L'Âme de la France - Définition

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Installation du bronze à La Réunion et déboulonnage

L'église du centre de Salazie devant laquelle L'Âme de la France en bronze se retrouva au début des années 1930, de nos jours.

L'installation de la statue en bronze devant la mairie de Salazie la situe par contrecoup juste en face de l'église toute proche, dont un jeune prêtre conservateur a la charge. Il s'agit du père Gabriel Bourasseau, né en 1902, passé par la Jeunesse ouvrière chrétienne, par le noviciat d'Orly ainsi que par Madagascar, d'où il gagne La Réunion au bout de deux ans. Il a déjà exercé en tant que curé à Champ-Borne et à la Plaine des Cafres avant d'arriver à Salazie, où il reconstruira en pierre, en l'agrandissant, l'église paroissiale jusqu'alors en bois.

Estimant « choquant » le monument aux morts, le prêtre suscite une mobilisation des fidèles en faveur de sa destruction, et déclenche « une bataille politico-religieuse » que certains attribuent toutefois à une manœuvre assumée de Lucien Gasparin, descendant d'esclaves affranchis profondément anticlérical. Pour tenter d'apaiser la situation, les habitants proposent de recouvrir les seins nus de la statue de vêtements, mais le maire, Didier Fontaine, refuse cette solution.

Cependant, quelques années plus tard, la Troisième République tombe face à l'Allemagne nazie, et le père Bourasseau profite du changement de régime politique pour obtenir de Vichy le droit de déboulonner la statue. Dans un premier temps, il ne parvient pas à la faire tomber malgré l'aide de fidèles équipés de cordes. Aussi recourent-ils finalement à la dynamite pour la faire choir, ce qui se produit en lui brisant les membres supérieurs. Les débris sont conservés par les Salaziens dans un hangar situé derrière un salon de coiffure.

Origines

La mairie devant laquelle fut placée L'Âme de la France en bronze après son arrivée à La Réunion, de nos jours.

L'Âme de la France est l'œuvre de Charles Sarrabezolles, souvent appelé Carlo Sarrabezolles. Il s'agit de la première réalisation monumentale de ce sculpteur français né à Toulouse le 27 décembre 1888 et passé par l'école des Beaux-Arts de cette ville de 1904 à 1907, puis par celle de Paris jusqu'en 1914. Par la suite, mobilisé, combattant puis fait prisonnier, il se trouve jusqu'en 1918 dans l'impossibilité de pratiquer son art : c'est pourtant bien le conflit qui lui inspirera ses statues.

En 1921, il réalise un premier modèle en plâtre, qui remporte la médaille d'argent au Salon des artistes français. Ce modèle est désormais entreposé à l'historial de la Grande Guerre de Péronne, dans la Somme. Cette même année, il exécute au moins un exemplaire de taille réduite en bronze patiné vert et or de 55 centimètres de haut, relevant à présent d'une collection privée. Puis, l'année suivante, il crée cette fois une copie monumentale en pierre qui lui permet de remporter le prix National, copie qu'il offre au musée du Luxembourg à Paris et qui est actuellement conservée au musée Sainte-Croix de Poitiers, dans la Vienne. Enfin, il exécute en 1930 la sculpture en bronze que l'on trouve aujourd'hui à Hell-Bourg, à La Réunion.

Celle-ci ne se retrouve dans la colonie de l'océan Indien que par suite de l'intervention d'une personnalité politique de tout premier plan, Lucien Gasparin, qui a littéralement « incarné La Réunion à l'Assemblée nationale de 1906 à 1942 » : c'est ce député né en 1868 qui signe la commande publique d'une valeur de trente mille francs le 11 juillet 1931. Peu après, dans le centre-ville de Salazie, commune des Hauts de l'île située dans le cirque naturel du même nom, la statue est placée devant la mairie.

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