Le Jatropha curcas peut produire jusqu'à 2 000 litres de diester par hectare (bien plus que le colza ou le soja). Toutefois, au début des années 1990, une tentative de culture au Nicaragua sur 2 000 hectares n'a pas tenu ses promesses et s'est révélée catastrophique, avec pour seul rendement 200 litres par hectare. En effet, bien que la plante soit en mesure de pousser sur des sols arides, il semblerait que son rendement chute si l'apport en eau et la qualité du sol sont insuffisants. Ce qui crée une pression sur le mode de culture, car viser un rendement optimal nécessite de planter sur un sol fertile et d'irriguer régulièrement... Toutefois, des études ont mis en avant la possibilité de recourir aux eaux usées, ce qui permettrait de fertiliser et d'irriguer du même coup sans poser de problème sanitaire puisqu'il ne s’agit pas d’une plante comestible. En 2009, une autre étude menée au Mozambique conclut que la culture du Jatropha ne remplit pas les espoirs placés en elle.
Certains estiment que la toxicité du Jatropha le rendrait trop dangereux à cultiver en milieu rural.
En Inde, des scientifiques cherchent à identifier les gènes responsables de la production d'huile, en vue d'élaborer un jatropha génétiquement modifié qui devrait être prêt d'ici à 2012.
En 2010, après quelques années de tests de culture en Inde et en Tanzanie, certains exploitants renoncent à la culture du Jatropha, celui-ci ne produisant pas les quantités espérées.
Un rapport publié par la FAO et l'IFAD (Fonds international de développement agricole) confirme que, si la production de jatropha à des fins énergétiques pourrait bénéficier aux agriculteurs pauvres, en particulier dans les zones semi-arides et isolées des pays en développement, celle-ci ne se substituera pas au pétrole. L'étude estime que la plupart des investissements et des politiques engagés dans le jatropha ont été réalisés sans connaissances scientifiques suffisantes. La production de jatropha devrait davantage être destinée à une utilisation locale, en remplacement de la biomasse traditionnelle.
Le système Jatropha est une approche de développement rural intégré. En plantant des haies vives de Jatropha pour protéger les champs contre les vents et les animaux errants herbivores, on obtient des fruits. Par pressage des graines, on extrait de l'huile de jatropha qui pourra être employée pour la production de savon, pour l'éclairage et la cuisine et comme combustible dans des moteurs diesel. Ainsi, ce système couvre 4 principaux aspects du développement rural:
L'avantage évident de ce système est que toutes ces opérations peuvent être effectuées directement en zones rurales ou même en village sans traitement centralisé (à la différence de l'industrie du coton par exemple).
Traditionnellement, on utilisait son huile comme un purgatif et sa racine contre la lèpre.
Comme les baies de raisin d'Amérique, l'extrait de Jatropha curcas serait un excellent molluscide de l'escargot hôte de Schistosoma mansoni et Schistosoma haematobium, vecteurs de la bilharziose.
L'huile de jatropha permet également de fabriquer du vernis après oxydation avec des oxydes de fer et un colorant.
De l'huile sont extraits des esters de phorbol, produits actifs dans la lutte contre certains insectes et mollusques nuisibles pour l'agriculture.
Le tourteau, un sous-produit du processus d’extraction de l’huile, peut être récupéré et servir d'engrais organiques grâce à sa teneur élevée en azote. Correctement traité, le tourteau constitue une source de protéine à haute valeur pour l'alimentation de bétail.
A Madagascar, dans les années 40, on exportait les graines de Jatropha vers Marseille pour fabriquer le fameux savon de Marseille. Aujourd'hui, on y utilise l'arbre comme tuteur pour la culture de la vanille et de la grenadille.
En Haïti, le jatropha (connu là-bas sous le nom de Gwo Medsiyen) est utilisé depuis des générations dans les rituels vaudous (pour purger les esprits malins et libérer les âmes des morts) et en médecine traditionnelle. Aujourd'hui, source de développement rural et des agrocarburants aux nombreuses qualités, il pourrait également contribuer au reboisement de l'île.