Colique de plomb - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Synonymes

Avant qu'on ne comprenne qu'il s'agissait d'un même symptôme du saturnisme, observé chez des métiers ou dans des contextes géographiques différents, de nombreux vocables ont été employés pour décrire la colique de plomb, dont  :

  • colique saturnine ;
  • colique métallique ;
  • colique des peintres ;
  • colique des plombiers ;
  • colique des tôliers ;
  • colique des barbouilleurs ;
  • Colique Végétale Des Indes ;
  • Colique Végétale de Cayenne ;
  • Colique Végétale de Surinam ;
  • Maladie des barbiers ;
  • Maladie de béribéri ;
  • colique de Poitou ;
  • colique de Normandie, décrite comme colique végétale occasionnée par les cidres durs et raides à Rouen et dans ses environs, par le docteur Vasse de Rouen (V. Colique De Plomb , Diagnostic.). Louis Tanquerel des Planches estime rapidement que ce syndrome est une colique de plomb. Le docteur Vasse lui même avait observé que les personnes qui sont atteintes de la colique sont celles qui ont fait usage de cidre provenant de la basse Normandie, qui, au dire de M. "Vasse lui-même, est falsifié avec la litharge; tandis que celles qui boivent le cidre non mangovisé provenant du pays de Caux ne sont jamais atteints de la colique végétale.
  • Colique de Devonshire (Devon colic), colique de Madrid (étudiée par Tanquerel avec l'aide des médecins espagnol Lazuriaga et Hernandez. Cette dernière dénomination pouvait aussi couvrir des entérites ou entéralgies selon François Louis Isidore. et la plupart des affections du ventre, « telles que des ententes, des solites, des dysenteries , des néphrites et des hépatites » explique le Dr. Alfaso, directeur de la Gazette médicale de Madrid, ancien interne de l'hôpital de la Charité de Paris, à Louis Tanquerel des Planches qui l'interrogeait à ce sujet. Pour Tanquerel, comme pour Lazuriaga, il ne fait pas de doute que ces deux noms différents de syndromes recouvrent une même réalité, l'intoxication au plommb. Selon M. Larrey Lors du séjour des armées françaises à Madrid, « les soldats furent fréquemment atteints d'une colique ayant la plus grande analogie avec celle de plomb, et que l'autorité militaire fut fréquemment avertie que du vin empoisonné avec du plomb était distribué aux soldats ».

On l'a parfois improprement considérée comme une rachialgie (« la regardant comme une névralgie de la moelle »)

Douleur

  • Caractéristique de la douleur : Elle n'augmente pas (ou très peu) sous la pression ou la friction du ventre (il arrive même qu'elle diminue). Il existe quelques exceptions ; Tanquerel évoque quelques cas de colique simple, franche et légitime, où la la douleur a été fortement et brutalement augmentée par de faibles pressions sur le ventre, au point d'avoir d'abord fait croire à une péritonite aiguë.
    Sur les 1.217 cas de M. Tanquerel , 705 fois la pression a déterminé du soulagement ; dans 500 cas, il n'y a eu ni allégement ni augmentation de la douleur ; dans 175 cas, la souffrance se trouvait un peu accrue; dans 59 cas, cet accroissement était considérable, mais chez 34 de ces malades, une complication pouvait expliquer ce résultat.
  • Géographie de la douleur : Selon Tanquerel toujours, la douleur est surtout située dans la zone sous-ombilicale, moins souvent à l'épigastre ou à l'hypogastre ; et plus rarement encore dans la région rénale, les hypocondres, sur les flancs, les fosses iliaques, l'anus, les testicules et leurs cordons, ou le thorax. » Sur les 1.217 observations de Tanquerel, la douleur n'occupait tout le ventre que dans 92 cas seulement ; mais jamais exactement et complètement sur le trajet de l'intestin colon.
    La douleur peut toucher les testicules et leurs cordons, la verge, l'utérus, le vagin et les seins, avec sensation de tiraillement, de dilacération ou de constriction. La rétraction des testicules vers l'anneau est fréquente. Le désir sexuel disparait, et il n'y a plus ni érection ni émission spermatique. Chez les femmes, M. Tanquerel dit avoir constaté des contractions passagères du vagin et cite un cas où une crise a stoppé les règles, jusqu'au mois suivant. Dans un autre cas, elles ont, au contraire, interrompu une crise de colique, soulageant comme par enchantement la malade.
  • Description de la douleur : Les malades décrivent souvent la douleur comme une sensation violente de tortillement et moins souvent la comparent à une sensation aiguë de dilacération, d'arrachement, d'élancements, de brûlure, de térébration (transpercement). Quelques malades évoquent une sensation de simple constriction, ou de compression produite par un poids qui pèserait sur le ventre. Dans ce dernier cas, elle est ordinairement obtuse, et affecte une marche presque uniformément continue : dans tous les autres cas, elle est tellement intense qu'elle jette les malades dans la plus grande agitation, et alors elle revient plus aiguë par accès.
« Si l'accès de la colique est très douloureux, c'est alors qu'en proie à l'anxiété la plus vive, la face toute décomposée, les traits grippés, les yeux enfoncés, ternes et égarés, ces malheureux malades poussent des cris déchirants, des gémissements affreux, quelquefois une sorte de mugissement, suivant la remarque de Stoll. On les voit en même temps s'agiter sans cesse et changer à chaque instant de situation, dans le but de s'étourdir sur la violence de la douleur, et dans l'espoir de trouver quelque soulagement à l'aide d'une nouvelle position. Les uns se couchent à plat ventre, quittent et reprennent alternativement la position horizontale. D'autres se placent transversalement sur le lit, et en sortent subitement pour se promener en soutenant un instant leur ventre avec leurs mains; mais bientôt l'atrocité du mal les force à discontinuer leur marche. Quelques-uns se roulent dans leur lit ou même par terre, se mettent en double, se pelotonnent sur la face antérieure du tronc, en prenant mille autres attitudes aussi bizarres. Nous en avons vu accrocher leurs mains à un point d'appui fixe, puis se livrer à un mouvement de balancement continu. Il n'est pas rare de voir de ces individus, dont le corps entier se trouve agité de mouvements saccadés ou tremblotants, analogues à ceux d'un violent frisson de fièvre intermittente, se cacher profondément, se ramasser sous leurs couvertures. Nous avons observé de ces infortunés qui se portaient eux-mêmes des coups sur l'abdomen, la figure et les membres, se mordaient les doigts, etc., etc.; presque tous portent leurs mains sur le ventre, y exercent des frictions, ou appliquent vigoureusement leurs mains sur le nombril, l'hypogastre ou l'épigastre. On en voit qui se mettent couvertures, oreillers, matelas, chaises, etc., sur l'abdomen. Il y en a qui se serrent au moyen de cravates, de cordes, etc. Enfin, nous avons vu, comme quelques auteurs, des malades faire monter leurs camarades sur leur ventre ».


Chez 1/3 des patients observés par Tanquerel, la colique débutait au milieu de la nuit, en réveillant le malade.

  • Certains malades ressentent une douleur si vive qu'ils veulent mourir, Tanquerel des Planches décrit le cas d'un nommé Poulain qui, ne supportant plus la douleur, voulait se couper la gorge avec un rasoir ou se jeter par la fenêtre.
  • Concernant l'intensité de la douleur, sur les 1,217 cas de coliques de plomb étudiés par Tanquerel, il en distingue 470 violents, 485 modérés et 262 légers.
Page générée en 0.119 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise