Événement divergent en uchronie - Définition

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Sa relation avec le temps du récit

Le temps du récit doit-il être proche de l'événement divergent ?

Outre l’événement divergent, une autre date est importante dans une uchronie, celle du temps du récit. Eric B. Henriet se pose la question : « Ces deux dates doivent-elles être nécessairement rapprochées dans le temps ? Autrement dit, pour décrire de manière crédible un monde alterné à partir d’un point de divergence donné, jusqu’où dans le futur de ce point est-il raisonnable d’imaginer le développement alterné de l’histoire ? »

A cette question ont tenté de répondre Raymond Iss et Stéphanie Nicot, lors de la conférence « SF et Histoire », aux Galaxiales de Nancy, le 2 mai 1996. Les deux auteurs prétendent que ces deux dates ne doivent pas être distantes de plus de vingt ou trente ans. « L’amateur d’uchronie attend de l’auteur, disent-ils, un minimum de tenue de son scénario. Il ne peut pas se permettre n’importe quoi, comme d’écrire simplement que la civilisation romaine ne s’est pas écroulée et que, longtemps après, un certain général Napoléonus conquiert, pour la plus grande gloire de Rome, les terres slaves. »

Des contre-exemples

Pourquoi se limiter à quelques décennies, comme le proposent les deux auteurs ? Renouvier livre une uchronie en tout point crédible à la lecture, alors que son action se déroule sur des siècles. Certes, il y fait preuve d’un souci du réalisme assez poussé, il n’y dit pas « n’importe quoi » comme dans l’exemple d’Iss et de Nicot, mais cette crédibilité est due avant tout à sa virtuosité en tant qu’uchroniste.

En effet, Renouvier s’intéresse à des domaines aussi variés que l’évolution des mentalités, l’économie, la religion, la politique. Nombre de digressions uchroniques qu’il livre ne participent pas à ce que nous appellerons l’intrigue principale. De plus, il ne se permet aucun raccourci comme celui de Napoléonus. Tout ceci concourt à faire de l’uchronie séculaire de Renouvier une uchronie bien plus réaliste que certaines, pourtant décennales, mais moins bien écrites. De fait, elle infirme donc la position d’Iss et de Nicot.

De plus, une nouvelle comme celle de Ray Bradbury, Un Coup de tonnerre, qui ne se cache pas d’être une farce, qui peut faire réfléchir, mais une farce avant tout, joue de ces raccourcis et autres facilités, mais c’est justement ce qui fait sourire. L’uchronie ne doit pas toujours être sérieuse, ou enseigner les mécanismes de l’histoire, elle peut aussi faire sourire.

De même, six siècles séparent l’événement divergent (la grande Peste de 1348) du temps du récit (1960) dans La Porte des mondes, de Robert Silverberg. On n’imagine mal l’intérêt d’écrire un roman se situant vingt ans après l’épidémie européenne qui, chez Silverberg a été trois fois plus dévastatrice. Les répercussions d’un tel événement se calculent sur le long terme, au moins pour ce qui est des continents non-européens. Silverberg, plaçant son uchronie au Mexique, dans l’empire aztèque, il ne pouvait décemment la situer en 1368. De plus, c’est sans doute l’une des uchronies les plus exotiques qui existe, et cela est dû aussi à la distance prise entre le temps du récit et celui de l’événement divergent.

Une autre uchronie de Robert Silverberg, Roma Æterna, présente en fait une dizaine de récits sur plus de mille ans, qui permet de se rendre compte de l'évolution de l'histoire alternative.

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