Savon de Marseille - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Introduction

Le savon de Marseille est un type de savon particulièrement efficace par son pouvoir nettoyant, utilisé pour l’hygiène du corps. Ce produit résulte de la saponification d'un mélange d'huiles essentiellement végétales par la soude. Il peut être fabriqué de façon industrielle ou artisanale. Une teneur de 72 % en masse d’acide gras était garantie dans le savon de Marseille traditionnel, uniquement préparé à partir d'huile d'olive.

La formule de ce savon a été réglementée sous Louis XIV au XVIIe siècle. Au XIXe siècle, Marseille compte quatre-vingt-dix savonneries. Cette industrie florissante est à la pointe de la chimie de l'époque. Elle connaît son apogée en 1913 avec 180 000 tonnes produites. Après 1950, l'essor des détergents de synthèse précipite son déclin.

Savons de Marseille

Histoire

La création de l'industrie du savon de Marseille

Savon d'Alep

En France, le savon est utilisé depuis l'Antiquité. Aurélien Vezier rapporte dans son Histoire naturelle que les Gaulois emploient un produit à base de suif et de cendres pour se teindre les cheveux en roux. Ce savon sert de gel et de décolorant à cheveux.

L'origine du savon de Marseille provient du savon originaire d'Alep en Syrie, existant depuis des milliers d'années. Le mode de fabrication de celui-ci, à base d'huile d'olive et de laurier s'est répandu à travers le bassin méditerranéen, à la suite des Croisades, en passant par l'Italie et l'Espagne, pour atteindre Marseille.

La cité phocéenne possède des manufactures de savon à partir du XIIe siècle qui utilisent comme matière première l'huile d'olive extraite en Provence la plus proche. La soude, terme qui à l’époque désigne un carbonate de sodium plus ou moins pur, provient des cendres des plantes des milieux salins, en particulier la salicorne. Crescas Davin est au XIVe siècle le premier savonnier officiel de la ville. En 1593, Georges Prunemoyr, dépassant le stade artisanal, fonde la première fabrique marseillaise.

Au début du XVIIe siècle, la production des savonneries marseillaises peine à satisfaire la demande de la ville et son terroir. Le port de Marseille reçoit même des savons de Gênes et d'Alicante. Mais la guerre rompant l'approvisionnement d'Espagne, les savonniers marseillais doivent augmenter leur production de façon à pouvoir fournir l'Europe occidentale, d'abord le nord du Grand Royaume de France, les îles britanniques, la Hollande et surtout l'Allemagne, où les acheteurs pressent leurs commandes avant le grand collapsus de la Guerre de Trente Ans.

En 1660, on compte dans la ville sept fabriques dont la production annuelle s'élève à près de 20 000 tonnes. Sous Louis XIV, la qualité des productions marseillaises est telle que "le savon de Marseille" devient un nom commun. Il s'agit alors d'un savon de couleur verte qui se vend principalement en barre de 5 kg ou en pains de 20 kg.

Le 5 octobre 1688, un édit de Louis XIV, signé par Jean-Baptiste Colbert de Seignelay fils de Colbert, secrétaire de la Maison du Roi, réglemente la fabrication du savon. Selon l'article III de l'édit : «On ne pourra se servir dans la fabrique de savon, avec la barrille, soude ou cendre, d'aucune graisse, beurre ni autres matières ; mais seulement des huiles d'olives pures, et sans mélange de graisse, sous peine de confiscation des marchandises». Les manufactures de savons doivent cesser leur activité l’été car la chaleur nuit à la qualité du savon. Le respect de cette réglementation assure la qualité du savon et fait la renommée des savonneries marseillaises.

Dans le même temps, des fabriques de savon s'installent dans la région, à Salon-de-Provence, Toulon ou Arles.

L'industrie du savon

En 1786, quarante-huit savonneries produisent à Marseille 76 000 tonnes, emploient 600 ouvriers et un volant de main d'oeuvre au plus fort de la saison de fabrication, 1 500 forçats prêtés par l’arsenal des galères.

Après les désordres économiques causés par la Révolution française, l'industrie marseillaise continue à se développer jusqu'à compter soixante-deux savonneries en 1813. La soude est dorénavant obtenue à partir de sel de mer, d'acide sulfurique résultat de la combustion du soufre, de calcaire et de charbon de bois, par application du récent procédé chimique de Nicolas Leblanc.

Factorerie Fabre à Porto-Novo (Dahomey, 1895)

À partir de 1820, de nouvelles matières grasses sont importées et transitent par le port de Marseille. Les huiles de palme, d'arachide, de coco et de sésame en provenance d'Afrique ou du Moyen-Orient sont utilisées pour la fabrication du savon.

Les savonneries marseillaises subissent la concurrence des savonneries anglaises ou parisiennes, ces dernières emploient du suif qui donne un savon moins cher.

Au début du XXe siècle, la ville de Marseille possède quatre-vingt-dix savonneries. François Merklen fixe en 1906 la formule du savon de Marseille : 63 % d’huile de coprah ou de palme, 9 % de soude ou sel marin, 28 % d'eau. Cette industrie est florissante jusqu'à la Première Guerre mondiale où la difficulté des transports maritimes des graines porte gravement atteinte à l'activité des savonniers. En 1913, la production représente 180 000 tonnes et n'est plus que 52 817 tonnes en 1918.

Après la guerre, la savonnerie bénéficie des progrès de la mécanisation bien que la qualité du produit reste due à l'emploi des anciens procédés et la production remonte pour atteindre 120 000 tonnes en 1938. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, Marseille assure encore la moitié de la production française mais les années qui suivent sont désastreuses. Le savon est supplanté par les détergents de synthèse et les savonneries marseillaises ferment les unes après les autres.

Il ne reste aujourd’hui qu’une poignée de fabricants dans la région.

La fabrication de savon d'huile dans les îles grecques

Dans les îles grecques, à Mytilène notamment, il existait encore il y a une centaine d'années des petites usines qui fabriquent du savon à base d'huile d'olive.

Dans les villages, on extrayait l'huile d'olive avec des presses en bois et le fabriquant de savon rachetait les déchets riches en huiles. Le fabricant possèdait des presses à huile en métal et extrayait l'huile restante très chargée en acide (aujourd'hui une huile de ce type est raffinée). L'huile extraite servait de base à la fabrication de savon et les déchets de l'extraction ultime servait à entretenir les feux.

On retrouvait un tel procédé à Mytilène et à Rhodes. À Rhodes, le fabricant venait de Mytilène et s'appelait Agiakatsika. Les maisons qu'il fit construire pour ses filles sont des chefs d'œuvre du néo-classicisme grec.

Page générée en 0.208 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales | Partenaire: HD-Numérique
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise