Gerboise bleue est le nom de code de l'opération militaire, dont la préparation a été tenue secrète, qui avait pour objectif l'essai en 1960 de la première arme nucléaire de la France, dans la région de Reggane, département français du Sahara durant la guerre d'Algérie.
Cette opération s'inscrivait dans le cadre de la politique de dissuasion nucléaire voulue par le général de Gaulle.
La gerboise est un petit rongeur des steppes ; le bleu est la couleur symbolisant généralement la France à l'étranger.
Le général de Gaulle fut le premier stratège de la bombe atomique de la France, se souvenant des conséquences des trois récents conflits impliquant la France (guerre de 1870, Première et Seconde Guerre mondiale). Il a créé le CEA en 1945.
Le général Pierre Marie Gallois était un des créateurs de la bombe. Il a reçu le surnom de « père » français de la bombe A. Pierre Guillaumat a été chargé du projet Gerboise bleue.
Les plus brillants scientifiques de la République se sont consacrés à la fabrication de la bombe. Les travaux se sont déroulés dans le plus grand secret pendant une dizaine d'années. Les militaires ne furent associés au projet qu'au dernier moment.
Félix Gaillard décida la date et le lieu de l'explosion quelques mois auparavant.
Avec Gerboise bleue, la France est devenue la quatrième puissance nucléaire, après les États-Unis, l'URSS et le Royaume-Uni. Ce test a été de loin le plus grand premier essai de bombe à cette date, plus grand que l'américain « Trinity » (19 kt), le soviétique « RDS-1 » (22 kt), ou le britannique « Hurricane » (25 kt). Sa puissance était de 70 kt, supérieure à la puissance cumulée de ces trois bombes. La deuxième plus puissante première bombe-test a été « Chagai-I », déclenchée par le Pakistan en 1998 (40 kt).
En comparaison, Fat Man, la bombe larguée au-dessus de Nagasaki, développa 22 kt, une puissance trois fois moindre.
Seules deux autres bombes A testées dans le Sahara furent plus puissantes : « Rubis » (< 100 kt, 20 octobre 1963), et « Saphir » (< 150 kt, 25 février 1965). Toutes deux explosèrent dans des installations souterraines dans le Hoggar.
L'armée française avait prévu une puissance située entre 60 et 70 kt. L'opération Gerboise bleue a donc été un succès total.
Quelques journalistes, triés sur le volet, assistèrent à l'explosion. Ils étaient installés à proximité immédiate (à seulement 20 km) de l'hypocentre (le « point zéro »). Des consignes leur demandaient de s'assoir au sol, de tourner le dos à l'hypocentre, de replier les bras devant les yeux et de porter des lunettes de protection.
Une fusée rouge fut tirée une minute avant l'explosion. Le 13 février 1960 à 7 h 4 (heure locale), la bombe atomique fut mise à feu sur le site d'essai nucléaire de Reggane dans le Tanezrouft au centre du Sahara, alors territoire français rattaché à l'Algérie française, au point .
Cette bombe, perchée sur une tour métallique haute de 100 mètres, développa une puissance de 70 kilotonnes (l'explosion fut quatre fois plus puissante que celle de Hiroshima).
Les journalistes ont certainement été très exposés aux radiations générées par l'explosion aérienne de la bombe.