Personnages
Les personnages suivants sont classés par ordre alphabétique de leurs patronymes :
- Pr. Claude Guermantes, professeur de littérature française. David participera à l'une de ses réceptions ;
- Dr. Hittner, psychiatre ayant évalué David dans son enfance ;
- Kitty Holstein, première femme dont David fut amoureux. Pour David, rencontrer Kitty fut déroutant. En effet, il ne pouvait lire dans ses pensées. Dans une lettre, il lui révélera son don ;
- Lisa Holstein, David et elle auront une aventure. En David, Lisa a «détecté» quelque chose d'exceptionnel ;
- Yahya Lumumba, étudiant universitaire. David rédigea un de ses travaux. En sondant son esprit, David y trouvera la haine et le mépris. À la fin de l'histoire, Lumumba donne à David une raclée ;
- Miss Mueller, passionnée de parapsychologie, elle enseigna la biologie au jeune David. À l'aide des cartes de Zener, elle faillit découvrir son don ;
- Tom Nyquist, de toutes les personnes qu'a connu David, c'est le seul autre télépathe. Nyquist est un peu plus vieux que David. Il représente aussi son antithèse. Sûr de lui, sans remords, il profite de tous les avantages liés à son don. David et lui seront amis plusieurs années ;
- Judith Selig, sœur adoptive de David. Elle connaît son don. Jeunes, David et elle se détestaient. Lorsque David perdra son pouvoir, ils se rapprocheront ;
- Martha Selig, mère de David ;
- Paul Selig, père de David ;
- Barbara Stein, camarade de classe de David, membre d'une famille proche de la sienne ;
- Toni, outre Kitty Holstein, seule femme dont David fut amoureux. Toni et David ne se fréquentèrent que durant quelques semaines. Avec Toni, David expérimentera les effets de l'acide. Toutefois, étant donné son pouvoir, ceci fut à la fois involontaire et désagréable. En bout de ligne, Toni et David durent rompre ;
- Dr. Karl F. Silvestri, un des nombreux amants de Judith.
Critiques
- Hans Joachim Alpers, 1982 : « Dying inside, 1972, le roman le plus ambitieux de Robert Silverberg, fut très bien accueilli par la critique littéraire [...] et fit de l'auteur une véritable pointure littéraire dans le domaine de la SF américaine. »
- Franz Rottensteiner, 1982 : « L'aspect prétendument tragique de la situation décrite n'est rien d'autre qu'un grossier épanchement sentimental autour de la disparition magique d'un talent tout aussi magique. »
- Brian Stableford, 1993 : « Dying inside est une brillante étude sur un télépathe en train de perdre son pouvoir. »
- Lorris Murail, 1999 : « Le drame tranquille de David Selig, le télépathe dont le pouvoir disparaît peu à peu. Traitement original, intelligent et sensible d'un des thèmes les plus rebattus de la SF. Avec sans doute une bonne dose d'autobiographie.»
Commentaires
Un roman d'inspiration autobiographique
Sans être complètement autobiographique, le récit comporte de nombreux indices qui permettent de relier la vie du héros à celle de l'auteur. David Selig et Robert Silverberg ont tous les deux la quarantaine au moment de l'écriture du roman, ils ont étudié à la même université Columbia à New York, sont tous deux juifs et passionnés de littérature. Les tourments du héros font échos aux difficultés de l'écrivain Robert Silverberg qui, à cette époque encore, cherche sa place dans le paysage littéraire de son pays. Il écrit ce roman à une période où lui-même, comme son héros, est en proie aux doutes.
Les difficultés de la communication humaine
Dans L'Oreille interne, le héros fait preuve de sensibilité, de profondeur, d'humanité. Étant donné son pouvoir, la richesse et la célébrité sont à sa portée. Néanmoins, il préfère se rapprocher d'autrui. Par le passé, son don l'a trop souvent isolé.
L'Oreille interne aborde la question des mystères, des secrets de l'âme. Le récit montre en quoi ils sont précieux, non pas tant pour ce qu'ils renferment, mais pour ce qu'ils sont : une invitation aux contacts, aux rapprochements (avec les autres, mais aussi avec soi).
Dans ce contexte, la télépathie comporte des risques. Elle apporte la connaissance, mais crée une distance insurmontable. Tout au long du roman, ce paradoxe est présent.
Dialogues littéraires et interculturels
Des critiques comme Gérard Klein ont souligné le fait que Robert Silverberg aimait à faire dialoguer ses œuvres avec la littérature anglophone : « Robert Silverberg cherche aussi manifestement à établir des ponts avec la littérature américaine de l'époque ou plus généralement avec la littérature de langue anglaise. Ainsi, l'Oreille interne fait écho à Portnoy et son complexe (1969) d'un Philip Roth né en 1933 et donc à peine plus âgé que Silverberg né en 1935 [...]. Ainsi Silverberg tente à la fois de préserver la spécificité de la science-fiction et de la réinscrire dans le dialogue permanent des littératures. »
Ce dialogue interculturel est également à l'œuvre au cœur même du roman où toutes les littératures occidentales dialoguent dans un jeu permanent de renvois, de citations ou d'allusions parfois humoristiques. Par exemple, le personnage principal, David Selig, qui lit Malone meurt de Samuel Beckett, rencontre à l'occasion d'une soirée un certain Claude Guermantes, un professeur français qui fait office de clin d'œil malicieux à l'oeuvre de Marcel Proust intitulée À la recherche du temps perdu.
Un Juif à New York
La culture juive ashkénaze du personnage principal, David Selig, s'exprime à travers le souvenir historique de la Shoah, la présence de la religion et du rapport individuel à Dieu, sans oublier le racisme qui règne en Amérique à cette époque entre les communautés.
La langue même du personnage principal regorge d'expressions tirées du yiddish ou de l'hébreu, comme par exemple :
- Shiksa : séduisante créature non-juive ou piège à Juifs ;
- bulyak : sauvage ;
- megillah : rouleau d'Esther ;
- schmuck : idiot ;
- Hadassah : véritable nom d'Esther, ou nom hébraïque d'Henrietta Szold ;
- Chema Israël : « profession de foi » biquotidienne du judaïsme ;
- Kaddish : prière récitée par un endeuillé ;
- Kol Nidre : déclaration d'annulation des vœux avant Yom Kippour ;
- olav hasholom : « La paix soit sur lui ».
Tout comme le nom de l'auteur, « Silverberg », qui signifie « montagne d'argent », le personnage principal du roman porte un nom juif ashkénaze d'origine germanique, « Selig », qui signifie « bienheureux ».