Diagnostic biologique
Dans 60 à 80 % des cas, on note une leucopénie avec principalement une lymphopénie associée à une thrombocytopénie modérée. Une élévation modérée des transaminases est observée dans les mêmes proportions.
- Le diagnostic virologique de l'infection repose sur la mise en évidence du virus lui-même ou d'un de ses constituants (antigènes, fragment d'ARN).
- Les tests diagnostiques sont effectués sur différents types de prélèvements en fonction de la symptomatologie observée. En cas de signes respiratoires, une aspiration naso-pharyngée, une expectoration, un prélèvement de gorge ou un liquide de lavage broncho-alvéolaire pourront être analysés. En cas de diarrhée, un prélèvement rectal et de selles doivent être testés. Chez les patients présentant une encéphalopathie, l'étude du liquide céphalo-rachidien (LCR) et du sérum peuvent permettre le diagnostic de la cause. La mise en évidence du virus se fait soit par isolement viral sur culture cellulaire, soit par détection spécifique de l'ARN viral par RT-PCR soit par l'association des deux méthodes.
- L'isolement viral est obtenu par culture sur des cellules de rein de chien (MDCK), accessoirement sur des cellules de rein de macaque rhésus (LLC-MK2) ou encore par l'inoculation d'œufs embryonnés de poulet. Comme les autres virus grippaux, le virus A/H5N1 ne donne pas de lésion spécifique au niveau cellulaire. Son identification se fait donc à partir des cellules en culture par immunofluorescence avec un anticorps monoclonal dirigé contre la protéine NP. On définit ainsi le sous-type A de la souche virale. Le sous-typage spécifique H5N1 se fait soit par RT-PCR à partir du surnageant de culture, soit par des tests d’inhibition de l’hémagglutination ou de l’activité neuraminidase avec un panel d’antisérums de référence spécifiques des différents sous-types.
- L'ARN viral est mis en évidence par une RT-PCR spécifique du virus A/H5N1. Différentes stratégies sont actuellement développées : amplification d'un fragment du gène M, commun aux virus influenza de type A, puis en cas de positivité, détermination du sous-type par l'amplification d'un fragment du gène de l'hémagglutinine H5, H1 et H3 ou amplification d'un fragment du gène de l'hémagglutinine H5 spécifique du virus A/H5N1.
- La recherche d'antigènes viraux par des tests commerciaux utilise une méthode d'immunofluorescence. Dans un premier temps, la présence de la nucléoprotéine (NP) des virus influenza A est recherchée puis, en cas de positivité, la recherche des antigènes H1, H3 et H5 permet de préciser le sous-type viral présent. Cette méthode est moins sensible et moins spécifique que la détection du génome viral par isolement en culture cellulaire. Un test diagnostique basé sur une méthode immunochromatographique sur membrane a été développée dans le commerce. Cette technique n'est pas spécifique du virus A/H5N1 et présente une sensibilité de 70 % par rapport à l'isolement du virus sur culture cellulaire. Pour ces différentes raisons, son utilisation n’est pas recommandée.
- Les tests sérologiques recherchant des anticorps dirigés contre le virus A/H5N1 ont un intérêt rétrospectif et servent pour les études épidémiologiques. La méthode d’inhibition de l’hémagglutination est la méthode standard pour le diagnostic sérologique des infections grippales : les anticorps développés par un patient infecté inhibent l’activité hémagglutinante de l’hémagglutinine virale. Cependant, les tests d’inhibition de l’hémagglutination actuellement disponibles semblent peu sensibles en raison soit de la faible immunogénicité des virus aviaires, soit de la faible avidité des anticorps produits, soit de la difficulté de détecter des taux faibles d’anticorps.
Le diagnostic virologique d'une infection par le virus A/H5N1 repose donc sur la positivité d'une culture virale ou d'une RT-PCR spécifique du virus A/H5N1, ou sur la positivité d'une immunofluorescence utilisant des anticorps monoclonaux dirigés contre l'hémagglutinine H5. Le diagnostic sérologique nécessite classiquement l'analyse de deux sérums prélevés à trois semaines d'intervalle et doit montrer une augmentation d'au moins quatre fois du titre d'anticorps.