En mathématiques, une distance est une application qui formalise l'idée intuitive de distance, c'est-à-dire la longueur qui sépare deux points. C'est par l'analyse des principales propriétés de la distance usuelle que Fréchet introduit la notion d'espace métrique, développée ensuite par Hausdorff. Elle introduit un langage géométrique dans de nombreuses questions d'analyse et de théorie des nombres.
À partir de la définition d'une distance, vue comme une application satisfaisant à certains axiomes, d'autres notions de distance peuvent être définies, comme par exemple la distance entre deux parties, ou la distance d'un point à une partie, sans que ces dernières répondent à la définition première d'une distance.
En mathématiques, on appelle distance sur un ensemble E une application vérifiant les propriétés suivantes :
Nom | Propriété |
---|---|
symétrie | |
séparation | |
inégalité triangulaire |
Un ensemble muni d'une distance s'appelle un espace métrique.
Dans la définition d'une distance, on demande généralement que l'ensemble d'arrivée soit ; on peut se contenter de supposer que c'est et invoquer la suite d'inégalités valable pour tout couple (x,y) de réels :
en utilisant respectivement la séparation, l'inégalité triangulaire puis la symétrie.
La distance est dite ultramétrique si de plus :
Nom | Propriété |
---|---|
Ultramétrie |
Un exemple de telle distance intervient de façon cruciale dans la théorie des valuations p-adiques. L'interprétation géométrique de l'inégalité triangulaire dans un espace ultramétrique amène à dire que tous les triangles sont isocèles.
Soient E1 et E2 deux parties d'un espace métrique muni d'une distance d, on définit la distance entre ces deux ensembles comme :
Néanmoins, il est possible de définir une vraie distance entre les parties compactes d'un espace métrique. Pour cela, voir : distance de Hausdorff.
Soit deux points A et B d'un espace affine par lesquels passe une droite orientée (une droite munie d'un sens, c'est-à-dire engendrée par un vecteur non-nul). On appelle distance algébrique de A vers B le réel tel que :
On peut démontrer que la distance algébrique de A vers B (notée da(A,B)) vaut :
Attention, la distance algébrique n'est pas une distance, puisqu'elle est non-symétrique :
Dans un espace vectoriel normé , on peut toujours définir de manière canonique une distance d à partir de la norme. En effet, il suffit de poser :
En particulier, dans , on peut définir de plusieurs manières la distances entre 2 points, bien qu'elle soit généralement donnée par la distance euclidienne (ou 2-distance). Soit deux points de E, (x1, x2, …,xn) et (y1, y2, …,yn), on exprime les différentes distances ainsi :
Nom | Paramètre | Fonction |
---|---|---|
distance de Manhattan | 1-distance | |
distance euclidienne | 2-distance | |
distance de Minkowski | p-distance | |
distance de Tchebychev | ∞-distance |
La 2-distance permet de généraliser l'application du théorème de Pythagore à un espace de dimension n. C'est la distance la plus intuitive.
La p-distance est rarement utilisée en dehors des cas p = 1, 2 ou ∞. La 1-distance présente la particularité amusante de permettre la définition en toute rigueur de sphères carrées (voir oxymore).