L'Homme démoli - Définition

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Une intrigue policière

« L'homme démoli » est tout autant un roman policier qu'un ouvrage de science-fiction. Toute l'intrigue a pour axe principal les meurtres commis par Ben Reich et l'enquête menée par Lincoln Powell. Les chapitres 1 à 6 du roman décrivent l'environnement social du roman et la préparation du crime, les chapitres 7 à 12 décrivent la poursuite du meurtrier, les chapitres 13 à 17 concluent l'enquête.

Les méthodes de la police

Dans ce monde urbain qui ne connaît plus de meurtres depuis 79 ans, la mort violente de Cray D'Courtney est une surprise, surtout pour les officiers de police. Le prefet Lincoln Powell mène l'enquête et devra présenter des preuves tangibles pour étayer sa théorie devant le « Procureur Cybernétique Multiplex », dit « Multi », un juge-ordinateur qui mange des données sous forme de cartes perforées. En effet, si les télépathes sont les éléments les plus précieux des forces de police, un sondage télépathique n'a aucune valeur juridique devant un tribunal et ne peut donc pas être invoqué en tant que preuve à charge. Par ailleurs, un suspect peut légalement refuser d'être sondé par un policier. L'enquête doit apporter des réponses concrètes, étayées par des faits, aux trois questions du juge cybernétique : motif-méthode-occasion. L'ordinateur ne se nourrit que de fait et de preuves inattaquables. La police utilise des agents humains, des agents télépathes et des robots-limiers qui sont affectées aux filatures. Les reconstitutions criminelles se font à l'aide de maquettes 3D où évoluent de petits androïdes programmées pour rejouer la scène du crime sur les hypothèses de la police.

La démolition

La peine capitale n'existe plus dans ce XXIVe siècle, c'est à la « démolition » que sont soumis les criminels. Après avoir été amenés à l'Hôpital Kingston, les criminels reçoivent des injections osmotiques qui se diffusent dans leurs synapses corticales. Peu à peu, le réseau neuronal est oblitéré et désintégré. Mais au cours de cette dégénérescence de la personnalité, le patient reste conscient et assiste impuissant à sa régression cérébrale.La « démolition » n'est cependant pas une condamnation à mort, puisque les patients subissent quelques mois ou années plus tard un traitement appelé « Renaissance ».

Commentaire

La psychologie des personnages du roman d'Alfred Bester peut sembler assez caricaturale, surtout en ce qui concerne les deux protagonistes principaux, Ben Reich et Lincoln Powell. C'est avec un certain manichéisme que l'auteur attribue au premier les vices les plus meurtriers, tandis qu'il prête au second toutes les qualités de la droiture morale.

Dans ce monde dénué de criminalité, où le meurtre parfait relève de l'exploit, on ne condamne pas les criminels à la peine capitale, on essaie de les mettre au service de la société après reconditionnement cérébral. Alfred Bester fait des criminels des êtres d'exception dont la société à besoin, après reconditionnement. L'auteur fait dire à l'un des policiers de la démolition : « Si un homme a assez de talent et de cran pour s'attaquer à la société, il est, de toute évidence, au-dessus du commun des mortels. » Cette vision du futur a ainsi modifié le statut du grand criminel, le faisant passer de "danger pour la société" à "être d'exception à utiliser au bénéfice de la société".

L'intervention de Lincoln Powell contre Ben Reich semble avoir symboliquement une portée plus grande que le simple fait de vouloir arrêter un criminel en fuite. Dans le personnage de Ben Reich, richissime magnat industriel, en possession de moyens de communications prodigieux, pouvant acheter ou corrompre quasiment tout le monde, agitateur anti-télépathes, Lincoln Powell voit l'archétype du dangereux dictateur en puissance qui peut manipuler les foules et faire des télépathes une minorité décriée, voire haïe par la société. Par la fusion imminente de son empire financier avec celui du défunt D'Courtney qui lui donnera un pouvoir politique et financer exorbitant, il représente dans l'économie du roman une menace totalitaire pour l'équilibre social de l'univers décrit par Aldred Bester, une sorte de réplique romanesque d'un Adolf Hitler, encore tragiquement dans toutes les mémoires au moment de l'écriture du roman, dans les années 1950.

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