Température corporelle
Elle reste habituellement normale.
- Sur les 1.217 patients de M. Tanquerel, 55 ont eu un peu de fièvre, sans complication
- 58 malades se sont plaint d'un froid intense sans baisse apparente de température externe.
- Quelques malades avaient une sensation de chaleur très prononcée, non appréciable par les médecins.
Pouls
- Selon Tanquerel, sur les 1.217 cas qu'il a étudiés, pour 678 d'entre eux le pouls battait de 50 à 60 fois par minute ; 576 fois il battait de 65 à 70 fois ; et 125 fois, il atteignait 80 à 100 battements par minute. Pour 58 de ces malades, des complications inflammatoires et autres pouvaient expliquer l'accélération du pouls. (P. 228, 229.)
Tanquerel a trouvé le pouls 269 fois irrégulier, rémittent, 22 fois dicrote, et 5 fois onduleux.
Selon lui, la lenteur et la dureté du pouls sont généralement en rapport avec la violence de la colique.
Récidives
Elles sont, selon Tanquerel, d'autant plus fréquentes et plus rapprochées que les individus ont eu un plus grand nombre d'attaques. La restitution trop prompte des ouvriers à leurs travaux, ou un trop prompt séjour au milieu des émanations saturnines favorise ces récidives ajoute Tanquerel qui a vu un individu en être victime pour la trente-deuxième fois.
Louis Desbois de Rochefort, Doasan, Stoll, et M. Mérat cités par Antoine François Hippolyte Fabre, ont respectivement vu des individus être atteints de la colique de plomb pour la seizième , dix-septième , vingt-deuxième, vingt-sixième, vingt-huitième et trente-deuxième fois. Sur les 1.217 malades de M. Tanquerel, 985 avaient déjà été atteints de la colique antérieurement. (P. 185.)
Facteurs de risque
Tanquerel conclue de l'examen d'un certain nombre de faits rassemblés pour sa thèse et ses publications, que l'on est d'autant plus exposé à contracter la colique de plomb, qu'un est plus jeune », et que Selon le même auteur, « les femmes, toute proportion gardée, y sont moins sujettes, que les hommes ».
Il montrera que le plus grand nombre de victime est à rechercher chez les buveurs d'alcool frelatés au plomb, ou produit avec des matériels en contenant. Boire de l'eau ayant séjourné dans une cuve de plomb a également intoxiqué un grand nombre de personnes.
Les professions
Certaines professions présentent des risques très importants. On avait déjà constaté dans l'antiquité que les mineurs - dans les mines de plomb - mouraient victime de ce qu'ils respiraient dans l'air des mines (certains se confectionnaient des masques avec des vessies animales leur permettant de voir. Les ouvriers fondant le plomb ou produisant ou appliquant les peintures en contenant sont les plus à risque de colique saturnine, ainsi que les ouvriers des fabriques de litharge, ouvriers chauffeurs des bateaux à vapeur, vitriers, porcelainiers, verriers, fabricants d'émaux, pharmaciens.
Professions occasionnant la colique saturnine à Paris, au milieu du 19 ème siècle
Elles sont nombreuses, dont, selon Louis Tanquerel des Planches (pour un échantillon de 1.217 cas de colique saturnine observés à l'hôpital de la Charité de Paris (excepté 9), par lui-même, en 8 an (de 1851 à 1859) ;
- peintres en bâtiment : 505 malades;
- Ouvriers cérusiers : 406 ;
- ouvriers des fabriques de minium de plomb : 65 ;
- ouvriers des fabriques de mine orange : 12 ;
- broyeurs de couleurs : 68 ;
- peintres de décors, de lettres et d'attributs : 55 ;
- lapidaires : 55 ;
- potiers de terre (cf vernissage au plomb, manipulation des poudres pour émaux) : 54 ;
- peintres en voitures : 47;
- ouvriers des fonderies de caractères : 52 ;
- affineurs : 25 ;
- fabricants de cartes d'Allemagne : 15 ;
- fondeurs de plomb : 14;
- imprimeurs : 12 ;
- ouvriers des fabriques de plomb de chasse : 11 ;
- étameurs : 8;
- faïenciers : 7;
- fabricant de cartes glacées : 6 ;
- peintres sur porcelaine 5 ;
- tailleurs et polisseurs de cristaux : 5 ;
- ouvriers des fabriques de nitrate de plomb : 5;
- ouvriers des fabriques de chromate de plomb : 5.
- fabricants de potée d'étain : 4 ;
- ferblantiers : 4 ;
- joailliers, orfèvres , bijoutiers : 4;
- ouvriers des fabriques d'acétate de plomb : 4 ;
- ceinturonniers : 2;
- parfumeurs : 2;
- ouvriers des manufactures de glaces (miroirs) : 2;
- fondeurs dits de cuivre : 2;
- peintres ou vernisseurs sur métaux : 2 ;
- fabricants de papiers peints : 2 ;
- fondeurs de bronze : 1 ;
- doreurs sur bois : 1 ;
- Tanquerel déduit du type de métiers les plus touchés que le risque est maximal pour les ouvriers qui emploient et inhalent ou ingèrent les substances saturnines le plus facilement réductibles en poussière disséminable ou en vapeur. Sur cet échantillon de 1.217 cas, les femmes étaient moins nombreuses que les hommes. Au nombre de 57, elles étaient frotteuses de caractères d'imprimerie, femmes de peintres ou employées dans des fabriques de céruse.
- Les gens sobres semblent moins touchés que les buveurs d'alcool, avec quelques exceptions dans les deux cas. Tanquerel dit avoir observé, dans un bon nombre de cas, la colique se développer le lendemain d'une « ribote » (cuite).
- Aucune autre maladie que les maladies saturnines ne paraissent favoriser le développement de la colique. Au contraire, les autres maladies saturnines préparent la voie à la colique, qui succède plus fréquemment à l'arthralgie qu'à la paralysie et à l'encéphalopathie saturnine selon les observations de Tanquerel.
Les saisons
Un effet des saisons est observé par Tanquerel :
Sur les 1.217 cas de saturnisme avec colique de plomb qu'il a étudié, 190 se sont présentés en juillet, le mois au courant duquel on observait le plus grand nombre de cas, alors que décembre n'en eut que peu (59 cas en 8 ans pour l'hôpital de la Charité de Paris).. On peut supposer qu'à l'égard des saisons, c'est la plus ou moins grande activité des travaux qui entraide des différences dans le nombre des malades.