine dynastique) étaient-ils devenus des vassaux dépendant de l'électorat de Trèves et en étaient réduits à recevoir en fief le château d'Eltz, ainsi que Baldeneltz, de la main du prince électeur.
Dans toute l'histoire du château d'Eltz, cette guerre d'Eltz resta la seule affaire militaire importante.
Au XVe siècle, il s'ensuivit une période d'intense activité architecturale qui aboutit, en 1472, sous Lancelot et Wilhelm du Lion d'Argent, à l'achèvement de la maison Rübenach, sur le côté ouest (le nom Eltz-Rübenach vient du bailliage de Rübenach, près de Coblence, dont Richard du Lion d'Argent avait fait l'acquisition en 1277).
Dans la diversité architecturale qui frappe le visiteur dès son entrée dans la cour intérieure, on remarque tout particulièrement la façade de la maison Rübenach donnant sur cette cour : les tourelles en pans de bois et au plan polygonal, l'avant-corps en encorbellement, restauré, de ligne dépouillée et sévère, reposant sur deux colonnes de basalte et surmontant la porte d'entrée de la maison et, surtout, le charme du style fin du gothique de l'encorbellement abritant une chapelle.
Au XVIe siècle, on ajouta les maisons Grossrodendorf et Kleinrodendorf dont la façade donnant sur la cour est ornée d'un porche voûté reposant sur trois piliers. La mosaïque à la Madone se trouvant juste à côté, inserrée dans le mur extérieur, date du siècle dernier (le nom Eltz-Rodendorf remonte au mariage de Hans Adolf, en 1563, avec Catherine von Brandscheid zu Rodendorf, mariage qui lui apportait la seigneurie de Rodendorf (Château rouge), dans le bailliage de Bouzonville, en Lorraine, et dont il prit le nom). Après l'achèvement des maisons Rodendorf commence la construction des maisons Kempenich dont les façades donnant sur la cour intérieure contribuent au charme et au pittoresque de son aspect d'ensemble par leur composition architecturale et leur construction à pans de bois harmonieusement articulés. Le pied de la puissante tour-escalier de plan octogonal donnait accès à une citerne autrefois accessible de la cour et assurant une part importante de l'approvisionnement en eau. L'entrée principale des maisons Kempenich est abritée par un porche portant, à l'étage supérieur, une salle en encorbellement soutenue par deux piliers octogonaux en basalte. Sur les arcs en plein cintre reliant les piliers, on trouve les inscriptions BORGTORN ELTZ 1604 et ELTZ-MERCY qui nous renseignent sur le début de la construction et sur les initiateurs de la construction de ces maisons. Mais les travaux ne prirent de l'ampleur et ne furent achevés que sous Hans Jacob von Eltz et son épouse Anna Elisa¬beth von Metzenhausen, fait commémoré par les clefs de la voûte en arête surmontant le porche (1651), clefs de voûte portant les armes d'Eltz et de Metzenhausen que l'on retrouve, sous forme de splendides armes d'alliance baroques, sculptées dans le grès, au-dessous de la fenêtre centrale de l'encorbellement datant de 1661. Ces mêmes armes ornent également les corbeilles de fenêtres en fer forgé, dans la salle du rez-de-chaussée de la maison Kempenich, ainsi qu'un blason sur la grille de la cour.