Institut national d'études démographiques - Définition

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Introduction

L'Institut national d'études démographiques ou INED est un établissement public français spécialisé dans les recherches en démographie et les études de population en général. Son site en ligne donne accès aux sommaires de ses publications et à son centre de documentation.

Historique

Un institut fondé en 1945

L'INED a été créé par l'ordonnance n° 45-2499 du 24 octobre 1945. L'initiative en revient au grand pédiatre Robert Debré (1882-1978), qui avait transmis en janvier 1944 au Comité français de la Libération nationale d'Alger un rapport sur l'institutionnalisation de la démographie. Le général de Gaulle confie la direction du nouvel institut au statisticien-économiste Alfred Sauvy, auteur en 1938 des premières mesures de soutien à la natalité en tant que conseiller du président du Conseil Paul Reynaud. L'INED récupère les locaux de la Fondation française pour l'étude des problèmes humains du docteur Alexis Carrel et environ 7% du personnel de la fondation, qui ne comprenait que quelques démographes.
L'ordonnance de 1945 définit ainsi la mission de l'institut : «L'INED est chargé d'étudier les problèmes démographiques sous tous leurs aspects. À cet effet, l'institut rassemble la documentation utile, ouvre des enquêtes, procède à des expériences et suit les expériences effectuées à l'étranger, étudie les moyens matériels et moraux susceptibles de contribuer à l'accroissement quantitatif et à l'amélioration qualitative de la population et il assure la diffusion des connaissances démographiques.»

Des missions redéfinies en 1986

Le décret n° 86-382 du 12 mars 1986 abroge l’ordonnance de 1945 et convertit l’INED en établissement public à caractère scientifique et technologique (EPST), un statut comparable à celui du CNRS, de l'INRA, de l'INSERM ou de l'IRD (ex-ORTSOM). L'institut, qui dépendait jusque-là des ministères sociaux, est désormais placé sous la tutelle principale du ministère de la recherche (qui rétribue le personnel fonctionnaire). Une tutelle complémentaire est assurée par les ministères en charge des questions de population et de statistiques de santé (Affaires sociales, santé ou travail, selon les gouvernements).
Avec le décret de 1986, l’objectif nataliste de 1945 disparaît, l'INED ayant pour mission de développer et de diffuser les connaissances démographiques au profit du progrès économique et social en général. Aux termes du décret de 1986, les missions de l'institut sont ainsi définies :
- « il entreprend, développe et encourage, à son initiative ou à la demande des pouvoirs publics, tous travaux de recherche ayant pour objet l’étude des populations sous tous leurs aspects ;
- il évalue, effectue ou fait effectuer toutes recherches utiles à la science démographique et à sa contribution au progrès économique, social et culturel du pays ;
- il recueille, centralise et valorise l’ensemble des travaux de recherche tant français qu’étrangers relevant de son champ d’activité ; il tient notamment le gouvernement et les pouvoirs publics informés des connaissances acquises ;
- il apporte son concours à la formation à la recherche et par la recherche dans les domaines de sa compétence ;
- il assure l’information du public sur les questions démographiques ;
- il assure au niveau international la diffusion des travaux démographiques en favorisant l’usage de la langue française. »

La génération des fondateurs

L'INED connaît des débuts difficiles. Avec le démarrage inattendu du baby-boom (200 000 naissances de plus en France en 1946), un institut destiné à encourager la natalité semble superflu. Mais, très vite, l'INED se voit confier des études sur les conséquences du baby-boom en matière de logement, de scolarité, d'emploi, de mortalité infantile et maternelle. Les premiers démographes de l'INED, généralement polytechniciens, s'inspirent des travaux d'Alfred James Lotka (1880-1949) et de Pierre Depoid (1909-1968) pour élaborer des méthodes d'analyse démographique originale qui affirment l'indépendance scientifique de l'institut et fondent sa réputation internationale. Quelques noms se détachent :

  • Jean Bourgeois-Pichat (1912-1990), qui explore les notions de population stable, quasi stable et semi-stable, et modélise les réseaux de relations entre variables démographiques (il séjourne à la division de la population des Nations Unies de 1953 à 1962, avant de succéder à Sauvy comme directeur de l'INED) ;
  • Louis Henry (1911-1991), fondateur de la démographie historique, qui propose, dès 1953, d'échantillonner les registres paroissiaux de l’Ancien régime pour reconstituer les familles et retracer la dynamique démographique de la France de 1740 à 1830 (enquête menée en collaboration avec l'archiviste Michel Fleury).
  • Sully Ledermann (1915-1967), qui applique des méthodes d'analyse multivariée pour estimer les tables-types de mortalité à partir d'un ou deux paramètres ;
  • Paul Vincent (1912-1979), introducteur de la notion de potentiel d'accroissement (momentum en anglais), qui mesure les réserves de croissance d'une population inscrites dans sa structure par âges.

L'oeuvre de ces pionniers trouve une formulation canonique dans les manuels et le dictionnaire de démographie de Roland Pressat, recruté à l'INED en 1953, dont se nourriront des générations d'étudiants. Pressat diffusera les principes de l'analyse démographique dans de nombreux pays, en particulier au Québec, en Europe de l'Est et en Afrique. On lui doit la présentation actuelle du diagramme de Lexis, l'outil de base pour suivre l'évolution des cohortes au fil des âges et des années.
Dans le domaine des sondages, le sociologue Jean Stoetzel (1910-1987), qui avait fondé l'IFOP dès 1938 après un stage en Amérique du Nord chez Gallup, lance à l'INED de nombreuses enquêtes avec l'appui d'Alain Girard (1914-1996) sur le travail des femmes, le nombre idéal d'enfants, le choix du conjoint, l'immigration, etc. Ce travail d'enquête sera relayé dans les années soixante-dix par Louis Roussel et dans les années quatre-vingt par Henri Leridon.
L'histoire sociale des populations est représentée par Louis Chevalier (1911-2001), historien de Paris, qui sera élu au collège de France en 1952, et l'histoire des maladies par le Dr. Jean-Noël Biraben.
La génétique des populations est développée successivement par Jean Sutter (1910-1970) et Albert Jacquard (1925- ).

Les nouvelles générations de chercheurs

Une seconde génération d’inédiens prend le relais à partir de 1965, composée de polytechniciens (Daniel Courgeau, Henri Leridon, Hervé Le Bras) ou de démographes d'origine diverse (Jacques Vallin, Georges Tapinos [1940-2000], Patrick Festy, Chantal Blayo, Jean-Claude Chesnais).
La fin des années quatre-vingt-dix voit l'avènement à la tête de l'institut et des unités de recherche d'une troisième génération de chercheurs, où coexistent les polytechniciens, les anciens élèves de l'ENSAE, les diplômés de l'Institut de démographie de Paris, quelques normaliens et plusieurs médecins. Les femmes accèdent en plus grand nombre aux postes de responsabilités. Depuis 1990, l'entrée à l'INED se fait nécessairement sur concours après la thèse. De nouvelles générations de chercheurs, nés dans les années soixante et soixante-dix, contribuent désormais à diversifier et à renouveler les travaux de l'institut.

Les directions successives

  • 1945-1962 : Alfred Sauvy (1898-1990)
  • 1962-1971 : Jean Bourgeois-Pichat (1912-1990)
  • 1972-1992 : Gérard Calot (1934-2001)
  • 1992-1995 : Jacques Magaud (1940- )
  • 1995-1998 : Patrick Festy (1945- )
  • 1999-2009 : François Héran (1953- ).
  • 2009-  : Chantal Cases

Président du Conseil d'administration :

  • 1945-1954 : Adolphe Landry
  • 1956-1963 : Henri Laugier
  • 1978-1983 : Jacques Doublet
  • 1983-1986 : Michel Combarnous, conseiller d'État
  • 1986-1989 : Pierre-Patrick Kaltenbach
  • 1989-1998 : Jean-Claude Barreau
  • 1999-2008 : Bernard Pêcheur, conseiller d'Etat
  • 2009-  : Danièle Hervieu-Léger, ancienne présidente de l'EHESS.

Président du Conseil scientifique :

Président de la Commission d'évaluation :

  • 2001-2005 : Alain Chenu, professeur à l'Institut d'études politiques de Paris
  • 2005-2009 : Francesco Billari, professeur à l'Université Bocconi (Milan).
  • Depuis 2010 : Herbert Smith, professeur à l'Université de Pennsylvanie (Philadelphie).

Secrétaire général :

  • 2002-2006 : Yves Blin
  • 2007-2009 : Bertrand Minault
  • Depuis 2009 : Françoise Depoid.
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