Au rez-de-chaussée on peut visiter 4 jolies pièces aux voûtes en croisière. La première salle, certainement la plus belle, garde encore une riche décoration florale aux quatre coins de la voûte. Elle est dédiée à Niccolò II (dont le portrait ressort en face de l’entrée) commettant du château. Au milieu une magnifique maquette de la forteresse montre sa structure d’origine.
Les trois salles suivantes sont dédiées aux marquis Alberto et Niccolò III, Leonello et Borso, premier duc de la ville. Des panneaux illustrent la vie politique et culturelle de leur époque.
L’entrée sud au château fut agrandie pour abriter les cuisines de la cour. La première pièce, longue et étroite, montre les éléments des deux différentes fonctions, militaire et civile, qui se sont succédé au cours des siècles : en face de l’entrée on voit les traces d’une cheminée, tandis qu’aux parois il y a encore des meurtrières. Dans la deuxième pièce, plus vaste et lumineuse, on a construit quelques fours. Sur une paroi ressort le portrait de Cristoforo da Messisbugo, l’écuyer tranchant le plus célèbre des Estes (il s’occupait de plusieurs affaires pratiques de la vie chez la cour, organisait des spectacles, dirigeait les cuisines, préparait à l’occasion les déplacements de la famille vers leurs résidences à la campagne.)
Son nom est tiré de la poutre de bordure, la décoration en marbre qu’on peut admirer le long de la paroi droite, en bas : il s’agît de la poutre de bordure extérieure de la Tour des Lions englobée dans la structure du château. Probablement ce milieu faisait fonction de poste de garde.
La visite se poursuit avec une vaste cellule où on accède à travers une porte basse et profonde. Sur les murs, les parties recouvertes de plâtre contiennent des mots, des dessins des prisonniers du XVIe siècle, dont un échiquier rond où on peut lire, dans les cases blanches, ente autres, la phrase: « io sono il sfortunato Marco…privo della sua libertà » (je suis le malheureux Marco ...privé de sa liberté) Dans cette prison fut enfermé pendant de longues années Giulio d’Este, frère d’Alfonso Ier et protagoniste d’un événement aussi célèbre que malheureux.
Giulio et le cardinal Ippolito, frères d’Alfonso Ier, couvaient d’anciennes rancunes. Ils étaient tombés amoureux de la même demoiselle, peut être Angela Borgia, cousine de la duchesse Lucrezia. Cette jolie fille accordait ses faveurs à Giulio et un jour elle affirma publiquement que les seuls yeux de ce dernier valaient plus de toute la personne du cardinal. L’orgueilleux et très vaniteux Ippolito, fou de rage, ordonna à ses servants de prendre Giulio, le tuer et lui enlever les yeux. L’ordre ne fut pas accompli mais le pauvre Giulio fut tabassé jusqu’au sang et il perdit un œil. Depuis ce moment-là il commença à ourdir la mort d’Ippolito et se fit aider d’un autre frère, Ferrante, dont l’ambition était de se substituer à Alfonso. La conjuration fut mal ourdie et tôt découverte : tous les alliés furent condamnés à mort, tandis que les des deux frères furent « généreusement » emprisonnés dans le château. Ils furent enfermés dans cette prison en 1506. Ferrante y mourut. Giulio fut libéré en 1559, lorsqu’Alfonso II lui fit grâce. Il avait 81 ans et il en avait passé cinquante-trois dans cette prison.
En parcourant le couloir côtoyant la prison de Don Giulio, on atteint un petit et raide escalier amenant aux "Prisons de Ugo et Parisina", les amants malheureux, protagonistes d'une des pages les plus dramatiques de l'histoire des Estes.
Parisina Malatesta, deuxième épouse du marquis Niccolo III, un homme libertin et beaucoup plus âgé que sa femme, vivait un mariage serein, mais après sept ans elle tomba amoureuse, et cela fut réciproque, de son beau-fils Ugo. Ce denier était né de la relation entre le marquis et Stella dei Tolomei, sa favorite. Le deux jeunes furent surpris, rapidement jugés et enfin décapités, après un bref emprisonnement dans les cachots du château. C'était l'an 1425, Parisina avait vingt ans, Ugo encore dix-neuf.
En descendant ce petit escalier on trouve à gauche la prison de Parisina et à droite, au bout du couloir, celle de Ugo ; à remarquer sur le plafond des inscriptions faites par des prisonniers à l’aide de la fumée des bougies.
En sortant des prisons on monte un court escalier aboutissant sur une longue rampe en brique, jadis destinée à l’artillerie, qui permet de rejoindre le premier étage.