Études génétiques sur les Juifs - Définition

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Introduction

Les études génétiques sur les Juifs s'inscrivent dans le cadre de la génétique des populations. L'intérêt de ces études est d'essayer de mieux appréhender l'origine des différentes populations juives d'aujourd'hui. En particulier, elles tentent de déterminer si elles sont issues du Moyen-Orient ou non. D'autre part, elles cherchent à savoir s'il existe un patrimoine génétique commun aux différentes populations juives.

Ces études montrent les lignées variées des populations juives modernes. Toutefois, la plupart de ces populations ont un patrimoine génétique paternel commun qui remonte à une population ancienne dont les membres se séparèrent et suivirent une évolution différente. Ces découvertes font remonter des lignées paternelles des Juifs à des ancêtres issus du Moyen-Orient. Si elles ne sont pas en contradiction avec les traditions juives qui situent l'origine du peuple juif dans des populations hébraïques qui se sont installées au Pays de Canaan, elles dessinent une aire géographique d'origine plus large que ces traditions.

Les lignées maternelles sont globalement plus hétérogènes. Elles présentent souvent une particularité originale qui est le phénomène des fondatrices. Dans un grand nombre de communautés, un nombre limité de femmes est à l'origine d'une grande partie de ces communautés. La plupart du temps, l'origine de ces fondatrices est inconnue ou contestée.

Les études réalisées sur un très grand nombre de gènes (non sexués) montrent que juifs ashkénazes, séfarades (Grèce, Turquie), marocains, syriens et moyen-orientaux (Iran, Irak) font partie d'un groupe génétique commun ayant des origines au Moyen-Orient. Ce groupe est divisé en deux sous-groupes les juifs ashkénazes-séfarades-marocains-syriens d'une part et les juifs moyen-orientaux d'autre part. La différence entre ces deux sous-groupes est l'apport génétique sud-européen plus ou moins important dans le premier.

Introduction

Il faut rappeler avant toute chose que les Juifs ne se sont jamais définis en tant que race. Les conversions ont toujours existé et ont parfois même été encouragées. Par ailleurs, compte tenu de leur histoire et en particulier de la Shoah, il peut paraître choquant de tenter d'étudier la génétique des populations juives. De plus, certains historiens ont souligné le caractère idéologique que pouvaient prendre certaines études. Ainsi l'historien Shlomo Sand, qui affirme que la génétique en Israël était déjà, dans les années 1950, une « science biaisée entièrement dépendante d'une conception historique nationale qui s'efforçait de trouver une homogénéité historique nationale au sein des Juifs dans le monde », considère, à propos de ces récentes études génétiques, que « l'information sur le mode de sélection des éléments observés est ténue et de nature à éveiller des doutes importants. Ce, d'autant plus que les conclusions précipitées sont toujours construites et renforcées au moyen d'une rhétorique dénuée de tout lien avec le laboratoire scientifique ». Enfin, le biologiste Alain F. Corcos dans son livre « The myth of the Jewish race: a biologist's point of view » rappelle qu'il aurait été utile d'extraire l'ADN d'anciens squelettes et de le comparer à l'ADN de non-Juifs pour avoir une interprétation définitive des données issues de la génétique des populations.

Les études sur la génétique des populations humaines et en particulier celles sur les Juifs existent et sont nombreuses. Elles sont réalisées, malgré tout, dans un contexte scientifique standard avec publications dans des revues à comité de lecture, elles sont reproductibles et subissent un débat contradictoire et ouvert. Ces études ont intéressé des équipes de nationalités larges : française, israélienne, américaine, britannique, italienne et espagnole. Ils serait donc dommage de ne pas en faire part bien que du point de vue du judaïsme ces études n'aient pas lieu d'être. Elles cherchent à déterminer si malgré l'histoire complexe des migrations, il est possible de trouver des ancêtres communs aux communautés juives actuelles ou si celles-ci sont plutôt liées aux populations non-juives où elles ont été accueillies.

Depuis les années soixante-dix de nombreuses études ont tenté de répondre à cette question à l'aide des marqueurs génétiques « classiques » (groupes sanguins, enzymes, etc.). Des réponses contradictoires ont été données en fonction des locus utilisés. Une des explication de ces contradictions est que les variations associées à un locus sont influencées par la sélection naturelle.

Depuis la fin des années quatre-vingts et surtout depuis le début du siècle, les généticiens ont travaillé sur le chromosome Y (transmis du père aux fils) et sur l'ADN mitochondrial (transmis de la mère aux enfants) qui ont la particularité d'être transmis intégralement (hors mutation). Il est donc possible de remonter aux ancêtres communs des différentes populations du globe et en particulier de celles des populations juives. Par ailleurs, de très récentes études ont été réalisées sur un très grand nombre de gènes des chromosomes homologues ou autosomes (tous les chromosomes à l'exclusion des chromosomes X et Y).

À une exception près, ces études ne tentent pas de déterminer un quelconque gène juif. Au cours d'un congrès scientifique en 2003 aux États-Unis, le biologiste juif américain Robert Pollack de l'Université Columbia et plusieurs scientifiques ont clairement réfuté le fait que l'on puisse déterminer biologiquement la « judéité » d'un individu puisqu'il n'existe tout simplement pas de séquences ADN qui soit présentes chez les Juifs et absentes chez les non-Juifs.

Il peut sembler paradoxal, de prime abord, de dire que d'une part il n'y a pas de gène juif et que d'autre part un certain nombre de communautés juives dans le monde ont une origine génétique commune. Ceci provient du fait que la génétique des populations ne s'intéresse pas aux individus mais sont des études statistiques sur les populations. Elles cherchent à déterminer par exemple le pourcentage de « gènes » (ou plus exactement d'haplogroupes) communs entre deux populations.

La lecture de la suite de cet article nécessite quelques connaissances sur la génétique des populations.

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